Les économistes sauveront la planète (avec un peu d’aide) – William Honvo et Julie Bouvot

Qui n’a jamais entendu : l’économie sauvera le monde? C’est en partie vrai et faux à la fois. Pour essayer un peu de comprendre si c’est possible, allons à la rencontre de ceux qui font les règles.

4e de couverture
Un voyage initiatique pour comprendre le rôle de l’économie dans les problématiques environnementales.
Les premiers économistes plaçaient la Nature au centre de toutes leurs réflexions, mais ils l’ont oubliée. Rattrapés aujourd’hui par l’urgence climatique, les économistes parviendront-ils à sauver la planète ?
Un roman graphique drôle et engagé, qui explore les questions d’actualité brûlantes, mettant en scène l’aventure de Martin et Élise pour sauver un potager.
Du principe du pollueur-payeur à la décroissance, en passant par la taxe carbone et les politiques de préservation de la biodiversité, parcourez les grandes notions d’économie de l’environnement et – pourquoi pas – contribuez à changer les règles du jeu !

Mon avis
Les bd sur l’économie et le lien entre économie et écologie commencent à se faire une petite place. Comment ne pas penser à « Capital et Idéologie », « Le mirage de la croissance verte », « Urgence climatique » voir même « Le monde sans fin ». William Honvo et Adrien Chaussinand sont partis d’un personnage, Elise qui fait pousser des légumes dans son jardin. En ramassant une courgette, elle s’aperçoit qu’elle est un peu bizarre. Elle décide l’emmener chez le biologique pour avoir son avis. Sans contexte, son sol est pollué donc il ne faut pas manger ce qui pousse chez elle. Horreur et désespoir, elle en parle à son Martin, qui prend des cours d’économie. Il y a bien un lien entre les deux donc ensemble, ils vont rencontrer les diverses organismes qui gèrent les plans économiques d’une nation, de l’Europe et du monde et ceux qui s’occupent de la législation. Cela permet aux lecteurs d’aller au ministère de l’écologie, en passant l’union européenne jusqu’à l’ONU.

Sans oublier, les grandes théories économiques qui s’appliquent aux règles globales. « – Les entreprises ayant un intérêt financier important sont susceptibles d’être amenés à influencer l’organisme de réglementation. – Cette situation est d’autant plus terrible que la théorie de capture fonctionne surtout dans 4 cas. – Quand les régulations forment des corps d’experts qui comptent d’anciens ou d’actuels membres de l’industrie. Quand la population n’est pas formée pour comprendre la complexité des enjeux sous-jacents. Quand la population se désintéresse du sujet. – Quand les consommateurs sont dispersés. » (p. 85). Un autre élément important à prendre en compte est la vision à court terme. « La « tragédie des horizons » renvoie au paradoxe du système affecté à long terme par le changement climatique, alors que l’état et les entreprises ont des considérations de court terme déterminées par la situation économique de court terme ou les mandats politiques et technocratiques, bref, une tragédie. » (p. 100).

Mais tout finira bien car il y a une solution. Elinor Ostrom, prix nobel d’économie 2009, propose une alternative. « les comportements humains ne conduisent pas toujours à la destruction des ressources naturelles. » (p. 182). L’idée va même plus loin. « C’est la fin de l’ère de la nature gratuite. Nous arrivons à un stade où la protection de la planète impliquera dès sacrifices. Elle aura un coût et tout le monde sans exception devra le supporter. » (p. 181). La décroissance et le travail en collectif peuvent vraiment changer les choses. Pour la peine, grâce à ça, la réglementation de sa ville à changer et les légumes de son jardin sont à nouveau comestible.

Tout est assez bien construit et les enchaînement très logiques. Par contre, rien de tout cela n’est vraisemblable. Qui pourrait que deux personnes suite à un souci de courgette peuvent rencontrer des personnes de toutes les instances influentes? Personne. Et encore moins que tous les intervenants sont dans le cliché et l’attitude extrême. Faut-il cela pour mieux faire passer un message? C’est assez discutable. Et puis cet happy end avec un prix nobel, argument d’autorité. Néanmoins, les instances ne sont pas issue d’un choix républicain et d’un collectif? C’est que l’intérêt à un haut niveau avec l’influence du lobby est différent de celui en bout de chaîne. Tout est question de point de vue. Et que dire de la bibliographie? On croirait que c’est pour un mémoire ou une thèse. Il manque les liens Zotero dans l’ouvrage. C’est dommage de ne pas faire quelque chose de lisible dans la mise en page et d’accessible à tous. Toutes les affirmations de la bd ne sont pas dans le rapport du Giec. Pourquoi ne pas mettre des sources grands publics qui peuvent être aussi bien des livres, des podcasts, des webinaires, des bd… Des choses pour tous.

Côté graphisme, cela respecte une forme assez classique avec des cases, des cadres précis, des bulles… L’originalité repose sur un choix monoteinte avec le bleu. Le dessin est tout en rondeur, chaleureux et sympathique. Le duo fonctionne assez bien pour vulgarisé et simplifié le récit. Peut-être un peu trop. Toutefois, on ne ressort pas sans rien. Nous voilà avec des théories, des noms et une envie d’aller plus loin.

Une bd originale qui souhaite rendre l’économie plus accessible et de faire le lien avec l’écologie. Dommage qu’il fasse jouer dans la simplification et le cliché pour ça.

Les économistes sauveront la planète par William Honvo

Les économistes sauveront la planète

William Honvo

tous les livres sur Babelio.com

Laisser un commentaire