
Un don se développe chez certaines femmes. Comme beaucoup de pouvoirs, ils se déclenchent lors des situations catastrophiques. Ainsi des hommes subissent une explosion du pénis lors d’agressions sexuelles.
4e de couverture
Comment c’est possible, personne n’en sait rien ; c’est en train d’arriver, c’est tout. Ainsi, très soudainement, un certain nombre de filles et de femmes ont la capacité psychique de faire imploser les phallus. Ces super héroïnes d’un genre particulier ont pour nom les Phallers. Violette a dix-sept ans et se serait bien passée de cet étrange pouvoir. Mais elle aimerait, comme toutes, apporter une réponse à cette question cruciale qui hante notre société : comment fait-on pour que les hommes cessent de violer ?
Mon avis
Comment résister à l’accroche que pour lutter contre la culture du viol il faut que les hommes subissent une pénectomie explosive? On ne peut pas. Certaines avaient émises l’idée de castrer ces messieurs violeurs pour calmer leurs ardeurs. Histoire aussi que les agresseurs partent avec des stigmates et pas juste en homme libre. Chloé Delaume affirme son investissement dans le féminisme et la défense des femmes. Le viol est souvent banalisé et il n’est pas rare d’entendre que c’est la faute des femmes qu’on les agresse. Elles portent des jupes et ces messieurs ne peuvent pas gérer leur érection. L’autrice propose un récit fictionnel avec une solution efficace : faire exploser le pénis.
Une jeune femme se fait agresser par un mec très très insistant. D’un coup l’homme est au sol en poussant des cris horribles et l’entrejambe ensanglantée. Elle reste interdite un moment. Puis la voilà aspiré dans un tourment étonnant dans une association féministe engagée : Phallers. Ces dames vivent ensemble et se forment à l’histoire du féminisme, au droit, à l’art comme le collage dans l’espace public et la maîtrise de leur don. Pour s’entraîner les pervers vicieux ne manquent pas. On se sent emporté par l’histoire structurée en petit chapitre. Surtout il donne à voir d’un côté les féministes et de l’autre côté les masculinistes dans leur splendeur. Le fait de faire pipi debout leur donne tous les droits dont celui que les belles femmes doivent se soumettre à tous leurs désirs. C’est dur, c’est fort et c’est très drôle. Bien que cela soit une fiction ,les exemples historiques comme issue de la culture populaire prouvant la culture du viol sont vrai. L’exemple d’un épisode de la série « Maguy » fait froid dans le dos. S’amuser du viol et du racisme, ce n’était vraiment pas mieux avant.
En plus, l’écrivaine partage également sa passion pour la musique en insérant des morceaux de sa composition. D’ailleurs, les éditions Point proposent de les écouter pendant ou après, en mettant le lien via un QR Code. Son humour se retrouve aussi au début dans l’encadré d’avertissement. « Calmez-vous, Messieurs, ça va bien se passer. Le trigger warning est un avertissement au public. Il prévient qu’une oeuvre contient des éléments pouvant déclencher le souvenir d’un traumatisme. Personnellement je ne suis pas pour, mais il faut tout envisager tant la situation est actuellement tendue. Certaines diront que, une femme étant agressée sexuellement ou violée toutes les sept minutes, ce qui se passe dans cette fiction relève du cathartique. Certains agiteront Freud, tous les petits garçons connaissent « l’intense angoisse de castration ». C’est par égard pour eux que se trace cet encadré » (p. 7). On peut se demande combien d’homme vont lire entièrement ce bouquin.
D’autant plus qu’il finit dans un happy end que ces dames risquent d’apprécier. Qu’il est bon de trouver ces romans pour montrer la gravité du viol et harcèlement et que le champ d’action est assez réduit. Tant que l’on ne déconstruit pas la culture du viol, les choses ne peuvent pas changer. Mais il faut un consensus pour que les choses évoluent. Et avec la montée des extrémistes et des conservateurs, on ne peut pas dire qu’une vraie volonté sociétale soit vraiment présente, bien au contraire. On se contente de lecture, limite SF pour cultiver un peu d’espoir que la peur change de camp. « Elles ne pourront pas empêcher la planète de mourir mais elles rendront, malgré les cendres, la canicule, les incendies, l’air enfin respirable. Peut-être inventeront-elles un monde totalement inédit ? Une société où les hommes auront cessé de violer. Il est fort à parier que dès lors d’autres systèmes d’oppression tomberont. Après tout, on ne sait pas encore ce que c’est, une société où les hommes auront cessé de violer. «
Un livre qui ne nous laisse pas insensible et que l’on a envie de partager avec une copine. C’est ensemble que l’on peut changer les choses.
Interview de l’autrice sur France Culture
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