Alexandre Franc possède cet œil qui permet de donner vie à une idée, un concept. Un crayon dans la main et l’imaginaire dans l’autre, il crée des univers dont il possède le secret pour mieux surprendre le lecteur. Que diriez-vous d’en savoir plus sur lui et sa dernière production à lire absolument : « Extinctions, le crépuscule des espèces »?
Quelles sont les œuvres du 9ème art qui ont bercé votre jeunesse?
D’abord Tintin ! Il y avait tous les albums chez moi, j’ai donc commencé par là, et je ne m’en suis jamais remis ! Je pense même que c’est Tintin qui a décidé de mon existence de dessinateur de BD (on doit être nombreux dans ce cas-là…) Ensuite, il y avait Lucky Luke. Il était vraiment cool, avec son six-coups et sa clope au bec. Et plus facile à recopier que Tintin !
Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler dans la bande dessinée?
Encore Tintin ! Et la lecture des Entretiens avec Hergé par Numa Sadoul…
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir dessinateur?
Toujours Tintin ! J’avais aussi Le Monde d’Hergé, par Benoît Peeters. La bible de mes 15 ans…
Comment vous êtes venu l’idée de réaliser la bd « Extinctions, le crépuscule des espèces »?
C’est Dargaud qui m’a proposé d’illustrer une BD documentaire sur un thème lié à l’écologie. Comme je n’avais pas envie de faire un livre trop déprimant sur la déforestation ou la pollution des océans par le plastique, j’ai proposé les grandes extinctions. Je me disais qu’on dessinerait des dinosaures et des scènes un peu spectaculaires ! Jean-Baptiste de Panafieu, qui peut traiter de tous les sujets, était d’accord.
Comment êtes-vous venu à collaborer avec Jean-Baptiste de Panafieu?
Nous nous étions déjà rencontrés, et nous avions envie de faire un livre ensemble. Mais c’est Dargaud, en nous proposant ce projet sans savoir que nous nous connaissions, qui nous a mariés pour de bon !
Comment de temps votre travail vous a pris?
Un livre comme ça, c’est environ 8 mois de travail. J’ai commencé début 2020, pendant la première vague de Covid, et terminé pendant la 3e !
Est-ce que réaliser cette bd à éveiller un peu plus votre conscience écologique? Et si oui, comment?
j’étais déjà bien conscientisé, mais réaliser cette BD m’a permis d’affiner mes connaissances. Et surtout de prendre un peu de distance avec le sujet. En temps normal, je suis tellement obsédé par ces questions d’environnement que j’ai des envie de meurtre chaque fois que je sors dans la rue (les voitures, les motos, les avions, les poubelles pleines de déchets, les avions dans le ciel, la surconsommation, etc.), et je sors tous les jours ! Dessiner une BD, c’est comme écrire, on exorcise…
Qu’est-ce qui vous a le plus inspiré pour transmettre votre message?
Le scénario et la documentation, tout bêtement ! Faire une page de BD, c’est comme une tambouille, on prend ce qu’il y a sur la table et on mélange !
Comment avez-vous choisi les teintes qui pouvaient correspondre le plus à votre démarche créative?
Pour la couleur, j’essaie surtout d’avoir des tons qui ne paraîtront pas trop ternes à l’impression. Ne pas mettre trop de noir dans la couleur, c’est la règle ! Même si le sujet est grave…
Quelles sont les artistes qui vous inspirent ?
Tous les grands ! Hergé, Morris, Uderzo, Cabu, Bretecher, Fred, Gébé, Tardi… Et aussi Chris Ware, Sfar, Sattouf, Satrapi, Trondheim, Blutch… Quand on les lit, on se sent pousser des ailes, ça a l’air facile ! Mais quand on s’y met pour de bon, c’est plus difficile…
Avez-vous des coups de coeur 9ème art ?
Tintin au Tibet, les Bijoux de la Castafiore… La biographie imaginaire de Pascin par Sfar… Philémon… Certaines pages du Grand Duduche, d’une légèreté et d’une élégance parfaites… Une scène de Gébé où un type tombe dans l’enclos aux crocodiles du Jardin des Plantes… De la poésie en bande dessinée, c’est rare !
Un très grand merci à Alexandre Franc d’avoir eu la gentillesse de me répondre.