
Il n’est pas facile de faire face à la solitude et à la tristesse. En plus, le Covid a renforcé ce sentiment d’incertitude et la difficulté à se projeter avec des lendemains. Silki dévoile son ressenti face à ce monde qui ne change pas tant que ça.
4e de couverture
Comment dompter la solitude ? Que faire face à une amie indifférente ou qui nous trahit ? De quelle manière réagir face au racisme ordinaire ? Quelle est la marche à suivre pour concocter de délicieux mandu ? Faut-il préparer administrativement sa mort ? Voici quelques-unes des questions existentielles abordées par Silki dans Malgré tout je suis ici, collection de récits à dimension autobiographique.
Arrivée en France en 2016 après plusieurs années d’études en Inde, l’autrice sud-coréenne évoque tour à tour dans ce recueil les écarts culturels auxquels elle fait face, les difficultés relationnelles rencontrées ainsi que les émotions qui la traversent. Ligne claire, trait plus épais, trames, le dessin de Silki mute avec virtuosité au gré des histoires, faisant apparaître des personnages tantôt humains tantôt animaliers, expressifs et bien souvent, hautement réconfortants. Les récits se succèdent pour former le tableau d’un passage à l’âge adulte sinueux et touchant.

Mon avis
Silki s’est fait connaître grâce « Kimchi Baguette » dans la collection Mâtin. Elle faisait un comparatif entre la culture coréenne et française. Des rencontres assez étonnantes qui piquent à la curiosité et à la découverte. Un des sujets qu’elle avait abordé était le racisme qu’elle ressentait en France envers les asiatiques. Ici, elle revient un peu plus dessus car elle évoque le Covid et les périodes d’isolement. Les étroits d’esprit se sentent libre d’étaler au grand public leur médiocrité de leur fiel immonde. Le danger est présent et quand on est en souffrance psychologique, on n’a pas envie de leur faire face. D’autant plus, que la jeune femme a quelques soucis déjà à se sentir à l’aise dans l’espace public. A travers plusieurs courtes histoires, la bédéaste se raconte. Elle prend le partie prie de changer les représentations bien qu’elles soient majoritairement en oiseaux. Ce qui surprend est le grand éventail graphique qu’elle possède car elle peut faire des choses un peu grossière jusqu’à des choses très fines et détaillés. On la sent autant à l’aise dans l’anthropomorphisme que le réalisme. En quelques pages, elle va à l’essentiel dans tomber dans le pathos ou l’exagération. Elle évoque autant les déceptions que les heureuses rencontres. Par contre, l’aspect assez sombre reste assez de mise. La solitude, la tristesse, l’isolement, la peur des autres s’affichent assez fréquemment. La souffrance intérieure est omniprésente. On n’oublie pas que le meilleure sujet dont on peut parlé avec sincérité et fidélité, c’est soi. Une démarche créative cathartique qui l’oblige à une part l’honnêteté qui peut être d’une aide pour changer, si elle en perçoit l’utilité. Si on perçoit la noirceur du monde, c’est qu’on est encore lumière. Espérons que plus de bonheur pourra la conquérir et rendre sa vie plus belle et toujours inspirante.
Une bd qui ne redonne pas le moral mais qui montre le talent créatif de Silki.
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