
La vie est loin d’être paisible à Alger. Quelques remous remettent en cause toute l’organisation de la petite famille. Il va falloir accepter les nouveaux challenges qui se proposent.
4e de couverture
Alger, une communauté juive du début du XXe siècle. Au centre de l’action, le chat du rabbin. Tordant, le chat : un squelette à oreilles, une dégaine de poubelle, un goût prononcé pour la discussion ? c’est un chat parlant. En l’occurrence, il raconte à Zlabya, sa maîtresse adorée (et fille du rabbin), la vérité sur le Malka des Lions ? un cousin qui doit arriver prochainement, tout auréolé et légende. On le dit capable de dompter un lion, même les yeux fermés. La vérité, c’est qu’il a pour ami un vieux lion poussif avec lequel il a monté un numéro : le lion effraie le monde, le Malka arrive et arrange tout. Ce qui lui attire gloire et récompenses variées. En attendant, le rabbin a un problème : le consistoire israélite de France exige de lui qu’il fasse une dictée. En effet, s’il veut être agréé rabbin officiel au lieu de « juste rabbin comme ça », il doit écrire en français ? pour faire la prière en hébreu à des Juifs qui parlent arabe, note le chat dans sa grande sagesse. Le chat est désolé : « Mon maître, qui aime tant les livres, est en train de louper sa dictée. » Ce qui le pousse, en désespoir de cause, à invoquer le nom de Dieu alors que c’est interdit. Résultat : il perd la parole, retrouve son statut de chat qui fait miaou, et le voilà incapable de donner son avis quand sa maîtresse adorée projette d’épouser un type qui ne lui plaît pas. Heureusement, pour notre plus grand plaisir, il continue de penser : « Il va te prendre ta fille et tu seras vieux et elle sera enceinte et elle sera vieille et elle aura des enfants qui seront vieux et tout le monde mourra. » C’est très triste, mais on note une bonne nouvelle : contre toute attente, le rabbin a réussi sa dictée ? « le consistoire français il est très fier de vous » ! Sfar nous donne encore une fois un chef-d’oeuvre d’intelligence, d’humour et de tendresse ? trois vertus qui s’expriment autant dans les dialogues, captivants et savoureux, que dans le dessin, merveilleux de finesse et de drôlerie. La préface de cet album est signée Fellag.

Mon avis
On avait hâte de retrouver notre chat bien bavard. Quand son maître reçoit deux lettres, le voilà titillé. L’une vient d’un ancien ami, Malka des Lions et l’autre d’une organisation juive française. Un vient revoir un vieux copain de vadrouille avec qui ils ont vécu de bien nombreuses aventures. Tout les gens du quartier connaissent sa légende. Et d’ailleurs, certains savent qu’ils utilisent son lion pour aller regarder des femmes étrangères nues et voir profiter d’elle. Mais les oreilles chastes ne veulent pas l’entendre. Un croyant ne pourrait faire cela. On se doute bien qu’un gros vicieux et pervers, personne ne voudrait le croire. Ce cacher la vérité est plus agréable et cohérente.
De l’autre côté, notre papa ultra protecteur doit passer une épreuve de dictée pour être officiellement le rabbin du coin. C’est très compliqué pour lui et à peur d’échouer. Après l’examen, il voit un beau jeune homme arrivé chez lui. De crainte, il fuit. En cours de route, il rencontre un ami arabe et font la bamboche ensemble. C’est d’autant plus festif que le courrier reçu de Paris lui annonce sa réussite. Au retour chez lui, le garçon remplace un de ces collègue c’est tout. Malheureusement, il a conquis le coeur de sa fille et veut l’épouser. Comment laisser partir sa fille? Il veut garder son bien à lui. C’est un objet de troc de valeur après tout. Il doit consentir surtout que sa fille est tombée amoureuse.
La partie spirituelle est moins présente même si on quelques références de pratiques religieuses. On apprend à plus connaître le père très protecteur. Le chat est toujours omniprésent. Seulement voilà qu’il a perdu l’aptitude d’être compris de ces humains. Dorénavant, ils entendent juste des miaulements. Zut de zut. Johann Sfar donne des aptitudes à un âne, même si ce n’est pas très beau quand il chante. On apprécie ces petites pépites drolatiques par-ci et par-là. C’est plaisant de tourner les pages pour un voyage dans un ailleurs. On continuera la série juste pour se satisfaire d’un bon moment de lecture et c’est déjà beaucoup.
Une lecture légère et efficace avec du rire et des petits rebondissements choupinous.

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