Climax – Tome 3 – Les faiseurs d’aurore – Luc Brahy, Eric Corbeyran, Achille Braquelaire et Bérangère Marquebreucq

L’avenir d’Imago Mundi est assez compromis. Entre une entreprise qui refuse de payer une facture et un projet avorté en cours de route. Va t’il falloir renoncer ou se battre en cherchant qui est derrière cette manigance?

4e de couverture
Harald Haarfager revient de loin. Dans tous les sens du terme. Son voyage de reconnaissance dans le Grand Nord canadien a failli mal se terminer et il ne doit la vie qu’à l’intervention d’un chasseur Inuit. Cette expérience lui aura toutefois permis d’y voir un peu plus clair sur les énormes enjeux politiques et économiques liés au réchauffement de la planète…

Mon avis
On commence avec une focale sur un personnage : Harald Haarfager. Le patron d’Imago Mundi est en fauteuil roulant suite à des aventures très périlleuses. Suite à un accident, il finit en fauteuil roulant. Il ne renonce pas pour autant à remarcher à un jour. Par conséquent, quand un de ces amis expérimente une nouvelle méthode avec des jambes bioniques, il veut être le premier. Par conséquent, c’est le premier bien qu’il n’a plus 20 ans. La technologie est au coeur de son métier. D’ailleurs, peu de temps après l’opération, il part enquêter sur des terrains où tout est possible. Par l’exemple, une attaque d’ours. C’est ainsi que face à un ours, il reste saisit sur place. Ses jambes n’ont pas voulu fonctionner. Est-ce du au froid? Heureusement que des autochtones étaient présents pour lui sauver la vie. Autour du feu et une conversion informelle, il entend parler d’aurore boréale artificielle. Voilà le lien avec le titre de cet album. Quand l’homme rentre, il retrouve le reste de son équipe et ils mettent les points sur les i. Quelqu’un ou une organisation précise veut les clouer au pilon. Pourquoi et qui? Grâce à toutes leurs investigations, ils trouvent des réponses qui ne demandent qu’à être confirmées. Pour l’instant tout se dirige vers les américains présents aussi pour le pétrole, les diamants et des bases pour récolter des données.

L’écologie est bien entendu toujours très présente. D’ailleurs dès le début, on retrouve la présence d’un ONG précédemment concernée par le travail d’Imago Mundi. Un de leur partisan aurait été touché par un laser de haute technologie. Personne n’en a subit de conséquence. Eux en tout cas n’attendait pas qu’un politique les appel pour ceux. Ils continuent la lutte en mettant un panneau géant sur une façade d’une multinationale. On peut y lire : « Stop EGGO world’s biggest climate criminal ». En effet, si on remplace les G par une autre lettre, on trouve une organisation qui fait plus d’une fois les choux gras des écologistes de tout bord.

Dans le grand nord canadien, Luc Brahy nous montre vue du ciel un site d’extraction qui modifie profondément le paysage. « Vous rendez-vous compte, messieurs, que grâce aux gisements des territoires du nord-ouest, le Canada est devenu en moins de dix ans le troisième producteur de diamants bruts au monde? Et cette région dispose d’un potentiel considérable, surtout si l’on remonte vers l’Arctique… » En effet, tous ces éléments sont également vrais. Le Canada est devant le Botswana et la Russie. Le personnage poursuit sa phrase : « – Sous la glace? – De la glace dont les jours comptes… de nombreux sites jusqu’à présent inaccessibles vont devenir exploitables. – En somme, le dérèglement climatique n’a pas que des détracteurs!… » Même constat que précédemment surtout que les premières entreprises sur l’exploitation sont celles qui risquent de gagner le plus d’argent. La protection de l’environnement passera toujours après le profit.

Cette notion de réchauffement climatique se retrouve aussi à travers le constat des locaux qui doivent modifier leur mode de vie. « – Iyukak veut dire que les températures sont anormalement élevées pour la saison. – Cela fait plusieurs semaines que nous devrions être sous la neige… ». Sans omettre aussi les soucis liés à l’exploitation des sols : « Une catastrophe pétrolière nous a poussés à quitter nos terres et à migrer jusqu’ici ». Que s’est-il passé : « Le grand pipeline qui traverse le « continent » [Alaska] s’est rompu… le métal était érodé à certains endroits… Une fuite s’est produite et plus d’un million de litre de pétrole se sont déversés dans la toundra… Il s’écoulera certainement des milliers d’années avant que les enfants de nos enfants puissent à nouveau chasser sur ces terres ». Les exemples ne manquent pas sur de nombreux sites d’exploitation. Il est rare que les exploitants fassent le nécessaire pour dépolluer si cela ne leur rapporte rien ou s’ils ne sont pas contraint.

L’étude de la pollution se fait sur différents sites sur la planète. On retrouve la base antarctique Dumont-d’Urville, base scientifique française située sur l’île des Pétrels, en terre Adélie. C’est un véritable site de recherche réputé. Si on cherche à modifier les résultats de recherche pour éviter toute mise en garde, c’est tout un système qui est mis en branle. « Le premier de ces éléments est l’étude sur le réchauffement planétaire. Le phénomène ne fait malheureusement plus de doute, mais il reste encore à évaluer l’ampleur. Les enjeux écologique, écologique et politique sont énormes et les études menées sur les bases polaires pour préciser l’influence des gaz à effet de serre et le rôle du facteur humain sur le réchauffement sont primordiales ». Donc si on modifie les vraies données à la source cela ne peut qu’être positif pour ceux qui souhaitent en tirer profit financièrement. « Les analyses contradictoires suscitent des doutes et les doutes alimentent les arguments des sceptiques auprès des pouvoirs publics. Les décisions qui s’imposent tardent à être prises et sont sans cesse repoussées ». Le soft power est prêt à tout pour garder un monopole. « Rien de surprenant après tout. Le lobbying d’Eggo contre les mesures de restriction énergétique est bien connu… On estime qu’ils dépensent plus de quinze millions de dollars pour financer la désinformation climatique. Commandes auprès de scientifiques dissidents d’articles défendant la thèse d’un réchauffement naturel, soutiens aux parties politiques pré-pétroliers… » (p. 40). Un sujet très rarement abordé dans le 9e art surtout qu’encore une fois tout cela est véridique. Une fiction audacieuse qui a une volonté réelle de faire réfléchir le lecteur à l’état du monde à ce jour. Sachant que la bande dessinée date de 2019 et que le bilan n’est guère plus flatteur en 2023.

Les scénaristes s »appuient des éléments réels pour leur fiction. Par exemple, the High-frequency Active Auroral Research Program (HAARP) existe vraiment. « Cette forêt d’antennes est capable d’émettre de puissantes impulsions radio en direction de la ionosphère. » Après est-ce qu’elle est dans la capacité de provoquer une aurore boréale? Récemment elle a créé des nuages de plasma artificiels utilisables pour les télécommunications ou la détection par radar. Alors pourquoi pas après tout? Parfois la réalité dépasse la fiction. On verra dans le dernier tome la finalité de ce lieu et pourquoi créer des aurores boréales sachant que les conséquences peuvent être importantes.

Une série audacieuse qui ose montre la corrélation entre pouvoir et lobby dans le but de se faire de l’argent le plus rapidement possible. Quel sera l’avenir du monde?

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