
Le terme de mondialisation, tout le monde le connaît. Par contre, quand il est question de devoir le définir, c’est autre chose. Un voyage vers l’inconnu et la surprise nous attend.
4e de couverture
Un essai en BD, au coeur de l’actualité, accessible à toutes et tous. Après Economix ( 150 000 ex ), la nouvelle BD économique.
Alors que la crise du coronavirus a révélé à tous que la France avait dû importer des masques et des médicaments, la mondialisation est contestée comme jamais.
Les citoyens refusent de plus en plus les traités internationaux type CETA, veulent des circuits courts et des relocalisations.
Mais la France est encore plus mondialisée qu’on ne le croit : la moitié des biens que nous consommons est importée. Les machines et les équipements électriques et électroniques le sont à 90 %, et les denrées agricoles, à 38 %.
En 220 pages, cette BD raconte comment notre monde est devenu plus vaste et interdépendant, et par quels détours de l’histoire nous en est sommes arrivés là. Car si la mondialisation s’est accélérée dans les années 1980-1990, ses débuts remontent au XIXe siècle !

Mon avis
Ces derniers temps, tout ce qui tourne autour de l’économie a le vent en poupe. Le 9e art y va aussi de sa contribution. Les chercheurs sortent de leur domaine des mots et de la presse spécialisée pour y mettre des images et de la vulgarisation. Isabelle Bensidoun et Sébastien Jean sont chercheurs en économie international. On ne peut leur reprocher leur méconnaissance du sujet. Et on félicite leur travail pour rendre plus compréhensible quelque chose qui reste tout de même assez obscur. Bien que l’on prend le temps de lire et relire certains passages, il reste des choses qui nous dépasse. L’exercice est bien difficile et rend des concepts plus accessible surtout qu’ils sont inscrit dans le temps, depuis 1820. On comprend que les dirigeants de l’état et des grosses entreprises ne souhaitent pas que les manants se mettent à comprendre leur pré-carré car il est question aussi d’argent dans mondialisation.
« Pourtant, jusqu’à récemment, beaucoup d’économistes considéraient que le commerce avec les pays à bas salaires n’était pas suffisamment important pour avoir provoqué des effets significatifs sur l’emploi ou les salaires des pays avancés et que c’était davantage le progrès technique, l’automatisation, qui détruisaient les emplois. » (p. 174).
La structure de la bande dessinée est assez bien réussi. Des petits chapitres sur des thèmes très précis et des questions que l’on a déjà vu apparaître ici et là comme « Le « made in France » existe t’il vraiment? », « Les entreprises sont-elles toutes mondialisées? », « Comment la mondialisation est-elle devenue mondiale? », « La mondialisation favorise t’elle la croissance? », « La mondialisation améliore-t-elle le pouvoir d’achat des Français? »… Aucun doute que ces interrogations intéresseront les adeptes ou non de la finance? Même si les réponses ne sont pas toujours nets car il y a toujours de nombreux facteurs à prendre en compte, on comprend l’importance de la nuance. La finance n’est pas une science exacte. Et aussi l’influence des lois, des chutes des banques et le rôle des organismes qui surveillent. L’aspect des lobbys qui influencent les réglementations n’a pas été abordé. Contrairement, aux rôles des citoyens qui auraient bloqué des réunions internationales au sommet pour éviter de faire gagner de l’argent toujours aux mêmes.
