
Les grosses industries proposent toujours de nombreux emplois. Par contre, quand il y a de la pollution dangereuse pour la santé, le discours change peu. Combien d’enfants atteint de saturnisme et d’adulte contaminés sont-ils acceptables?
4e de couverture
Enquête au cœur de la zone la plus polluée de FranceDans le Nord-Pas-de-Calais, des centaines d`enfants sont atteints de saturnisme, la maladie d`intoxication au plomb entraînant des troubles neurologiques irréversibles. Comment est-ce possible vingt ans après la fermeture de l`usine qui polluait la région ? Martin Boudot, journaliste d`investigation, mène son enquête dans cette région surnommée la plus grande zone polluée de France. Entre témoignages et révélations, Martin et son équipe de Vert de Rage forcent les portes des mairies, des tribunaux et des multinationales pour lever le voile sur l`un des plus grands scandales sanitaires et environnementaux de notre temps.

Mon avis
L’émission « Vert de rage » à la télévision est arrivé à faire changer les lignes. « Vert de Rage est une collection de documentaire d’investigations scientifique d’utilité publique sur des problématiques environnementales.
Depuis 2017, les enquêtes Vert de Rage ont déjà eu un impact considérable notamment sur la réglementation des polluants éternels (PFAS), la pollution de l’air dans le métro, la contamination à l’amiante dans les écoles ou les conséquences des rejets de l’industrie pétrolière.
L’équipe de journalistes de Vert de Rage collabore avec des scientifiques indépendants du monde entier et prélève des échantillons de sol, d’eau, d’urine, de cheveux, de sang ou encore de lait maternel des populations exposées à des pollutions. Martin Boudot et son équipe remontent ensuite la chaîne de responsabilité et confrontent les responsables industriels et politiques mis en cause.
Les journalistes transmettent aussi toutes ces données scientifiques aux citoyens qui se battent pour leur environnement et leur santé afin qu’ils s’en emparent. Des résultats scientifiques de Vert de Rage sont déjà utilisés dans le cadre de six procédures judiciaires intentées par des parties civiles contre l’Etat ou des industriels. La série a remporté 23 prix internationaux et a été sélectionnée deux fois aux prix Albert Londres » (p. 2). On a une jolie présentation de la série très intéressante sur des scandales environnementaux. Après 4 saisons, elle n’existe plus. Par contre, elle arrive avec une nouvelle forme, la bande dessinée. Est-ce un tome d’une longue série ou un tome tout seul? Aucune information ne l’indique.
On rentre dans l’histoire tout de suite. Martin Boudot a reçu un courriel en 2021 d’une femme lui demandant de venir enquêter dans la plus grande zone polluée de France. Au début, il est dubitatif. Il se renseigne et tombe sur quelque chose qui le sidère. En allant sur place dans le Nord Pas-de-Calais l’étonnement est encore plus important. « Metaleurop fut la plus grande fonderie de plomb et de zinc du continent. Fondée en 1894, cette immense usine a produit jusqu’à 130 000 tonnes de plomb, 100 000 tonnes de zinc et 250 000 tonnes d’acide sulfurique par an. » (p. 11). Puis l’usine ferme et laisse des gens sur le carreaux. Les anciens salariés malades et les enfants atteint de saturnisme ne manquent pas à l’appel. Pourtant cela reste assez tabou. Mais est-ce acceptable pour autant? Tout le monde doit-il baisser les bras? Faut-il trouver normal les décès de personnes d’une soixantaine d’années, des suicides et que l’on se moque des enfants avec des retards mentaux?
Le souci est la pollution au plomb. « En 1990, Metaleurop est alors le premier responsable industriel des émissions de plomb en France. 57 tonnes de plomb émis. La fonderie rejette autant de plomb que l’ensemble des 39 autres usines françaises qui utilisent le plomb. En 1999, les autorités ont même mis en place une zone autour de l’usine pour délimiter la pollution. On déconseille aux agriculteurs de cultiver du maïs, des pommes de terre ou du blé. A la fermeture de l’usine en 2003, un plan de réhabilitation et de nettoyage du site est censé avoir réglé les problèmes. » (p. 17) Aussi bien l’entreprise que l’Etat préfèrent prendre le minimum de précaution. Après tout les pauvres, ils sont ravies d’avoir un travail même peu rémunérateur. On ne mord pas la main qui donne à manger. Quelques individus voient le danger probable pour vivre confortablement et protéger des enfants qui touchent un sol contaminé. Impossible de ne pas être touché par la misère et la souffrance ordinaire. Comment se projeter avec de la maladie et des enfants retardés?
« Le saturnisme infantile, c’est la maladie du plomb. Ca entraine de graves conséquences irréversibles notamment sur le développement cognitif et psychomoteur. En France, depuis l’interdiction du plomb dans la peinture et dans l’essence, les cas ont drastiquement chuté : à peine 0,1% d’enfants touchés! » (p. 34) L’infection au plomb est très grave. Martin Boudot fait des relevés via une machine directement et les chiffres sont effrayants. Le constat est similaire lors des prélèvements. Pourquoi la ville ne fait les tests régulièrement pour savoir si le sol est pollué? Il y a de quoi s’inquiéter. Les journalistes mobilisent les citoyens pour effectuer des tests dans leur jardin et sur les cheveux de leurs progénitures. Quand les résultats tombent et sont communiqués à toute la population, la colère est de mise. Tout est réuni pour alerter les anciens propriétaires et le gouvernement. Ils semblent faire la sourde oreille. La révolte et l’incompréhension sont de mise.
On est choqué par les résultats. C’est pour ça que l’on reste un peu sur sa faim à la fin de l’album. Tout va trop vite. Il est difficile de pouvoir estimer une échelle de temps. Tout semble fluide et immédiat. Il y aurait peu d’opposant, pas de pression, pas vraiment de tabou. Le maire est peu présent. A croire, que ce genre de problématique ne le concerne pas. On aurait voulu en savoir plus sur les recherches, avoir les résultats, avoir des chiffres sur le nombre de refus de l’usine ou autres organisations. C’est dommage qu’il n’y a pas d’inscription dans un temps long. Au final, on est pris dans cette aventure qui prend forme grâce à la participation citoyenne et la recherche scientifique.
Une histoire où la fiction n’existe pas malheureusement. On n’est pas égal face à la pollution.

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