
Lapinot fuit de terribles mercenaires. Comme il a un peu d’avance, il s’arrête pour une nuit à Blacktown. Une idée pas si bonne au final.
4e de couverture
L’Ouest, le vrai, revisité par Trondheim, ses loufoqueries feutrées, ses mélancolies désarmantes, ses réflexions sur le temps qui passe et la vie qui s’effiloche. Un graphisme attachant et efficace, servi par une mise en couleur hypersensible.

Mon avis
Pour la série « Les formidables aventures de Lapinot » il n’est pas nécessaire de commencer par le premier tome. Et ceux qui n’aiment pas aller dans le désordre, il n’y a pas de contre-indication. Pour Lewis Trondheim, c’est l’occasion de s’amuser avec le neuvième art. D’ailleurs, on commence par un western d’où le titre de « Blacktown ». Il respecte les codes du genre avec une petite ville isolée aux Etats-Unis, un maire et un shérif pas très honnête, la fièvre de l’or, l’alcool qui coule à flot et des bastons. N’oublions pas que le bédéaste est poliçon et donc il y met sa pate de singulier qui s’affirme. Une minette tente d’apprendre à ces messieurs que la violence c’est mal et qu’il faut croire en la justice. Grâce à ces beautés, les hommes tentent d’aller dans son sens sans omettre leur véritable nature. Une ode au non-sens, à la non-violence et à l’insensé. «- J’ai pas fait ce que vous croyez que j’ai fait. – Ça dépend si tu penses bien à ce que tu crois que je crois. – Eh bien… Je crois que vous pensez à ce que je crois que vous croyez. – Tu veux dire que je crois que tu crois à ce que tu penses que je crois ? – Absolument pas. C’est plutôt l’inverse même… » (p. 32)
Lapinot contribue au chaos qui touche la ville avec l’idée d’un filon d’or au-dessus de la ville. L’argent à tout prix ne mène pas forcément au bonheur ou à l’épanouissement. L’histoire commence doucement pour finir en apothéose avec une succession de cadavres. On s’amuse beaucoup de ce désordre si bien organisé. Les pages se tournent avec une vraie satisfaction. Le côté anthropomorphe permet de ne pas se tromper avec Blueberry ou Lucky Luke. En plus, qui a dit que le western ne pouvait pas être divertissant avec quelques éclats de rire. Le héros solitaire avec le complexe du sauveur mérite bien quelques entorses. Comment ne pas avoir envie de poursuivre ces aventures loufoques et drolatiques? On ne peut pas. Lewis Trondheim à cet effet sur les lecteurs en bousculant les certitudes pour mieux les détourner.
Une lecture très charmante et amusante qui nous donne envie de poursuivre encore et encore.

Répondre à belette2911 Annuler la réponse.