
Quand on est femme et artiste au 19e, il n’est pas facile de se débrouiller. Surtout quand l’amour et l’envie de réussir sont présentes. Elles n’ont pas les même outils à leur disposition pour s’imposer.
4e de couverture
Premier volet d’une tétralogie, ce livre suit les destins mêlés d’un groupe d’amies partageant le même appartement, dans le Montparnasse des années 1870. Amélie sera écrivain, Garance voudrait être un grand peintre, Elise rêve d’être chanteuse et Rose-Aymée est modèle. A la manière d’un feuilleton (ou d’une » série »), le récit entrelace les épisodes de leurs destins respectifs : carrières, amours, amitiés, coups de théâtre, ruptures. Avec ses couleurs flamboyantes, son érotisme, Les filles de Montparnasse est un roman somptueux et baroque, en Technicolor. Au fil de ces trois volumes, c’est toute une époque qui revit sous nos yeux, celle des années qui suivent la Commune de Paris.

Mon avis
Quand on pense à Montmartre, on pense aux artistes du bateau lavoir, des guinguettes, des moulins, la fée verte… On voit surtout des hommes qui se rencontrent et enrichissent leurs production. Les femmes sont des distractions et des modèles pour ces messieurs. Prostitués, danseuses, serveuses, laveuses… voilà comment on pourrait les nommer. Pourtant quelques femmes étaient présentes et peinaient à se faire une place. Même si ces artistes vivaient à la marge, ils n’en restaient pas moins misogynes. Nadja décide de poser le récit de sa tétralogie consacrée uniquement aux femmes.
Elles vivent ensemble et tentent de trouver leur place. La lutte est bien difficile car les obstacles sont importants. La jeunesse confère de l’énergie et de l’espoir. Chacune lutte contre ces démons intérieurs. Comment faire face à son premier amour qui vous a déchiré le coeur en mille morceaux? Comment trouver sa place dans un cabaret sans devoir se prostituer? Y a t’il des bonnes réponses? Le lecteur suit leur parcours avec attention. On s’attache à toutes ces nanas courageuses qui veulent prouver qu’elles valent la peine. Nadja leur donne du tempérament. Grâce à son choix graphique qui se rapproche de la peinture, elle permet de mieux s’immerger dans un contexte particulier. Le trait de crayon est saisissant car on croirait une mise en histoire à travers des traits de pinceaux. On pourrait le lire avec délectation dans le musée d’Orsay. Cette approche change radicalement de ce que l’on peut voir de son travail dans « Apollon » mais pas du succès de littérature jeunesse « Chien bleu ».
Une bande dessinée qui amène à voir l’art, les femmes, la phallocratie d’un autre regard.


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