Les Rescapés du burn-out – Philippe Zawieja, Jean-François Marmion et Mlle Caroline

Le travail c’est la santé disent certains. Mais c’est aussi une source de souffrance forte que l’on peut nommer burn-out. Qu’est-ce que c’est et comment on peut s’en sortir?

4e de couverture
Les mécanismes, les causes, les thérapies et tout ce qui peut vous aider à comprendre et à surmonter le burn-out.
Anna, Théo et Lucie sont tous les trois frappés par un mal sournois. Il est venu à bas bruit, par accumulation : surcharge de travail, manque de reconnaissance, absence de contrôle, etc. Cela finit par affecter leur humeur, leurs relations, leurs désirs. Et leur santé. Ils finissent à terre, même s’ils aiment leur métier.
Dans cette BD novatrice, on suit ces personnages dans leur quotidien, on décrypte les mécanismes du burn-out, ses causes, les conséquences… Et la façon dont on peut s’en sortir, du diagnostic au parcours de soin. C’est éclairant, parfois drôle et toujours utile.
Quels sont les signes du burn-out ? Faut-il changer de travail ? de vision du travail ? de vie ? Quel est le rôle de l’entreprise ? Comment choisir le bon psy ? etc.

Mon avis
Le 9e art traite assez peu les problèmes psychologiques. Alors Les Arènes ont décidé de consacrer une collection autour de la santé mentale qui se nomme « BD psy, comprendre et aller mieux ». Dans ses premières publications, on trouve un ouvrage consacré au burn-out. Pour mieux l’expliquer, on suit le parcours de trois individus : une aide-soignante auprès du troisième âge, un professeur dans une cité et une responsable marketing digital dans une start-up et jeune maman. Trois parcours différents et pourtant un point commun d’importance : la souffrance liée au travail. Il y a six causes identifiées : sentiment d’une trop grande charge de travail, sentiment d’un soutien social insuffisant, sentiment d’un manque de contrôle sur le travail, sentiment d’un manque d’équité, sentiments d’exigences professionnelles et de valeurs personnelles en contradiction. Des signes que bien des gens peuvent identifiés. Mais le burn-out n’est pas une maladie professionnelle. Elle reste du domaine de la psychologie. Ce qui n’empêche pas d’avoir un accompagnement par un médecin généraliste qui prescrit les arrêts maladies. Et aussi d’un psy pour l’accompagnement du mal-être, fatigue, épuisements… pour mettre des maux sur des mots. Souvent le complément mot et médicament est préconisé.

Les deux auteurs Philippe Zawieja, psychosociologue et chercheur ainsi que Jean-François Marmion, scénariste et psychologue abordent le sujet par le biais de leur pratique. Même si en effet, on voit une progression à travers des saisons et des personnages, c’est toujours l’aspect psy qui est abordé. D’ailleurs, la fin de l’ouvrage explique les différents types de psy, les méthodes, les prix et même trouver un professionnel. C’est assez intéressant et très bien expliqué. Ce domaine reste assez opaque pour les néophytes. On ressort de la lecture avec vraiment un bagage de compréhension sur l’histoire de la considération du burn-out, la difficulté de l’identifié, le fait que l’on puisse aider les personnes concernées, qu’il faut laisser au temps son aptitude à réparer… Il est dommage qu’il ne soit pas proposé les numéros de téléphones, chat ou autre plateforme d’accompagnement psy en urgence. Parfois, en urgence ou par hésitation, une approche distancielle et numérique favorise la première prise de contact.

Néanmoins, il manque des aspects plus médicales, sociétales et organisationnelles. Il y a des acteurs importants sur la chaîne d’aide en dehors du psychologique. Quand on déclare en entreprise du harcèlement, c’est au service RH d’agir concrètement. Cela s’appelle la gestion des risques psycho-sociaux. Bien souvent, cette aspect est négligé bien qu’il soit obligatoire. Il y a des syndicats qui doivent aussi jouer un rôle de relais, de prévention et de protection. Bien entendu la médecine du travail qui est normalement un interlocuteur phare. Malheureusement leur réputation d’incompétence n’est pas galvaudé. D’ailleurs, les plaintes pour non-assistance à personnes en danger sont en net augmentation. On peut aussi demander de consulter les psy de la médecine du travail, censés plus vous écouter dans la limite de trois consultations sur votre temps de travail. Il y a également des acteurs extérieurs comme l’INRS, l’inspection du travail, l’ANACT… Puis il y a aussi des freins à l’amélioration des situations avec des médecins qui ne croient pas à cette souffrance et se moquent, voir pire de leur client. Sans oublier aussi, les médecins de l’assurance maladie qu’il faut aller voir sur des arrêts maladies longues durée. Le respect des patients, la considération, l’empathie ne sont pas inhérentes à leur métier. Eux aussi peuvent sans scrupule vous rabaisser en minimisant votre situation et en ridiculisant votre état. Le psy est vraiment tout en bout de chaîne. Si personne ne vous écoute vraiment au départ, le reste de la chaîne reste caduque.

Une approche pédagogique du burn-out très construite et précise qui met des mots sur des maux.

Les Rescapés du burn-out

Les Rescapés du burn-out

Philippe Zawieja

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6 commentaires

  1. Oui, dangereux le burn-out ! J’ai discuté une fois avec une connaissance qui en avait fait un et descendre au magasin acheter un truc, c’était quasi de la mission impossible ou très difficile… :/

    • C’est difficile de s’en sortir car il faut accepter que c’est long. Il faut accepter le mal-être pour trouver des solutions. Et l’entourage n’aide pas souvent car on nous inculque que le travail c’est la santé, s’arrêter c’est pour les feignant 🙂

      • On ne peut pas comprendre le burn out si on ne l’a pas vécu, comme pour bien des maladies, des douleurs, des souffrances. Le malade n’est pas compris, on ne comprend pas pourquoi il ne veut pas se lever de son lit et qu’il n’a envie de rien.

      • C’est très émotionnel et pesant. Beaucoup de gens de l’extérieur disent juste que c’est de la feignantise. Etre au bout c’est difficile surtout gérer les idées noires.

      • On ne comprend jamais les douleurs des autres… je sais de quoi je parle, on pensait aussi que notre neveu ne voulait pas faire d’effort à l’hosto, pour marcher alors qu’il crevait de douleur, mais qu’il ne disait rien :/

      • il y a l’imaginaire que les gens sont binaires les actifs les passifs, les feignants et les non feignants… Donc quand on est face à des gens en souffrance l’empathie n’est pas toujours facile. Cela déstabilise.

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