Il n’est pas facile de s’imaginer qu’elle est le travail au quotidien de la police. Mikael Corre a réalisé une immersion dans différents services et partage ses impressions. Il souligne la complexité d’un métier qui est entre l’éthique, les besoins de com de l’état et la réalité sociale d’un pays.

4e de couverture
Une année d’immersion au commissariat de Roubaix, par le journaliste Mikael Corre. Comment se déroule une garde à vue ? Dans quel état sont les geôles des personnes arrêtées en état d’ivresse ? Que peut la police contre le trafic de drogue ? Quelle est la part du manque de formation (initiale ou continue), du manque de moyens, de la misère sociale, des procédures inadaptées, de nos attentes contradictoires dans les dysfonctionnements de la police ? Le journaliste Mikael Corre et le dessinateur Bouqé nous donnent à voir et à entendre la police du quotidien. Pas celle qu’on aimerait, pas celle qu’on dénonce, mais celle qu’elle est. Une enquête en BD qui changera forcément votre regard sur la police.

Mon avis
Les bandes dessinées qui évoquent la police sont de plus en plus nombreuses. Bien souvent des journalistes suivent une formation pour rentrer incognito dans le poulailler pour être vraiment au coeur de l’action et des problèmes. Le constat par la suite est rarement très glorieux. Certes, il y a une critique du fonctionnement et de ce que leur impose l’Etat. Mais il y a aussi des hommes assez cruels à qui l’on donne des responsabilités assez lourdes avec un permis d’agresser en toute impunité. Pour faire parti du groupe, il faut en adopter les codes. Au bout d’un moment, le racisme, la misogynie, le racisme deviennent des choses ordinaires. Mikael Corre lui apporte un regard bien différent. Il a fait une demande officielle pour suivre différentes équipes sur le terrain. C’est une autre réalité qu’il retranscrit. Un chapitre par thème d’une dizaine de page avec par exemple les violences conjugales, le coup est parti ou l’autopsie. On reste assez en surface des choses avec quelques informations pragmatiques. Il y a aussi quelques chiffres assez parlants. Le choix d’orientation se fait sur les requêtes du gouvernement qui cherchent plus à faire de la com que de se préoccuper des gens. Et aussi que la cible est plus les plus pauvres pour rassurer les plus riches. Les politiques de com mise en place empirent les situations selon les indicateurs des ministères en question. « En 2023, 94 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon le ministère de la Justice. Le tiers d’entre eux était déjà connu des services de police ou de justice. » (p. 18). « En France, le recrutement des forces de l’ordre est aujourd’hui en hausse, mais la police a perdu 7 000 postes entre 2007 et 2012 quand la droite était au pouvoir. » (p. 59). « En France, le taux d’incarcération en France est passé de 103,5 personnes détenues pour 100 000 habitants en 2010 à 105,3 en 2020, alors qu’il a par exemple baissé en Allemagne et en Italie, selon un rapport du Conseil de l’Europe d’avril 2021. » (p. 73). Qu’elle est la place dans l’espace public autorisé pour les sdf, les migrants, les personnes avec des troubles mentaux? Il faut croire qu’ils restent des cibles à intérêt. Il en parle plus largement dans la post-face. On viendrait même à plaindre les policiers qui subissent la pression d’en haut et d’en bas. Un boulot qui ne fait pas rêver ni pour son éthique, ni ses tâches et ni son salaire.

Un autre regard sur les policiers qui soulignent l’horreur du métier avec des morts, de la pauvreté, de la souffrance et de solitude. Protéger et servir prend un autre sens.

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Bienvenue dans cette immersion dans le monde fabuleux du 9e art.