L’open space m’a tuer – Alexandre des Isnards et Thomas Zuber

L’avenir c’est l’open space? Même en période de pandémie, cette façon de penser ne connaît pas la crise. Que ce cache t’il dans ce lieux où règne la souffrance humaine.

4ème de couverture
Ils ont fait de bonnes études, occupent des postes à responsabilités dans des entreprises prestigieuses, auront demain les clés de l’économie française… et pourtant, les jeunes cadres sont au bord de l’explosion. Dans les années 1980, ils étaient prêts à tout pour réussir. Aujourd’hui, ils prennent leurs RTT, refusent des promotions et pensent que la vraie vie est ailleurs. Passé l’enthousiasme des premières semaines, les jeunes recrues se heurtent aux dures réalités des nouvelles méthodes de management. Tendinite du BlackBerry, malaises vagaux dus au stress, départs pour des ONG de surdiplômés : dans des saynètes truculentes, on découvre les souffrances et les désillusions de la génération open space. Jusqu’à présent, elle continuait à faire bonne figure. Avec ce livre, elle décide d’ôter le masque.

Mon avis
Ce qui peut surprendre dans ce livre, est la modernité des contenus. L’ouvrage a été publié en 2009 et en 2021, même en pleine période de pandémie les faits restent inchangés. Une chose a été changé car maintenant la SSII se nomme EPN. La notion de télétravail est plus prégnante. Ce qui demande à la structure de créer de nouvelles façons de travailler et de surveiller les collaborateurs. La confiance n’empêche pas le contrôle. La surveillance des écrans, la pression sans cesse, l’absence de reconnaissance, le turn-over optimal, les stagiaires jamais embauchés… cela reste intacte. Pourquoi modifier un système désorganisé pour quelque chose de plus respectueux et productif? Tant que l’on a sur le marché des compétences interchangeables et que les gens peuvent facilement démissionner, pourquoi vouloir réfléchir à une organisation? Même constat sur l’utilisation des anglicismes toujours très présents comme les timesheet, le wording, teambulding, reporting, one to one, knowledge management, downsizing, road map… Ce n’est pas que les mots n’ont pas d’équivalence dans la langue française. Mais le fonctionnement du travail se copie de plus en plus sur celui américain et anglais. Même si on peut y opposer des textes de lois qui limitent et encadrent aussi bien les entreprises que les employé.e.s. Le lobby aura la peau des salariés au nom de plus de liberté et de la concurrence. On avance déjà avec un pied dedans donnant plus d’importance que cela en a vraiment. Ce qui est assez horrible dans ces témoignages d’employés dans la prestation de service informatique repose sur la réalité des situations. On pourrait croire à de la fiction. Le bas blesse et rien n’est amené à métamorphoser. Et si cela venait à être le cas, rien ne dirait que cela serait pour le bien-être des employés. Pourtant l’employeur à l’obligation de santé et de sécurité envers celui qu’il emploi. Une utopie sociale, en tout cas dans ce milieu, qui n’a pas raison d’être. Alexandre des Isnards et Thomas Zuber n’hésite pas à étayer leur récit avec les mots toujours à la mode comme les 7 valeurs d’une entreprise pas si fictive : honnêteté, audace, confiance, plaisir, liberté, solidarité et simplicité. En cherchant un peu sur internet, on peut trouver ces termes dans des groupes comme Altis Consultants, Oseaudeau, CapCefini, Tefol… Vous l’aurez compris ces noms sont très librement inspirés de la réalité. Toute ressemblance avec la réalité n’est pas du tout fortuite. Pour conclure, rien de tel qu’une citation de Pierre Desproges, cité dans le livre : « Je cache ma pudeur… en montrant ma bite! ». Une petite phrase bien lourde de sens.

Un livre qui fait froid dans le temps par temps de réalisme qui ne change pas en plus de 10 ans.


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