Le bocage à la nage – Olivier Maulin

La vie à la campagne permet de vivre des aventures hors du commun. Il faut cohabiter et cela n’est pas toujours facile. Les choses se compliquent avec l’arrivée des flics sous couverture.

4e de couverture
« La belle Ninette, au corps sain et musclé, se mit à cultiver son potager en tenue d’Eve, si bien que la plupart des hommes du domaine se convertirent à l’anarchisme et retirèrent leur pantalon. »
Philippe Berthelot est un commercial raté. Il sillonne la Mayenne profonde pour vendre des monte-escaliers électriques à des retraités qui lui claquent généralement la porte au nez.
Lorsque Boulbanec, patron aussi vaniteux que tyrannique, le renvoie, Berthelot prend des vacances bien méritées auprès de son vieil ami « Cro-Magnon », un ancien militaire qui vit dans une caravane au fond des bois.
Les deux copains glandouillent, apprennent à imiter le cri de la chouette, vont picoler le samedi soir au café de Port-Brillet et donnent un coup de main au propriétaire d’un vieux manoir qui fait scandale dans le pays.
Et pour cause ! L’endroit est peuplé d’anarchistes, de nudistes et de vagabonds qui s’y sont installés avec la complicité de « monsieur le Comte »…
Ensemble, ils y mènent une vie assez paisible, en rupture avec le monde moderne, jusqu’à ce que deux super-flics des services secrets les soupçonnent de dissimuler un document « sensible » au sein du manoir…
Il y avait pourtant un panneau planté à l’entrée de la propriété : « Prière de ne pas nous emmerder ». Il fallait le prendre au sérieux. Dans le bocage, tout le monde est un peu chouan sur les bords…

Mon avis
Il est bon de lire parfois des romans qui mêlent absurde et humour avec une pointe de logique. Olivier Maulin retranscrit l’espièglerie que l’on retrouve dans « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ». On a des communautés vivant ensemble sur les terres d’un vieux riche aux principes nobles d’une autre époque. Il y a les tous nus, les mangeurs de légumes et les mangeurs de cadavres. La cohabitation se fait aisément grâce à des règles tacites même si parfois il y a quelques échauffourées. Autour, d’autres habitants marquent leur singularité. Berthelot vit chez sa moman dans un lieu dans tombe en ruine, célibataire avec un boulot bien merdique. Il doit vendre dans la Mayenne des montes escaliers et personne ne veut lui en acheter. Son chef le prend pour un souffre douleur. A un moment, il est viré. Une occasion de se rapprocher de Cro-Magnon, à l’hygiène douteuse, demeurant dans une caravane qui partage la crasse avec les déchets au sol et les affiches de femmes nues. Pour avoir un peu d’argent, ils volent des magouilleurs professionnels. Cro-Magnon est le roi de l’illégalité et des embrouilles.

L’amitié est très importante et valorisée sous de nombreux aspects. C’est un fil conducteur fort et marqué. Aucun doute que plus d’un lecteur pourra se reconnaître. Bien qu’ici tout soit pousser à son paroxysme. Grâce à ça, on à scène de fin d’une grande explosivité. Des agents secrets gradés se retrouvent face à des anarchistes qui ne manquent pas d’imagination. Tout ça pour un dossier top secret où les feuilles servent de papier à dessin pour une gamine. Vous avez dit loufoque? On adore.

Un petit point dérangeant est la récurrence de la sexualisation des femmes. Surtout la description du corps d’une fille à peine majeur sur la forme de ses seins, son ventre, ses fesses… Oui, elle est jolie et désirable. Faut-il insister si lourdement? A t’on besoin de ça pour souligner la perversion de nombreux hommes? Est-ce que cela apporte quelque chose autre que beaucoup doivent se masturber? Un focus spécial voyeuriste gratuit et à travers un regard masculin. En effet, la consommation de porno occupe 60% de la bande passante. Heureusement qu’il n’y a pas d’images. D’autant plus que les autres personnages féminins restent rares. Donc elles sont soit vieille, moche, pas aimable et sale, soit jeune et désirable, soit 40 baisable car une grosse poitrine ou totalement innocente car trop petite. Pour les mecs, on a du choix, même si pas grand monde ne soit très valorisé en dehors de leur aptitude à boire.

Est-ce que c’est ça la vie? Non car ici tout est très caricaturale et c’est assumé. On n’est pas dans le réalisme et ce n’est pas ce que l’on cherchait. La lecture se fait assez bien sans jamais avoir de moment de vide ou d’inutile. L’auteur fait progressivement monter la sauce pour faire rire et sourire le lecteur. C’est un pari gagnant. Donc une bonne lecture feel-good décalé.

Une lecture sympathique et distrayante qui montre la force de l’imagination et le pouvoir de faire plaisir.

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