
Gabriel veut toujours réussir à tout prix. Pour sa gloire, il est prêt à avoir ses enfants auprès de lui. Quand le drame arrive, tout est remis en cause.
4e de couverture
Coureur, menteur, buveur, noceur… Gabriel Lesaffre a toutes les qualités. Depuis l’enfance, il est en rupture avec son milieu familial. Épris de liberté, il ne supporte pas l’autorité. Un jour, il tombe amoureux d’une lointaine cousine, Claudia. Elle a dix ans de moins que lui. Coup de foudre, mariage, trois enfants : Gabriel se laisser séduire par les charmes de la vie de couple et les délices du confort bourgeois. Mais ses vieux démons se rappellent à son bon souvenir. Gabriel s’ennuie. Il plaque tout, s’envole pour l’Afrique, reste cinq ans sans donner de nouvelles. Puis il réapparaît, fidèle à lui-même. Mêlant manipulation, persuasion et belles promesses, il obtient la garde de Mathilde et Simon, les deux aînés, et les emmène avec lui en Afrique équatoriale. Pour ces deux jeunes ados, une nouvelle existence commence : ils découvrent l’Afrique et une vie « festive, bigarrée, frivole et un peu vaine ». Mais ils doivent aussi supporter les incessants problèmes d’argent de leur père, héritier d’un domaine qu’il est incapable de gérer, et son penchant insurmontable pour la boisson. Et si le rêve africain finissait par se dissiper dans les vapeurs d’alcool ?

Mon avis
Dès les premières pages, Malaterre frappe par son portrait sans fard d’un personnage central complexe : Gabriel Lesaffre. Homme de contradictions, charmeur et fêtard, mais aussi instable, autoritaire, égoïste, parfois manipulateur. Pierre-Henry Gomont ne cherche pas à le justifier, juste à le montrer dans sa totalité. Le monde familial, l’enfance aux tensions, la rupture, le besoin d’exister hors des cadres imposés, tout cela donne matière à un récit riche et douloureux.
L’aspect visuel est l’un des grands atouts de l’œuvre. Le trait, souvent nerveux, aux contours parfois abrupts, accompagnés de couleurs chaudes ou moites selon les scènes installe une ambiance sensorielle forte. On ressent la chaleur, l’étouffement, la vérité crue derrière les artifices.
Le protagoniste est parfois si antipathique qu’on peut perdre de vue toute empathie avec lui et cela, même si c’est manifestement voulu. Le rythme du récit connaît des creux. Après une première partie très dense, pleine de promesses et de tension, la transition vers la vie en Afrique avec ses responsabilités et ses désillusions est moins homogène. Certains chapitres paraissent redondants ou rallongés sans apporter de véritable progression émotionnelle. On s’ennui et pourtant on continue à tourner les pages.
Un autre point à souligner avec la construction des personnages secondaires. Les enfants de Gabriel, la femme ou la mère, sont bien dessinés dans leurs rôles, mais souvent les interactions manquent de moments vraiment forts où leur subjectivité nous touche pleinement. On sent leur blessure, leur confusion, parfois sans que l’on plonge vraiment dans leur intériorité. Cela fait que si le récit est poignant, il y a quelques occasions manquées d’approfondir le drame familial. On ne ressort pas indemne de cette lecture.
Malaterre est une œuvre ambitieuse et puissante, qui réussit à mêler sensations, ambiances et vérité d’un personnage hors norme. Un livre marquant, il brille surtout dans ses moments d’intensité et vacille parfois dans les espaces entre-deux.
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