La vie dans le petit village semblait tranquille et reposer. C’est du moins juste une apparence car quand arrivent la police tout change. A partir de là, il va se passer quelque chose de singulier.

4e de couverture
Un village des Landes qui subit la promiscuité dérangeante d’un centre de recherche de l’armée, s’envole soudain dans les airs. Porteur d’espoir et de liberté, le village volant sillonne la France pendant que les militaires se transforment peu à peu en créatures monstrueuses. L’armée désabusée sera contrainte de négocier avec les habitants le retour à la terre du village.

Mon avis
Il est préférable de lire « Rumeurs sur le Rouergue » de Pierre Christin et Jacques Tardi avant de débuter cette trilogie. On trouve des extraits de cet album au début de « Légendes d’aujourd’hui ». Car la rébellion du petit peuple contre l’installation d’un industriel avec l’appui de politiques corrompus à empêcher un projet d’importance de s’installer. Cela ne sera pas une deuxième fois ont décidé les responsables politiques et militaires. Seulement, ils souhaitent des choses qui ne reposent pas uniquement sur leur bien vouloir. Pierre Christin utilise une nouvelle fois la magie et le fantastique pour défier l’ordre national. Le scénariste affirme son esprit de contestataire. Ici, on trouve des humains, du moins en apparence, possédant des pouvoirs. Un homme arrive à faire voler tout un village dans le ciel.

Quelle chance qu’Enki Bilal partage cela ainsi qu’une envie de protéger l’environnement. Par contre, pour les fans du dessinateurs, sachez que nous sommes à ces premiers albums. Vous ne retrouverez par ce graphisme moderne que tant lui connaisse. Il n’est pas encore arrivé là. Mais il propose un dessin dense, riche et assez sombre. Il utilise beaucoup le noir ce qui intensifie la situation.

Le récit déroute. Est-ce du à la forme? au fond? ou les deux? au contexte politique des années 70 qui diffère du lecteur actuel? Impossible trop de dire. On sent l’influence d’une époque dans de nombreuses productions de la même période. Avec un petit effort, on se laisse porter par cette douce folie. Un village vole dans le ciel avec son lot d’habitants réfractaires et de curieux. Trop incroyable pour certains et trop improbable pour d’autres. L’accent est surtout mis sur les attitudes des supérieurs militaires au sol. Cette débandade les met à mal. Et leur physique, assez ingrat à la base, en prenne un coup sévère. Malgré tout l’équipement qu’ils possèdent, ils ne peuvent rien faire. Intolérable. Et quand, ils attaquent avec des véhicules classiques, là aussi c’est le drame. Le village ne restera pas tout le temps dans les airs. Cette translation est aussi une occasion d’évoque l’écologie. Pour de l’argent, des personnes influentes acceptent des projets nuisibles pour la nature. Des citoyens lambda et des êtres fantastiques luttent pour les préserver quittent à perdre. Seuls ceux qui ne font rien n’aboutissent à rien. Les personnages parlent de faits réels comme la lutte du Larzac, les manifestations contre l’ouverture de centrales nucléaires, la bétonisation du littoral, l’industrie polluant les rivières… Une façon subtile de mettre le trouble entre la réalité et la fiction. Parfois la réalité est difficile alors autant imaginer qu’il existe des solutions concrètes. La lecture de la suite s’impose pour découvrir jusqu’où cela va nous mener.

Une lecture révolutionnaire où la magie est au service de la société.

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