La bande dessinée au tournant – Thierry Groensteen

La bande dessinée n’est pas un médium comme les autres. Thierry Groensteen en sait quelque chose car c’est un expert dans le domaine. D’ailleurs, il va faire une analyse du marché avec un oeil critique et passionné.

4e de couverture
La bande dessinée est aujourd’hui à un tournant de son histoire. Son image sociale s’est considérablement améliorée, sa légitimité culturelle ne fait plus guère débat. Or ces évolutions, qui font d’elle un objet de mieux en mieux identifié et de plus en plus reconnu, se produisent alors que le marché, lui, au sortir d’une période de croissance continue, connaît une véritable crise, impactant tant les marges des éditeurs que les revenus des auteurs.
Dans le cadre des États généraux de la bande dessinée, lancés en janvier 2015, qui se proposent de « faire un bilan et une analyse la plus exhaustive possible de la situation », ce petit livre interroge à chaud les évolutions récentes de la production éditoriale, la féminisation de la profession, l’essor de la non-fiction, la situation de l’édition alternative, la multiplication des formations spécialisées, la percée de la bande dessinée sur le marché de l’art, sa place à l’université et quelques autres questions d’actualité.

Mon avis
En 2006, Thierry Groensteen a publié « Un objet culturel non identifié : La bande dessinée » où il faisait un bilan global sur le 9e art. En 2017, il décide de remettre cette analyse pour voir les changements dans les créations, les segments de vente, les attributs des objets de consommation, les nouveaux marchés… Il ne faut pas y voir pour autant un ouvrage à destination d’un public spécialisé pour favoriser et confirmer un entre-soi. Comme à son habitude, l’auteur est plus dans le domaine de la vulgarisation pour l’accès à tous, au monde merveilleux et complexe du 9e art. Donc, rassurez-vous vous aurez un confort de lecture d’un individu qui n’est plus à son premier livre sur la bd. Sa bibliographie est assez impressionnante. Donc, si vous cherchez une valeur sûre, vous l’avez trouvé.

Lorsque l’on se rend dans une librairie spécialisée ou non, on se rend compte de l’incroyable production de bd. Les maisons d’édition et collections sont incroyablement nombreuses et leur production est à leur image. Par conséquent, beaucoup de produits mais peu d’élus. Mais assurez quand même une rentrée économique, on republie les vieilles créations d’un autre temps. N’oublions pas que c’est un produit économique avant tout. Les auteurs se permettent un peu tout en accord aussi bien avec leur folie, leur passion ou leur colère. Oser n’est pas toujours gagnant mais c’est essayer quand même. Il évoque aussi la position des femmes souvent oubliées par le passé. Dorénavant, plus mise en avant. Est-ce vraiment parce que les genres sont plus ouverts avec les récits plus personnels? Je n’en suis pas vraiment convaincue donc il va falloir chercher pour affirmer une certitude.

La bd gagne aussi une certaine légitimité en s’exposant dans les musées, en devenant le coeur de thèses, en ayant des cours de bd dans des universités, en étant un outil de spéculation avec des originaux… L’avantage est que nous avons une multitude de source pour creuser les approches aussi bien dans les lectorats, les genres, la diffusion, les éditeurs, les typologies de publications… Un occasion aussi de se plonger dans le site du9 pour développer son esprit critique. Bref, c’est un vrai régal de lecture qui pose un regard critique et construit sur la bande dessinée.

Un essai très intéressant qui se dévore d’un trait. Comment ne pas avoir envie de lire ou relire les ouvrages de Thierry Groensteen.

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