
Un voyage à Londres s’impose. Louis le Vétilleux a un document qui prouve qu’il est le roi de Jersey et Guernesey. Un avocat doit l’aider à rétablir la vérité pour profiter de son bien.
4e de couverture
Damned, shocking et toutes ces sortes de choses ! Rien ne va plus : on envahit l’Angleterre ! À vrai dire, aucun rapport avec Guillaume le Conquérant : ici, les envahisseurs ne sont que deux. L’un est un grand échalas légèrement azimuté, qui se balade avec un dico à la main et se prend pour des personnages célèbres. L’autre s’appelle Louis le Vétilleux, « véritable et unique souverain de Jersey et Guernesey ». Il prétend être le propriétaire légitime de ces deux territoires en vertu d’un acte authentique du XIIe siècle – d’ailleurs, ceux qui ne le croient pas n’ont qu’à jeter un œil au document qu’il garde attaché autour de la taille, ils verront bien ! Et voilà ces deux doux dingues qui traversent la Manche à bord d’un chalutier, arraisonnent un bateau de plaisance en cours de route et font irruption chez un grand cabinet d’avocats, histoire de montrer de quel bois ils se chauffent. Et si on ne les croit pas, le Vétilleux se met à hurler « Haro, mon duc ! On me fait tort ! » On dirait Jacquouille dans Les Visiteurs, pour donner un ordre de comparaison… Pendant ce temps, le grand échalas se prend pour Margaret Thatcher, pour Tamerlan (ce qui fait de lui le héros d’un islamiste londonien qui n’hésitera pas à attaquer la reine à coups de bâtons de dynamite), pour Stanley et même pour Éric Cantona, ce qui en dit long sur la précarité de sa santé mentale…
Mon avis
Le choix de lecture de cette bd repose sur le duo des bédéastes qui semblent improbables. D’un côté, nous avons René Pétillon connu pour son personnage de détective, Jack Palmer et de l’autre Jean-Marc Rochette célèbre aussi bien pour le Transperceneige ou « Le loup », « La dernière reine »… Deux univers qui semblent éloigné et pourtant, leur intelligence et leur filouterie permet de donner une aventure loufoque et drôle.
Dico se cherche et donc il se prend pour des personnalités. Ainsi il passe de Jean-Paul Sartre, à Guillaume le conquérant, Tamerlan, Margaret Thatcher ou Eric Cantona. On s’amuse de ces incarnations qui amènent des interactions de haut vol. Son binôme, Louis le Vétilleux, qui semble plus normal, ne l’ait pas moins. Il réclame justice car il serait le roi de Jersey et Guernesey. Le document semble officiel en plus. Impossible pour l’Angleterre d’abandonner ces terres. Surtout que les anglos normandes possèdent un statut bien particulier. Le scénariste s’amuse des rivalités entre les français et les anglais et de la notion de folie. Qu’est-ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas? Qui définit la normalité? Malgré des opinions très tranchés, ils arrivent à rencontrer bien des autochtones.
C’est très amusant et déroutant tellement c’est finement écrit. Le dessin un peu abrupt renforce la cocasserie des situations. On ne sait jamais jusqu’où on va aller. Et puis cette fin est assez original avec le cadeau d’une terre au Canada ainsi qu’un billet de bateau. Un autre territoire aussi qui pose des questions sur ces origines. La référence à Jacques Cartier n’est nullement innocente. On passe un bon moment car la surprise est continue.
Une lecture déroutante qui nous amuse de la première à la dernière page.

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