Crimes exemplaires – Max Aub

Vous vouliez savoir pourquoi et que ressentait après leurs crimes certains meurtriers ? Vous en rêviez, Max Aub l’a fait pour vous. Allez à la rencontre de ces criminels qui vont vous raconter quelques histoires. Tenez-vous prêt.


4ème de couverture
Il pourrait s’agir d’un (petit) volume de confessions. A la faveur d’une préface mi-figue mi-raisin, où mauvaise foi et sincérité confondent assez vertigineusement leurs rôles, l’auteur nous laisse croire que les « crimes » dont il est question dans son livre sont le fruit d’une longue enquête auprès des divers (et nombreux) assassins qu’il a pu croiser sur deux continents. Mais très vite l’on sent que ces actes irréparables, il les prend à son compte : oui, c’est bien lui qui a commis (ou rêvé de commettre ?), au long d’une vie très ordinairement remplie, cette centaine de meurtres perpétrés au moyen d’armes variées, simples ou sophistiquées suivant les cas, dans des mises en scènes baroques ou classiques, par souci de morale et de vertu le plus souvent, de justice toujours. Cioran aimait à dire qu’il ne se souvenait pas avoir vécu une journée de sa vie où ne lui fût pas venue au moins une fois, et généralement plusieurs, le désir d’occire un (ou plusieurs) représentants de cette tribu que l’on appelle l’humanité. Avait-il lu le petit livre de Max Aub ? Il n’est plus là pour nous le dire. L’eût-il fait qu’un vif sentiment d’envie n’eût pas manqué de l’étreindre, car le señor Aub n’y va pas de main morte, si l’on ose dire.


Ce que j’en ai pensé ?
J’avais demandé à mon libraire de me proposer un roman avec de l’humour noir, qu’importe le genre. Je n’ai pas été trop étonnée quand il m’a proposé un livre de Max Aub. L’auteur espagnol peu connu en France est réputé pour sa plume incisive et cruelle. On m’avait promis un ouvrage d’une drôlerie étonnante. Etonnant, je ne serais dire le contraire. On trouve à travers les pages 130 courts récits de crimes avoués et justifiés par les meurtriers. L’auteur prétend qu’ils sont authentiques. Mais on n’en saura pas plus sur la véracité que je remets en doute tellement les témoignages sont distanciés, froids et cruels. En tout cas, les paroles mettent en avant l’absurdité de la cruauté humaine.

Une personne l’a doublé, sa tête ne lui revenait pas, il était de mauvaise humeur, voilà quelques exemples de bonne raison pour tuer quelqu’un. Et oui, ce sont des choses qui arrivent et pourquoi faudrait-il une meilleure raison ? Il affiche un certain cynisme qui ne devrait pas déplaire à de nombreux lecteurs. Toutefois, je n’ai pas plus apprécié que cela ces petites phrases et histoires qui se sont succédées. Peut-être qu’une partie de moi ne souhaite pas voir l’absurdité d’un monde si noir et fou. L’homme montre sans cesse sa noirceur alors pourquoi ne pourrait-on pas en rire ? Un cynisme a chaque pseudo témoignage qui nous renvoie à la férocité du monde.

Si la noirceur de l’homme vous tente pour vous prendre une tranche de rire. Vous pouvez essayer. Mais je ne garanti pas le résultat. 

1981 : Grand Prix de l’Humour noir

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