Le buveur d’encre – Le buveur d’art – Eric Sanvoisin et Olivier Latyk

Souvent quand on propose à des gens d’aller au musée, ils traînent des pieds. Mais une fois devant certaines œuvres, leur cœur chavire. Et quand quelqu’un vient à les détruire, c’est la colère qui pointe le bout de son nez. Qui a pu faire cela à une œuvre d’art ?

Grande nouveauté à Dracuville, un musée des beaux-arts vient d’ouvrir ces portes. Tonton Draculivre va proposer sa visite à ces adorables neveux, Carmilla et Odilon. La joie n’emplit pas les visages des deux adolescents. Pour eux musée rime avec ennui. Toutefois, ils accompagnent de bon cœur leur tonton dans cette nouvelle aventure. Elle dépassera toutes leurs attentes. Déjà car l’artiste qui est entre autre chose exposé n’est d’autre qu’Odilon Redon. Une personne qui a le même prénom que notre petit héros. Un premier point commun qui ne peut qu’inciter à tomber sous le charme des œuvres proposées. Par chance, la magie opère tout de suite. Odilon tombe sous le charme de la gravure avec l’araignée. Au final, c’était une très bonne idée de venir dans cet endroit. Mais voilà que le lendemain, quelque chose d’horrible s’est passée au musée. Quelqu’un est venu boire une œuvre. Pourtant les buveurs d’encre savent qu’il ne faut pas s’attaquer à autre chose que des livres et éditer à grande quantité. Qui a pu faire ça ? Draculivre et ces neveux mènent l’enquête pour trouver le coupable. Et si la vérité était ailleurs ?

Je ne cache pas mon inclination pour cette adorable série avec des vampires qui boivent des livres. Aidés d’une paille, ils dévorent goulument des romans qu’ils peuvent même partager avec une paille spéciale. Quelle jolie image sur la passion de la lecture qu’Eric Sanvoisin a créé. Le trio du tonton avec les amoureux Odilon et Carmilla est d’une parfaite harmonie sans oublier le côté touchant et mignon. Leur quotidien n’est pas de repos car ils leur arrivent toujours des aventures plus surprenantes les unes des autres. J’avoue avec un coup de cœur spécialement pour ce tome. En effet, combien de personnes n’ai-je pas entendu grogner à l’idée d’aller au musée ? Et que dire des paroles d’enfants dont les parents ne les emmènent jamais dans des lieux de culture ? Avant même d’être sur place, ça peste et ça traîne des pieds. Du moins, la première fois car en général car après cela se passe mieux. Puis je me souviens la première fois que j’ai vu en vrai des œuvres d’Odilon Redon. C’était une expérience étrange et captivante car il y a quelque chose qui attire l’œil, qui dérange et qui captive à la fois. On ne peut pas rester insensible à son travail.

Le fait de choisir cet artiste dans un livre d’enfant est un choix risqué car peu connu et à la fois très audacieux. C’est une bonne manière de faire découvrir des univers différents par leur étrangeté et leur singularité. Les enfants s’ouvrent plus à l’art dit abstrait car ils essaient moins de le rattacher à des choses de leur quotidien. Leur réalité est plus grande et plus libre que celle des adultes. Ainsi leur plongée est facilitée dans cette enquête de celui qui a osé boire, non pas une œuvre mais deux. Au final, le prince du rêve inspire et appel à l’onirisme l’âme d’enfant qui sommeille en chacun d’entre nous. La fin va alors de soi et on se demande pour nous n’y avions pas pensé. Peut-être que la prochaine fois lorsqu’on nous parlera d’un vol de peinture, nous verrons les choses autrement. Les dessins d’Olivier Latyk comme à son habitude permet de mieux faire vivre l’histoire qui se dévore d’un coup et sans avoir besoin d’une paille. Le régal des yeux et de l’esprit suffit.

Un petit roman adorable à mettre entre toutes les mains.

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