L’adolescence n’est pas toujours un agréable moment à passer. Outre la quête d’identité et le combat des hormones, d’autres malheurs peuvent parsemer le chemin. Est-il possible de s’en sortir ?

Qui ou quoi se cache derrière ce titre énigmatique ? En plus, nous voyons un jeune homme avec une tête de loup sur la couverture. Que se cache-t-il derrière cette image ? Puis le mystère s’épaissit quand on ouvre le roman. On voit sur la page blanche juste le titre : « Premier cahier ». Cela sous-entend qu’il y en a plusieurs et pose des questions : qui les écrit et pourquoi. Par chance, très vite, nous avons la réponse. Un adolescent du nom de Fabien qui a son franc parlé. Il avoue de bon cœur que ce n’est pas le genre de garçon à rester tranquille dans son coin et qui cultive la patience. Quand il y a une connerie à dire ou à faire il est loin d’être le dernier. Mais quand il pense avoir tuer une vieille dame, ses scrupules lui mettent la boule au ventre. Fièvre et perte d’appétit auront raison de lui. Par chance, c’est son imaginaire qui a pris le pas sur la réalité des faits. Est-ce quelque chose d’anecdotique ?

Au fur et à mesure des cahiers, on se rend compte que ce n’est pas quelque chose de banal. Un traumatisme plus profond marque le garçon et cela se prouve avec la référence à sa psy qui le suit. D’ailleurs, c’est elle qui l’oblige à écrire pour donner sens à ce qu’il refuse d’accepter. Tout s’explique comme le rejet de sa mère, les disputes chez ces parents, le comportement de la grand-mère. L’auteure sème des petites graines que l’on suit avec curiosité. L’adolescent suscite l’intérêt car on sait qu’il cache quelque chose, une blessure profonde qu’il refuse d’accepter. Page après page de ces cahiers, il ne peut plus fuir, se cacher derrière des histoires sans intérêt. La vérité mise à nue doit s’écrire simplement pour panser la souffrance qui en découle.

Je suis sentie emporter dans cette quête d’identité. Un garçon qui veut se sentir comme les autres ce qui n’est manifestement pas le cas. Il a une chambre pour lui tout seul contrairement à ces camarades internés. Il a un animal de compagnie imaginaire, un loup nommé Champion qui est l’image des terribles colères qu’il fait. C’est tellement important que le roman porte son nom. Les différences ne s’arrêtent pas là. On comprend un mal-être qui le pousse à faire ou dire des choses qu’il ne ferait peut-être pas ordinairement. Rien de tel que l’enfermement avec d’autres personnes différentes pour faire face. On ne pouvait rien espérer de mieux que des pages blanches en fin d’ouvrage comme une fin de quête qui aboutit au moment le plus opportun. Maria Pourchet trouve toujours le bon équilibre pour nous persuader de la jeunesse du narrateur. Elle convainc avec sa fraîcheur, son authenticité et son franc parlé. Le chemin n’est jamais simple face à une perte qui est si inimaginable qu’on s’invente autre chose.

Dans un style direct et dynamique, Maria Pourchet nous emmène dans les tréfonds de la pensée d’un adolescent. A travers la noirceur et le doute, un peu de lumière permet au garçon d’imaginer un lendemain plus réel.

8 réponses à « Champion – Maria Pourchet »

  1. Avatar de Challenge lecture 2020 – 20 chroniques livres | 22h05 rue des Dames

    […] qui infiltra le Ku Klux Klan – Ron Stallworth 2. Amours solitaires – Morgane Ortin 3. Champion – Maria […]

    1. Avatar de noctenbule

      il se dévore vite et il y a un mort en plus 🙂

      1. Avatar de belette2911

        Le mot magique « un mort » !! Sérieux, faut que je me fasse soigner, moi !

      2. Avatar de noctenbule

        tu le sais depuis longtemps. Mais tu aimes bien être un peu…. ou beaucoup… et puis on t’aime pour ça 🙂

      3. Avatar de belette2911

        Oh, je vais aller au lit avec un sourire béat affiché, moi ! :*

  2. Avatar de Bilan culturel – Janvier 2020 | 22h05 rue des Dames

    […] Ku Klux Klan – Ron Stallworth (Merci Belette) 2. Amours solitaires – Morgane Ortin 3. Champion – Maria Pourchet 4. Bagdad, la grande évasion! – Saad Z. Hossain 5. Victor Hugo vient de […]

  3. Avatar de Bilan culture – Janvier 2020 | 22h05 rue des Dames

    […] qui infiltra le Ku Klux Klan – Ron Stallworth 2. Amours solitaires – Morgane Ortin 3. Champion – Maria Pourchet 4. Bagdad, la grande évasion! – Saad Z. Hossain 5. Victor Hugo vient de […]

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