24 heures de la vie d’une femme – Nicolas Otero

Stefan Zweig reste une source d’inspiration pour la bande dessinée. Nicolas Otera a décidé de s’approprier « 24 heures de la vie d’une femme » et de le plonger dans une autre époque. Les tourments d’une femme seront-ils de la même force ?

Direction eighties dans un hôtel chic en Californie. Tranquillement autour de la piscine, les locataires de quelques nuits discutent de la fuite de Clarissa avec un jeune homme abandonnant époux et enfants. Tous se permettent de juger de la morale de cette femme qui ose tout plaquer pour une amourette. Mais qu’en savent-ils vraiment des raisons qui l’ont poussé à partir ? Se croient-ils supérieur aux autres ? Brett Burroughs leur oppose un autre discours qui ne leur plaît guère. Cependant cette prise de partie va toucher une résidente qui l’invitera plus tard dans sa chambre. Elle a une histoire de coeur à lui raconter qui a duré une journée qui a, à jamais, bouleversé sa vie. Un récit qui ne laissa pas de marbre cet auteur toxico car il en fera un livre. D’ailleurs, n’est pas ce livre que nous venons de lire ? Le dessinateur se permet cette mise en abîme en fin de tome.

On ne peut garder qu’un très bon souvenir de cette nouvelle de Stefan Zweig. Son travail a été aussi adapté grâce la prouesse graphique de David Sala pour « Le joueur d’échecs ». Alors il y avait une attente assez importante pour la lecture d’autant plus avec cette couverture assez sublime avec un magnifique travail de couleur et de texture. La déception est arrivée très vite car l’univers graphique à l’intérieur n’a rien à voir. Normal, c’est la compagne du dessinateur qui l’a réalisé, 1ver2anes. On tombe sur un dessin, certes bien fait, mais standard qui respecte un code assez classique et qui se rapproche du comics américain. On retrouve dans quelques cases un travail de couleur mais ce n’est pas suffisant pour rattraper le reste. Les bordures des cases sont arrondies et parfois une demi-page se focalise sur un détail. Faire un choix de mettre l’histoire dans un contexte plus moderne peut éventuellement discutable toutefois pourquoi cette rupture dans le dessin ? Pourquoi la couverture n’est pas en regard avec le contenu. Nicolas Otera est manifestement à l’aise aussi bien à l’écriture qu’au dessin et au dessin, son talent est multiple. On ne se laisse pas emporter car les personnages ne nous touche pas. Il manque une force, une énergie, du tourment, de la passion qui ne se retrouve nullement. C’est comme si c’était une vraie illustration et nous une mise en récit.

Adapter une nouvelle en bd, n’est pas toujours facile. Mais en plus, changer l’époque, le pays, imposer un style graphique cinématographique, changer l’âge des personnages est un risque qui peut ne pas être payant. Ici, c’est le cas.

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