Les yeux fermés – Héloïse Martin, Baptiste Magontier et Valentine de Lussy

Les repas de famille sont toujours des moments tendus. Les secrets doivent être gardés pour donner l’illusion de la satisfaction. A partir de quand devient-il acceptable de tolérer un pédophile?

4e de couverture
À l’occasion de leur anniversaire de mariage, Émilie retrouve ses grands-parents dans leur grande maison de montagne. Toute la famille a prévu de s`y retrouver. Grandes tablées, baignades en rivière, jeux de société, ce week-end s’annonce parfait.
Mais l’un des participants va troubler Émilie. Ses souvenirs d’enfance et des agressions sexuelles qu’elle a subies vont remonter à la surface et la plonger dans une profonde incompréhension. Comment cet homme, pédophile reconnu et déjà condamné par la justice, a-t-il pu être invité à partager ces quelques jours d`intimité familiale ? À côtoyer et partager les jeux des enfants présents ?
Pour Émilie, c’est inacceptable. Ses proches doivent ouvrir les yeux sur la violence de la situation.
Dans un huis-clos oppressant, elle va affronter les membres de sa famille et leur imposer un choix. Qui veulent-ils garder à leurs côtés ? La victime ou le bourreau ?

Mon avis
Quand on regarde la couverture, on s’attend à un moment de partage en famille autour d’un évènement festif. Puis quand on se plonge dans l’histoire, c’est tout autre chose qui se raconte. Emilie a fait un effort pour venir au repas d’anniversaire de ces grands parents. Elle s’attendait pas à voir son oncle qui l’a agressé avec sa cousine sexuellement. Sa présence lui rappelle les attouchements qu’elle a subi. Elle ne comprend pas ce choix de sa famille et surtout de le laisser avec des enfants. Pourquoi tout le monde à choisi de banaliser son viol? Et pourquoi soutiennent-ils tous cet homme? Il a été jugé certes. Mais est-ce que cela permet d’effacer ces actions? Le besoin de cultiver les illusions que tout va bien blesse profondément le personnage principal. Quelques scènes d’abus sont évoqués en changeant les teintes, avec des bleus gris. Il n’en faut guère plus pour comprendre les actes odieux réalisés.

L’émotion est au rendez-vous d’autant plus vis à vis des réactions des proches. La cousine qui a été aussi abusé voulait garder le secret. Elle se désolidarise totalement car cela a généré des conflits dans la famille. Comme si c’était plus acceptable d’être violé si cela ne dérange pas les autres. La grand-mère qui trouve cela banal d’abuser les enfants et que c’était courant à son époque. Il ne faut pas en faire une chose importante. Sa réaction est très violente et pourtant très vraisemblable. Et enfin la mère, qui semble partagé entre être bien vu par les autres et garder l’affection de sa fille. Comme si les deux choses avaient la même valeur. Par chance, le grand-père, le père et le petit ami, bien que très peu présent contrebalance. Ils sont des figures bienveillantes et que des des hommes. Il n’est pas question de solidarité de genre. On referme la bd assez troublé par cette violence familiale qui préfère l’illusion de complicité que faire le choix de l’amour sincère et la bienveillance. Et également, on serait bien resté aux côtés d’Emilie après son départ. Nous voilà face à des émotions fortes auxquelles il faut faire face. Le témoignage de fin ainsi que le rappelle des numéros d’urgence montre qu’il ne faut jamais rester seule et ne pas cultiver le silence. Le chemin est long aussi pour que l’on arrête de soutenir les violeurs.

Un roman graphique qui parle du viol sur mineur et de l’acceptation au sein d’une famille si cela permet de garder un semblant de cohésion. Attention à la tempête d’émotions fortes qui vous attend.

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