Les femmes valent-elles moins cher que les hommes? – Annie Batle

Le titre est-il une provocation gratuite? On aurait tendance à répondre ponctuellement non et pourtant. Quand on voit les chiffres sur les salaires, les postes, les primes… il dévoile une discrimination bien réelle.

4ème de couverture
Qui oserait dire en France que les femmes valent moins cher que les hommes ? Qu’elles sont moins compétentes ? Et pourtant. Si on compare les salaires des femmes et des hommes, en moyenne, à poste égal, par niveau de responsabilité, par secteur, par métier, par âge, par diplôme, force est de constater que la valeur des femmes est moindre que celle de leurs homologues masculins sur le marché de l’emploi.
Les femmes qui accèdent à des emplois de bon niveau sont moins payées qu’eux. Les temps partiels et le sous-emploi, qui concernent surtout des femmes, font sombrer les moins qualifiées dans la pauvreté. L’objet de cet ouvrage est de démonter les ressorts rouillés mais résistants de ces paradoxes et de mettre en évidence les bénéfices individuels et collectifs de l’égalité salariale.

Mon avis
L’ouvrage débute avec une citation de Sacha Guitry qui pose aussitôt le cadre. « Je conviendrais bien volontiers que les femmes nous sont supérieures, si cela pouvait les dissuader d’être nos égales ». Une phrase qui résume assez bien la discrimination qui existe toujours de nos jours malgré les très très nombreuses lois non appliquées. Les femmes sont rentrées sur le marché assez tardivement même si on les estime à 35% de la population active au 19ème siècle. Puis 40% dans les années 60 pour passer en 2014, à 48% de la population active dont 84% de femmes entre 25 et 50 ans. Le niveau scolaire est également meilleur chez les filles qu’importe le milieu social. En 2014, elles représentent 53% des bacheliers, 59% des étudiants et 54% titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur contre 39% pour les hommes. Et pourtant derrière, elle se confronte au plafond de verre. « Tous secteurs, toutes qualifications et tous temps de travail confondus, selon l’étude 2009 du Service statistique du ministère du Travail (la Dares), publiée en mars 2012, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 27% à celui des hommes (écart de rémunération brute annuelle), 24% sur l’on considère seulement les salariés dont le temps de travail est décompté en heure et selon l’Insee (voir Regards sur la parité, 2012), la différence est de 29% entre les femmes et les hommes dans le secteur concurrentiel. » L’Etat qui devrait être exemplaire dans ces pratiques montre avec aisance et sans complexe la discrimination. L’expression « faite ce que je dis mais je ne faite pas ce que je fais prend tout son sens ». « Les femmes sont en effets majoritaires dans les emplois les moins qualifiés et les moins rémunérés. La différence est de 15% dans la fonction publique d’Etat, 10% dans la fonction publique territoriale et 22% dans la fonction publique hospitalière. » Heureusement que les représentants du gouvernement signent le traité de Rome, le traité d’Amsterdam, le traité de Lisbonne… sinon on risquerait de croire qu’ils ne sont pas informés des obligations légales. Comme le souligne très bien Françoise Héritier, anthropologue : « L’inégalité entre les sexes n’est pas un fait de nature ». Alors agir pour lutter contre les stéréotypes de genre, c’est possible. Rien n’oblige à laisser passer les réflexions, ni les attitudes et ni les gestes déplacées. La normalité n’est pas l’irrespect. S’il faut repartir de 0 pour les faire évoluer, il faut faire ou mieux choisir les collaborateurs. Pour abonder dans ce sens, on n’est pas obligé de prendre des femmes pour des métiers dit « féminin » au prétexte fallacieux que les femmes sont plus douces, gentilles, à l’écoute.. Bref des compétences de maman comme dans une publicité. Combien de personne ne serait pas d’accord avec Schopenhauer, philosophe, lorsqu’il dit : « Les femmes sont comme des miroirs, elles réfléchissent mais elles ne pensent pas ». Rien n’est gravé dans le marbre et on est tous les acteurs d’une société plus tolérante demain. En effet, les résultats des élections présidentielles ont tendance à dire le contraire. Mais sans une pointe d’espoir, on ne peut que sombrer dans l’injustice, la haine et la discrimination. Annie Batle enfonce les portes fermées à grand renfort de chiffres, d’études, d’analyses sociologiques et anthropologiques et de citations lourdes de sens. Comment après cela ne pas vouloir modifier la situation actuelle?

Un livre très intéressant qui se dévore d’une traite.

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