
Le 9e art n’est pas apparu d’un coup. Il a une histoire riche et complexe. Emmanuel Reuzé a décidé de la raconter à sa manière donc avec dérision.
4e de couverture
Reuzé, faussaire de génie, revisite la BD sous tous ses aspects. Un ouvrage à hurler de rire qui pastiche les meilleurs guides sur le 9e art !
L’Art du 9e Art est l’ouvrage de référence pour apprendre tout ce qu’il faut savoir (ou pas) sur la bande dessinée : dessiner avec un Boeing, réaliser une BD en apnée comme Joann Sfar, étudier l’anatomie de Gros Dégueulasse de Reiser ou réussir une BD autobiographique de fille.
Tous les libraires BD connaissent le fameux livre L’Art de la BD de Duc ainsi que les best sellers de Scott McCloud. Autant d’opuscules insignifiants comparés à l’ambitieux L’Art du 9e Art de l’immense Reuzé !
La BD est évoquée depuis ses origines et répertoriée par professions et par styles. Le mauvais esprit de Reuzé n’épargne rien ni personne, à commencer par les théoriciens du 9e art qu’il convoque pour mieux les pasticher.

Mon avis
Il existe quelques ouvrages sur l’histoire du 9e art. Il faut que nous avons quelques experts comme Thierry Groensteen, Benoît Peeters ou Henri Filippi. Emmanuel Reuzé a lui aussi décidé de se plier à l’exercice. Pourquoi faire un truc très carré et sérieux quand on est un expert en absurde et en ineptie? On devine que son ouvrage sera décalé puisqu’il est publié à Fluide Glacial. Tout de suite, il s’amuse avec les références tout d’abord avec Scott Mc Cloud célèbre auteur de « L’art invisible » et « Réinventer la bande dessinée ». Donc il commence avec un échange avec son image puis son cousin. Il faut avoir un petit bagage pour voir les histoires, les auteurs et les dessins dans l’Histoire de la bd.

C’est intéressant de s’amuser des codes pour souligner qu’on peut les détourner à loisir. Donc il ose vanter la pornographie, l’utilisation de clichés éculés, de la superficialité des bd girly, de l’omniprésence de la nudité et de perversité des auteurs… Il n’oublie pas d’évoquer la difficulté de vivre du métier de bédéaste, de se faire une place dans un milieu très concurrentiel et très masculin… Comme à son habitude, il utilise de nombreux modes d’expression graphique, rien de tel pour perturber le lecteur. On s’amuse de ces déroutages en règles.

On n’apprend rien sur le 9e art donc cela s’adresse déjà à ceux qui possède un petit bagage. Pour les autres, même s’il ne voit pas les références ils peuvent s’amuser tout de même. On applaudit le savoir faire assez singulier du bédéaste. Ce n’est pas donner à tout le monde d’arriver à maîtriser ces exactions culturelles. Il nous incite à penser autrement, voir les choses par un autre regard et sortir de nos chantiers battus. La bd est très riche, à chaque lecteur d’aller explorer le champ des possibles.
Prendre un sujet sérieux pour détourner les choses est une preuve d’audace d’Emmanuel Reuzé.


Laisser un commentaire