Le monde comme on l’a connu à totalement disparu. La population est dorénavant réduite à celle qui a pu tenir dans un train qui ne s’arrête jamais. Par contre la distinction par statut social créé du conflit.

4e de couverture
Un jour, la bombe a fini par éclater. Et toute la Terre s’est brutalement retrouvée plongée dans un éternel hiver gelé, hostile à toute forme de vie. Toute ? Pas tout à fait. Miraculeusement, une toute petite portion d’humanité a trouvé refuge in extremis dans un train révolutionnaire, le Transperceneige, mû par une fantastique machine à mouvement perpétuel que les miraculés de la catastrophe ont vite surnommé Sainte Loco. Mais à bord du convoi, désormais dépositaire de l’ultime échantillon de l’espèce humaine sur cette planète morte, il a vite fallu apprendre à survivre. Et les hommes, comme de bien entendu, n’ont rien eu de plus pressé que d’y reproduire les bons vieux mécanismes de la stratification sociale, de l’oppression politique et du mensonge religieux…
Bande dessinée majeure des années 80 créée par Jean-Marc Rochette et Jacques Lob, reprise à la fin des années 90 pour deux volumes supplémentaires par Benjamin Legrand après le décès de son scénariste, la trilogie du Transperceneige reparait en un volume unique à l’occasion de son adaptation au cinéma (« Snowpiercer », sur les écrans dès la fin de l’été) par le plus célèbre des cinéastes coréens, Bong Joon-ho. La redécouverte de l’une des meilleures sagas de science-fiction qu’ait produite la bande dessinée française : trente ans après sa création, Le Transperceneige n’a rien perdu de sa puissance et de sa singulière modernité.

Mon avis
Beaucoup de personnes ont découvert « Transperceneige » grâce aux adaptations soit au cinéma de Bong Joon-Ho ou soit en série sous le nom de « Snowpiercer ». Les français on proposé une idée d’une grande ingéniosité et très futuriste. La Terre va devenir inhabitable sous la forme d’avant. Un grand froid recouvre le tout et il est mortelle. Que c’est-il passé? On ne le sait pas trop. « Depuis l’temps qu’on nous disait des deux côtés que l’arme climatique était au point!… Tellement au point qu’elle a fonctionné au-delà de toute espérance! » (p. 67). Cet aspect ne sera pas plus développé. Alors que dans Valérian et Laureline on sait que c’est une bombe nucléaire qui a détruit la planète Terre. L’humain a été son pire ennemi. Là où Pierre Christin a trouvé la solution avec le voyage dans le temps. Jacques Lob lui propose un train qui traverse le monde de façon éternelle. « Le système Forester, vous connaissez? C’est pratiquement l’application du mouvement perpétuel : le mouvement de la machine engendre sa propre énergie, ou presque. La déperdition est minime et l’apport de l’énergie complémentaire, infime » (p. 106). Pourquoi dans le futur on n’aurait pas trouvé comment faire après tout?

Où va t’il? Là, il y a des rails. « A travers gel et désolation. Le train roule, sans destination. Toute vie, dehors a disparu. La terre promise n’existe plus ». (p. 43). Le classement social règne en maître dans l’organisation. Tout au bout, les plus pauvres qui n’ont rien et qui mangent les cadavres. Et dans les premiers wagons, le grand luxe avec de la viande de lapin, des légumes frais, de l’alcool et des prostitués femmes. Le système dominant avec des hommes qui dirigent tout ne change pas. Pourquoi le futur serait-il plus éthique? Mais le scénariste nous propose de suivre deux personnages, un mec qui prend les devants qui est rebelle et une femme, qui joue de son charme et veut lutter contre l’injustice par les mots. Par conséquent, quoi de plus naturelle qu’elle meure à la fin. L’aventure nous permet de voir vraiment l’organisation qui tient avec des rapports de force et une distinction dans les privilèges sans omettre les militaires et la religion. Rien qu’avoir de l’espace marque bien la différence.

Comme on remonte tout le train jusqu’à sa tête, on perçoit bien toutes les nuances qui sont le reflet de notre société. Cela laisse assez songeur et donne envie de développer son esprit critique pour imaginer une vision du futur plus égalitaire et juste. Même en question d’alimentation, c’est assez bien expliqué. L’idée de wagons-potagers est brillante. « – Wagons-potagers? Vous faites pousser des légumes?
– Ben oui, certains wagons sont équipés pour ça fonctionnait déjà avant… Non. Il n’y a pas de rats par chez nous, juste de la souris alimentaire, on en fait de l’élevage… Et vous? Comment faisiez-vous, là-bas? » (p. 18). On voit un espace qui font un truc qui ressemble à de la viande sans que l’on sache ce que s’est. Et l’autre l’élevage de lapins qui est considéré comme la viande la plus écologique et nutritive. Ils mangent un peu de tout et ils se reproduisent vite. En effet, celui qui possède les femelles est en situation de force. Rien n’est laissé au hasard dans cette dystopie.

La mort est omniprésente déjà avec ceux qui n’ont pas pu monter à bord du train. Les plus riches eux étaient bien présents avec le confort nécessaire. Pour les autres, cela a été la lutte. Puis ceux qui voulaient fuir les wagons à bestiaux ont été massacrés puis on a largué leurs wagons. Par la suite, une maladie s’est diffusée et personne ne savait comment soigner les malades. Les morts s’accumulèrent. Et au bout d’un temps, il ne resta plus qu’un homme à la tête du train. Il tient compagnie à la machine. N’est-ce pas la folie qui arrive quand on devient le dernier de son espèce? A chacun d’y répondre avec son point de vue sur sa philosophie de la vie. Le dessin en noir et blanc de Jean-Marc Rochette est précis, net et apporte un côté abrupte et violent à ce récit. Tout est fait pour mieux nous immerger. On sent une influence des débuts d’Enki Bilal sans la partie un peu merveilleux. Une lecture complète et plus immersive dans sa version de luxe en très grand format.

Est-ce que l’argent fait tout? Il vous permettra surtout d’éviter la mort en cas de grand refroidissement. Néanmoins lutter aussi contre les systèmes en place change les choses.

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