Deux chapitres se distinguent des autres avec d’une part, l’aspect environnemental et de l’autre le populisme. Pour l’environnement, en effet il y a un lien corollaire entre mondialisation et écologie. Le chapitre est très bien expliqué et très riche d’exemples. « Pour les français, c’est clair : 60% estiment que la mondialisation est incompatible avec la lutte contre le changement climatique. De tout tout le temps, est-ce bien raisonnable? » (p. 209). Puis la question « Qu’est-ce qui compte vraiment quand on fait le bilan? » est véridique. On nous donne des éléments : « D’abord, le commerce suppose que le transport des marchandises, c’est polluant. En 2017, le transport international maritime et aérien a représenté environ 1,2 milliard de tonnes d’émissions de CO2, soit 3,3% des émissions dues à la combustion d’énergie dans le monde. C’est un peu plus que les émissions produites par l’Allemagne et la France réunies, et pas loin de celles du Japon. Ca pèse lourd, donc, mais la pollution liée au transport est loin de dépendre seulement de la distance : pour une même marchandise, les émissions par kilomètre sont 100 fois plus faibles pour un cargo trans-océanique que pour une camionnette de moins de 3,5 tonnes. Bref, la distance compte, mais le monde de transport, la logistique du dernier kilomètre et la façon dont le consommateur se rend sur le lieu de distribution compte aussi, et souvent plus. » (p. 211). Ainsi la pollution de l’eau, la nuisance aux espèces marines, les mamiphères et poissons tués, la diffusion d’onde dans l’eau gênant la communication entre les animaux… rien de tout ça n’a d’indicateur. Et les bateaux deviennent de plus en plus gros. La voilà pour économiser un peu d’essence reste pour l’instant de l’ordre du symbolique.
Un constat a été assez stupéfiant : « l’empreinte carbone de la France, c’est-à-dire les émissions induites par la consommation des résidents français, provient pour environ la moitié des produits importés, principalement de l’union européenne et d’Asie. » (p. 214). Les français consomme en grande majorité des produits importés. Mais si c’était fait totalement en France, l’empreinte ne serait pas forcèment moindre. Ce qui peut paraître assez absurde et pourtant.
Pour la montée du populisme et cette question de la mondialisation, l’approche est nécessaire. Dans les discours simplistes que l’on entendre, c’est on fait tout en France par des blancs et tous les problèmes économiques et sociaux du pays seront résolus. On se doute bien que ce n’est pas possible. « La mondialisation, les crises financières et l’austérité ont été autant de facteurs qui ont révélé des fractures socioculturelles latentes. Les chocs économiques ont exacerbé les fractures culturelles, fournissant aux populistes autoritaires le coup de pouce dont ils avaient besoin. Et les coups de pouce n’ont pas manqué! » (p. 223) évoque l’économiste Dani Rodrik, professeur à Harvard. A cela se rajoute l’avis de Yotam Margalit, politologue à l’université de Tel-Aviv : « cela montre seulement que les facteurs économiques ont conduit à faire basculer les résultats en faveur de Donald Trump, du Brexit, ou à faire progresser le score de Marine Le Pen. Une sorte d’ »étincelle ». Mais ce n’explique pas pourquoi un pourcentage élevé d’électeurs choisissent les candidats populistes. Et c’est là selon lui qu’interviennent les facteurs socioculturels. » Il dit : « Les transformations sociétales depuis les années 1970 (accès accru à l’enseignement supérieur, diversité ethnique croissante, urbanisation, rôles plus égaux pour les hommes et pour les femmes) ont conduit à une plus grande acceptation des divers modes de vie, religions et cultures. Ces changements, et le déplacement perçu des valeurs traditionnelles, ont aussi provoqué un ressentiment parmi des segments de la population en Occident, en particulier chez les hommes blancs, les personnes âgées, les conservateurs et les personnes moins qualifiées. » (p. 224). Des faits concomitants avec de nombreuses études sociologiques. Il semble pourtant impossible de lutter contre cette vague de haine et de discrimination. C’est important de nuancer : « Quoi qu’il en soit, si la mondialisation n’est pas la cause exclusive de la montée du populisme, elle y a contribué. Et ce qui met le feu aux poudres c’est justement l’étincelle! » (p. 226). Même si l’on ne termine pas l’album sur une note positive. On fait un bilan assez positif de la lecture. Un livre qui nous montre l’étendu et la force de la mondialisation. Impossible de dire si c’est bien ou pas aussi facilement. Il faut interroger le contexte, qui, où, pourquoi, pour qui… Rien de tel pour aiguiser notre esprit critique. D’ailleurs, nous avons les sources citées en fin, donc on peut approfondir à loisir ou pas.
Un tome passionnant qui montre la complexité d’un domaine qui nous le rend plus accessible.
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