Budaï se rend à Helsinki pour un congrès. Pendant le vol, il s’endort profondément. A son réveil, il se retrouve dans une ville inconnue où on parle une langue qui lui est incompréhensible. Un comble pour un linguiste. Va t’il pouvoir s’en sortir?
« Epépé » est un roman assez atypique. Vous avez l’habitude de lire des romans policiers avec un meurtre, des coupables parfaits, un inspecteur alcoolique et la résolution de l’énigme après de nombreuses études de documents et interrogatoires. Vous lisez des romans avec des descriptions de paysages où vous découvrez la vie des gens. Et bien, gardez dans votre mémoire cette structuration car Ferenc Karinthy propose une histoire qui ne repose sur aucune structure basique connue. Il a laissé son imaginaire vagabonder et il a donné naissance à son personnage, Budaï.
Budaï a deux passions dans la vie : apprendre des langues et comprendre leur structuration. Alors quand il se réveille dans une ville où les habitants parlent une langue qu’il ne comprend pas, il prend ça pour un défi. D’autant plus qu’il arrive dans un hôtel où on lui donne une clé et un peu d’argent contre son chèque. Au début, il cherche à découvrir la ville pour trouver une gare, un aéroport ou même un cours d’eau. Ses pérégrinations ne le mènent nulle part. La question de l’argent commence à se poser. Puis comment communiquer avec les autres, les phonèmes sont tellement semblables qu’il est impossible de trouver une règle général de construction du langage. Malgré une aventure avec la femme de l’ascenseur, il perd peu à peu pied. Le temps passe et aucune solution pour retourner chez lui ne se profile. Pourra t’il rentrer voir sa famille?
On se prend assez vite en affection pour Budaï qui se retrouve perdu dans cette ville assez étrange et complexe. Elle n’arrête jamais de s’agrandir et les gens courent partout dans tous les sens. Il faut toujours attendre et gare si quelqu’un essaie de vous passer devant. Au bout d’un moment le désarroi devient sa fidèle compagne. Du confort de l’hôtel il finira à dormir dehors comme un simple sdf. On suit sa lente évolution vers la solitude. Malgré sa curiosité, son ingéniosité, son intelligence aucune solution pour s’enfuir ne se profile à l’horizon. Une situation dans laquelle je n’aimerais pas être. Je pense que je n’aurais pas le même sang froid que le personnage. Le calvaire irrationnel atteint son sommet au moment de la guerre civile dans laquelle il se laisse emporter. Un moment assez étrange dans le roman car la révolution arrive presque aussi vite qu’elle disparaît. L’auteur hongrois avait-il une petit panne d’inspiration? Ou est-ce une critique de la pensée unique qui annihile la conscience individuelle? Est-ce une façon de parler de l’absence de prise de conscience, de rébellion et de bienveillance humaine dans les sociétés modernes où les gens vivent dans des villes de plus en plus grande?
Drôle, dérangeant, étonnant, un roman qui saura marquer l’esprit de son lecteur. Vous aussi tentez l’aventure en suivant les surprenantes aventures d’un linguiste qui a de la suite dans les idées.
Lecture commune avec La jument verte : « Le mot de la fin sera donc : nous sommes seuls face au monde et l’incommunicabilité est la règle ? »
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Hello Noctenbule 🙂
Nos avis se rejoignent….
Je l’admire ce Budaï pour son opiniâtreté….
Un livre qui me restera en mémoire longtemps je crois 🙂
j’ai même déjà prêté le livre pour changer les idées de quelqu’un 🙂
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Tiens, c’est intrigant tout ça. Structure atypique… je me demande bien ce que ça peut bien donner.
il faut être ouvert à l’absurde. Je l’ai déjà prêté deux fois et les personnes ont abandonné au bout de 30 pages. 🙂
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