La question du genre est vraiment sensible. Depuis qu’en France, on a essayé d’apprendre aux enfants que ce n’était pas leur genre qui pouvait définir leur avenir, les ultra-croyants et les conservateurs ont sortis leurs crocs. Chacun doit rester à sa place sinon ils vont user de leur pouvoir pour nuire au système.

4e de couverture
Pourquoi le concept de genre suscite-t-il autant la polémique ?
Durant la dernière décennie, des millions de personnes ont manifesté contre lui à travers le monde… Pourtant, il reste largement méconnu. Qualifié par ses adversaires de théorie ou d’idéologie, le concept de genre fait l’objet de vives polémiques concernant l’éducation, le mariage et la filiation. Cette bande dessinée part de l’exemple français et notamment des manifestations contre le « mariage pour tous ». De la Pologne au Brésil, en passant par l’Italie et la Hongrie, les détails changent mais l’enjeu reste le même : ces mobilisations conservatrices questionnent le fondement même des démocraties libérales.

Mon avis
C’est assez osé et audacieux de vouloir faire une bande dessinée consacrée au genre. Surtout au vue des tensions très fortes et violentes que cela a fait émerger. Les conservateurs de tous bords en France ont montré leur force de frappe et leur puissance. Bien entendu, pour prêcher pour leur paroisse, ils proposent des arguments plus fallacieux les uns des autres. « Dans cet essai, notre objectif premier est d’analyser le mouvement Antigenre et comment il questionne l’idéal démocratique d’égalité. Ce n’est pas une introduction au genre, même si nous fournissons beaucoup d’explication » (p. 9). Il faut expliquer les choses pour amener un échange plus concret et réaliste. « Les études de genre sont perçues comme une menace, notamment contre le dogme des trois grands monothéismes qui ont en commun le récit de la Genèse. Le concept de genre met en avant les dimensions sociale, historique, et politique de la différence des sexes. Non seulement le genre permet de parler de la différence des sexes sans forcément faire référence à la nature mais il ouvre la voie à la reconnaissance d’identités et de sexualités diverses. C’est là un geste scientifique et politique inacceptable pour beaucoup » (p. 30).

La question du genre et cette expression de la théorie des gens amènent à beaucoup de discussion. Les interprétations sont libres car tout le monde ne veut pas changer sa vision du monde. D’autant plus qu’il y a des enjeux importants derrière. « Le concept de construction permet de s’éloigner d’une vision fataliste des inégalités entre les sexes. Le genre n’est ni immuable, ni naturel, mais ancré dans l’histoire, la culture, l’idéologie d’une société donnée. Derrière ce concept en apparence abstrait, ce qui est en jeu c’est la possibilité même de lutter pour l’égalité. Et donc de bouleverser un ordre que l’on avait cru naturel et immuable. Ce bouleversement se retrouve sous diverses formes, dans les luttes de libération féministes et LGBT+. C’est pourquoi l’Eglise catholique et plus généralement les trois grands monothéismes s’inquiètent de concepts comme celui de construction sociale. Le Vatican y a réagi en réaffirmant son dogme concernant les différences entre les sexes et les relations entre hommes et femmes. Malgré des pressions internes pour la faire évoluer, ce dogme reste fondé sur la « nature », comprise comme l’ordre de la création divine » (p. 40). La construction sociale induit forcément de la discrimination parce que l’on va distinguer le sexe fort du sexe faible.

Il y a aussi la comparaison avec la nature et la vraie biologie. Toutefois, c’est omettre les animaux mi-mâle, mi-femelle, les hermaphrodites, la reproduction par parthénogénèse… Les choses sont toujours plus complexes qu’il n’en paraît. Qu’importe pour les opposants, il faut former au déterminisme social et de genre tous les enfants du monde. Les filles doivent se projeter comme mère au foyer, faisant le ménage et servant son mari. Il faut éviter de leur donner la possibilité de se projeter dans ce qu’elle veut. Par conséquent, tout ce qui prôner la tolérance est rejeté grâce aux mobilisations des conservateurs et religieux. Et après on trouve aussi normal les agressions physiques et morales à l’école avec des insultes en tout genre. La montée des extrêmes de tout bord partout dans le monde ne laisse pas espérer un avenir plus positifs, plus tolérants et plus respectueux des autres. Le livre explique très bien le mécanisme de la mise en place de la discrimination avec un discours bien rôdé. Néanmoins, on peut se demander à qui s’adresse cette bande dessinée. Il va s’adresser à des gens convaincus ou en quête d’information en étant ouvert d’esprit. Est-ce suffisant à faire vivre ce livre? Espérons que les médiathèques vont le rendre disponible et ne pas le mettre au pilon trop tôt. Une colère émerge en tournant les pages car on voit la haine prendre tellement de place en société avec les violences à côté. On referme le livre avec un apport de connaissance important. En fin, on a un historique des luttes trans et intersexes confié à un autre bédéaste. Tout l’aspect pédagogique est abordé, argumenté, en partie sourcée… forcément notre regard à changer.

Une bande dessinée audacieuse et courageuse qui ose parler d’un sujet ultra-sensible et très tabou avec le genre.

2 réponses à « Le Genre. Cet obscur objet du désordre – Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu  »

  1. Avatar de belette2911

    Une bédé pour moi, parce que je n’ai pas tout compris avec les genres, les disputes, les gens qui gueulent, ce fut pareil chez nous avec le programme EVRAS, qui parle de l’éducation sexuelle aux élèves (cours que nous avions eu à l’époque, mais qui, apparemment, s’est étoffé avec le temps) où les parents disaient qu’on allait apprendre aux gosses à se masturber, qu’il faudrait le faire devant la classe…

    bref, j’ai besoin d’avoir des faits corrects et non les débilités des gens qui hurlent au loup sans savoir. Quand à mon culte, il est sur la commode (San-Antonio) 😉

    1. Avatar de noctenbule

      Il y a eu beaucoup de propos mensongers pour choquer et qui n’avait aucun rapport avec le propos du genre. Mais évoque la construction sociale, le fait que des religions donnent des rôles et des pouvoirs différents si tu es un homme ou une femme… si tu expliques aux enfants qu’il faut respecter les autres et que tu peux tout faire, c’est problématique. Après il y a des meufs qui risquent de ne pas vouloir d’enfants, qui ne vont pas aller à la messe le dimanche, s’investir dans la vie paroissiale et tout le reste. Honteux tout ça.

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