Le sujet des migrants restent toujours aussi présent. Les extrêmes droites diffusent des mensonges pour récolter des futurs votes. Pourtant, la réalité de l’exil est vraiment tout autre.

4e de couverture
Qui profite des moyens engagés en faveur de la fermeture des frontières ? Que se passe-t-il quand on retrouve des corps sur les plages ? Sait-on que les frontières de l’Europe se sont délocalisées au Sahara ? Qui sont les sans-papiers qui font fonctionner l’économie ?
Trafiquants, industriels de la défense, employeurs européens profitent de ce système sans se préoccuper des 40 000 morts et disparus.

Mon avis
On ne peut rester insensible face au message porté par cette bande dessinée pour évoquer l’exil et donc l’immigration. Le sujet est de plus en plus présent dans les discours des extrêmes droites en quête de public et de légitimité. L’important n’est pas de dire la vérité, c’est de vendre du sensationnel qu’importe si c’est faux. La vérité a moins sa place quand on joue avec des émotions. L’ouvrage n’est pas neutre. La neutralité existe t’elle? Mais on nous propose un enquête rigoureuse menée par Taina Tervonen qui va sur le terrain pour comprendre l’ensemble du système. Elle établit un lien puissant entre les récits individuels des migrants et la mécanique économique qui alimente le contrôle migratoire. Le contrôle ça rapporte de l’argent, on vend des services, des prestations, de la technologie et sans jamais solutionné le pourquoi les gens partent. Les propos sont documentés. Que vaut les morts disparus en mer que l’on retrouve ou non leur corps? Peut-être quelques photos chocs qui s’oublieront pour laisser place à une autre actualité choc. Chaque assertion est sourcée, ce qui renforce la crédibilité du propos et l’illustration, sobre mais expressive, rend palpables les drames humains tout en exposant les rouages d’un système global. La misère à l’autre bout du monde permet à des patrons d’entreprises d’exploiter des gens à moindre coût. L’exploitation des sans‑papiers dans nos économies est non-négligeable. Combien de restaurants, de chantiers, de structures de soins aux personnes âgés fonctionnent avec des personnes en situations précaires? Pourtant, il est rare que ces structures soient condamnés. D’ailleurs, on stigmatise les travailleurs et non les exploitants qui savent très bien ce qu’ils font. Ces personnes ont bien souvent des fiches de paie. Des objets au combien utile pour espérer pouvoir demander des papiers. Il faut travailler au minimum 2 ans dans l’illégalité pour espérer un droit de rester. Absurde à souhait. D’autant plus, que l’argent mis dans des entreprises de sécurité aux frontières, piègent et renvoie ailleurs le problème. Les choix politiques et économiques occidentaux, notamment dans des régions comme le Sénégal, qui poussent des populations à l’exil. Sans surprise, les extrêmes droites évitent d’aborder cela. Cela rendrait leur message plus complexe alors qu’ils prônent le simplisme. On ne peut être que triste de voir le monde si sombre et où l’exploitation a toujours autant de place. La bd ne cherche pas à culpabiliser, plutôt à responsabiliser. Elle interroge notre consommation, nos votes, nos peurs politiques, et révèle que derrière les chiffres et les morts se cachent des choix collectifs. On est questionné sur notre propre rôle dans ce « business de l’exil » avec une lucidité parfois glaçante. A la fin de l’album, on nous dit que l’on agir et de façon local. Une lecture qui ne donne pas envie de croire en des lendemains plus heureux. Bien au contraire et encore moins avec la montée des extrêmes dans le monde.

Une lecture concrète qui porte un regard concret et critique sur l’immigration. Loin du cliché « ils volent le travail des gentils blancs » mais dans l’exploitation autant des ressources que de la pauvreté dans le monde.

Laisser un commentaire

Bienvenue dans cette immersion dans le monde fabuleux du 9e art.