
Avoir le droit de vote en Angleterre pour les femmes n’est pas une simple idée. Des suffragettes décident de faire entendre leur voix pour acquérir ce droit au même titre que les hommes. Leur démarche ne passe pas inaperçue.
4e de couverture
Edith Garrud est considérée comme la première formatrice d’autodéfense féministe. Face à la violence subie par les manifestantes, elle va former au jujitsu les gardes du corps d’E. Pankhurst, surnommées « Les Amazones ». À coup de clés de bras et de crocs en- jambes, les suffragettes bousculent les mentalités, bottent les fesses des réactionnaires et démontrent la force du « sexe faible ».
Mon avis
On entend bien souvent ENCORE que les femmes ont déjà tous les droits alors pourquoi râlent-elles encore? Déjà parce que l’équité femme-homme ce n’est toujours pas d’actualité, donc il faut lutter. Et pour acquérir une base de droit, il a fallu bien des femmes descendues dans les rues. A Londres, même les rares politiques qui ont promis le droit de vote aux femmes, se sont rétractés une fois élu. Que restait-il à faire? Des femmes ont décidé de descendre dans les rues et se faire entendre. Bien entendu cela ne plaît à la bonne société. Elles devraient rester chez elles.
« Plutôt qu’une grande fresque sur les droits des femmes ne leur ont pas été donnés comme on le dit trop souvent. A travers le destin incroyable d’Edith Garrud, « maître » de jujitsu, suffragiste qui a entraîné des dizaines de militantes, de femmes pour qu’elles se défendent, l’histoire se raconte ici depuis la révolte des corps. Il dessine le combat politique, physique, musculaire même, d’un soulèvement féminin. Et cet épisode est historique parce que les femmes ont compris que ceux à qui elles demandaient justice étaient précisément les mêmes qui maintenaient l’inégalité civile et politique entre les hommes et les femmes et laissaient sciemment impunies les violences qui leur étaient faites. Les femmes se sont donc auto-organisées, autodéterminées, auto-émancipées! » (p. 3). La préface d’Elsa Dorlin pose le cadre et la motivation de ces femmes.

En effet, les luttes des droits des femmes commence à apparaître dans le 9e art. Longtemps oublié, mise de côté, l’Histoire apparaît avec un autre angle. Des femmes ont osé sortir de leur statut en étant prête aux humiliations et aux coups des policiers. Ce qui est original est l’approche de la défense. Elles n’ont pas le choix de se faire agresser. Donc pourquoi ne pas se défendre et fuir? « Ces derniers en sont également convaincus et n’imaginement pas une seconde qu’on puisse leur résister. C’est pourtant ce que nous allons faire, et pour eux, la surprise sera de taille! » (p. 53). La prof très engagée montre ce qui est possible rapidement, sans force et avec des vêtements limitants. Nous assisterons à une scène assez drôle en p. 56. « Défroqués, les policiers ne pourront plus courir après, à moins de s’empêtrer dans leur pantalon et de risquer la chute. Retenant leur culotte, ces gentlemen auront les mains occupées à autre chose qu’à essayer de vous attraper. Vous pouvez également taper dans leur casque, ce qui les aveuglera… » On voit que l’ambiance est bonne et la présence de nombreuses femmes.
On voit d’autres problématiques émerger très bien traités. Il y a des petits détails lourds de sens. Les suffragettes ont crée un jeu de l’oie nommé « In out prison ». Qu’importe ces choix, impossible d’échapper à la case prison. Un élément réel d’époque parmi d’autres qui permet d’ancrer la réalité d’une époque. Une façon ludique de sensibiliser à l’engagement. Pour toucher les esprits, il y a d’autres façon de faire. On voit l’importance du cinéma. Il vient d’émerger et un cinéaste est engagé dans la sensibilisation au public des violences masculines, entre autre chose. Le personnage de Cecil Armstrong n’existe pas. Dommage. Mais le succès d’un court film permet de libérer le couple prof de jujitsu. Un homme qui frappe sa femme est acceptable en société. Si une femme se défend, elle mérite la prison. « En société, il sait être charmant. Mais quand la porte se referme, il redevient un tortionnaire. Ce qui me fait peur, surtout, c’est ce qu’il risque de faire aux gens que j’aime. Je suis sortie de la maison, il est venu me récupérer dans la rue en me tirant par les cheveux… Il m’a frappée. Il m’a cassé les côtes. Ma mère me dit : « C’est pas grave, c’est normal dans un couple, pense à tes enfants… ». » (p. 87). La violence est bien présente. L’homme a tous les droits. Pourquoi cela ne choque pas la société? Et pourquoi cela ne choque pas trop non plus en 2024.
Emeline Pankhurst est la figure d’engagement des suffragettes. Quand elle prend la parole, les policiers veulent la faire taire. La diffusion d’un message de révolte est inacceptable. « Nous les suffragettes, avons une grande mission, la plus grande que le monde ait jamais connue… Libérer la moitié de l’humanité. » (p. 114) La Seconde Guerre mondiale mettre un point d’arrêt à sa lutte car il faut soutenir la nation en l’absence des hommes. Mais sa fille, refuse de baisser les bras et décident de mener des actions plus violente. Pour elle, la peur doit changer de camp. Une partie des partisanes ne soutient pas cette façon de faire. Ce qui dérange est la fin de l’ouvrage. Une partie des femmes prendra des cours pour se défendre. Mais le mari d’Edith Garrud devient policier et va former les policiers à cet art martial. Par conséquent, il ne restera rien aux femmes pour se défendre. Les policiers auront les armes et le savoir-faire. L’espoir n’est pas vraiment là. Et on n’évoque pas quand les femmes pourront gagner ce fameux droit de vote. Néanmoins, on termine sur une courte biographie d’Emeline Pankhurst et de sa fille, Sylvia ainsi que le couple Garrud. Et aussi sur les luttes qui continuent aujourd’hui et la nécessité pour les femmes de se préparer à la lutte. Les affrontements avec la police restent très présentes et cela provoquent des traumatismes. Un choix dans la dissuasion des actions. Le message est simple : Mesdames vous dérangez, restez chez vous. Les luttes des droits de la femme sont forcément de combat et de mépris.
Une bd qui parle de lutte pour l’équité et cela ne peut pas se faire sans heurt. Les hommes ne veulent pas prendre du pouvoir.


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