22h05 rue des Dames

Penss ne voit pas le monde de la même manière que son entourage. Par conséquent, il risque la solitude dans un monde où l’on pense en groupe. Une rencontre peut changer une vie.

4e de couverture
À l’aube des temps, Penss, piètre chasseur, passe ses journées à contempler la beauté de la nature. Rejeté par son clan, il est contraint à la survie en solitaire et promis à une mort certaine. Mais au printemps, il arrache à la terre son plus grand secret : tout dans le monde se déplie inéluctablement.

Une nouvelle vie commence pour Penss et, il en est certain, un nouvel avenir pour l’humanité…

Mon avis
Jérémy Moreau n’est pas un bédéaste ordinaire. Pour écrire ses scénarios, il attend une rencontre souvent avec des mots. Pour « Penss et les Plis du monde », il s’inspire d’une célèbre phrase de Jean-Jacques Rousseau dans « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes » : « Le premier qui, […] ayant enclos un terrain, s’avisa de dire, ceci est à moi […] fut le vrai fondateur de la société civile. […] Gardez-vous d’écouter cet imposteur; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne ». Cela se sent dans la scène où Penss fait pousser ses premières plantes et pose une clôture autour. Il créé ainsi une frontière entre nature et culture, qui est le problème fondamental de notre société actuelle. L’humain veut contrôler la nature à tout prix jusqu’à la taille de son gazon dans son propre jardin. Le héros pense à contre courant par rapport à son époque, les Hommes préhistoriques, qui voyages en groupe au gré des saisons. Penss veut se sédentariser à tout prix maintenant qu’il a découvert le secret des végétaux. Malheureusement, cela ne suffit pas à être libre. La maîtrise a des limites. Souvent, il n’est pas toujours question de la nature. L’Homme sait très bien aussi saccagé le travail des autres pour garder le monopole et s’approprier ce que font les autres. La loi du plus fort n’est pas toujours la plus maligne.

Jérémy Moreau a un rapport à la nature assez singulière. On l’a retrouve toujours dans son oeuvre comme par exemple dans les « Les pizzlys« . L’être humain a une relation à la terre, au ciel, aux éléments naturels même s’ils ne s’en rend pas compte. Tenss a une vision du monde grâce à ces plis que l’on perçoit dans le sol, les pierres et Craie qui échange avec l’invisible. A eux deux, ils montrent la relation que l’on peut avoir avec l’invisible et qui donne un sens à la vie. Une corrélation des deux permet de prendre un nouveau départ. Surtout que tout prend un autre sens quand un enfant apparaît. On veut quelque chose de meilleur et de mieux pour lui. La mort et la naissance confrontent l’individu à son rapport à ce qui l’entoure. Il doit faire ce face à des émotions fortes qui peuvent donner un nouveau départ et modifier la vision du monde. Ce ressenti trouble se traduit également par le graphisme et le choix des teintes assez particulière. On est loin d’un dessin standard et des autres choses qu’il a fait dans ses autres albums. Il y a une douceur qui s’affiche même dans les situations dramatiques ou violentes. Un ouvrage assez complet qui ne laisse pas indifférent.

Un conte mis en bulles avec talent et passion. Parler d’humanisme, d’écologie, du rapport entre l’Homme et la nature dans un cadre préhistorique imaginaire est audacieux. Ce n’est pas donné à tout le monde d’y arriver avec autant de délicatesse, d’amour sans omettre un esprit critique.

L’avis d’Enna lit : « Cet album est absolument magnifique! le découpages des planches est original et les dessins, les couleurs sont tout simplement sublimes! Et puis le sujet est très intéressant car il s’agit de l’évolution du monde, de l’appropriation de la nature par l’homme. « 

Du même artiste :
– Le discours de la panthère – 2021
– Max Winson
– La saga de Grimr
– Le Singe de Hartlepool
– Les pizzlys