
Edouard Manet a marqué le monde de la peinture surtout avec la scandaleuse « Olympia ». Catherine Meurisse a décidé de s’emparer du personnage pour emmener le lecteur dans une visite étonnante des œuvres dans le musée d’Orsay. Attention le voyage va être riche de connaissance et d’humour.
« Olympia » de Manet rêve d’être d’une star. Elle voudrait tellement incarner Juliette de Shakespeare. Mais elle se fait recaler car elle est un peu poisseuse la demoiselle. En plus, sur le chemin, elle rencontre souvent la Vénus d’Ingres qui est sacrément prétentieuse. Même ces angelots ne la supportent plus. Le pire, c’est qu’elle va lui voler son Roméo qui n’est autre qu’un romain de la toile de Thomas Couture (maître de Manet). Et elle va créer un gros conflit qui va opposer les artistes officiels à ceux refusés. Ainsi, elle ne peut pas le fréquenter sans créer des conflits au sein des personnages de peintures.

La pauvre Olympia a bien été proposée pour être présente au salon officiel en 1863. Malheureusement elle a été jugée trop scandaleuse. Elle a été alors exposée au salon des refusés avec plus de 2 000 de ces semblables. Il y a de quoi créer des rivalités. Mais cela peut-il suffire à séparer deux êtres qui s’aiment ?

Alors lorsque la Vénus cherche une doublure pour lui éviter de se salir où se blesser, c’est Olympia qu’elle réclame. Elle voudrait l’humilier le plus qu’elle peut, la grosse vilaine. Bien entendu, la méchanceté, dans les histoires en tout cas, se retournent à un moment contre eux. Et oui, l’Amour finit toujours par triompher alors on peut fermer la bande dessinée avec le sourire.

Je ne sais pas trop ce que Catherine Meurisse a pu consommer pour la création de sa bande dessinée, mais c’était bien corsé pour remuer les neurones. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu une bd aussi barrée, drôle, percutante et pédagogique. J’ai presque rigolé à chaque page tellement d’une part l’histoire est totalement cohérente de loufoquerie et que les références à l’Histoire de l’art ou du cinéma sont mises avec précision et exactitude. Si on ne connaît pas ce n’est pas grave, tu passes et si tu connais, tu te dis que cette dessinatrice est drôlement maligne et très brillante.

Connaissant un peu le musée d’Orsay et les peintures de Manet, on voit pleins de références. C’est un vrai régal. Comment ne pas tomber sous le charme de la scène où les deux types de personnages, les acceptés et les refusés, s’affrontent avec la référence à l’affrontement dans la cours de West Side Story avec les claquements de doigts et les scènes de danse. On entend dans sa tête la musique. Les clins d’oeil vont plus loin et dans tous les sens. C’est avec un non-sens logique que l’on croise les ballerines de Degas qui parlent de virginité, que l’on va dans la chambre vide Van Gogh, on se balade sur le bord de la Falaise d’Etretat après l’orage de Courbet… Olympia a été modèle cuisse pour l’Origine du monde de Courbet. Elle fait la fête avec les femmes du Moulin Rouge de Toulouse-Lautrec…

Il est très agréable de lire une bande dessinée tellement riche, subtile, drôle et surtout intelligente. Comment après ça ne pas avoir envie de lire tous les ouvrages de Catherine Meurisse? En plus, la « Moderne Olympia » de Sézanne me semblait faire un peu tâche dans la galerie des impressionnistes, je sais que maintenant, elle va me faire sourire à chaque fois que je vais passer devant.


Une désacralisation de peinture qui fait du bien surtout quand cela fait rire. Un one-shot complétement déjanté que vous allez aimer, qui va vous donner envie de revoir vos classiques et d’aller se balader dans le musée d’Orsay.



L’avis de Plaisir à cultiver : « « Moderne Olympia » est une bande dessinée parfaitement réussie qui sait rendre hilarantes et accessibles les œuvres du musée d’Orsay. »
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