Idéal standard – Aude Picault

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Claire a dépassé la trentaine et le célibat lui pèse. Elle rêve d’amour, de complicité et d’enfants. Mais l’homme idéal ne se trouve pas si facilement. Toutefois l’espoir persiste et lui donne le sourire. 


De quoi cela parle?
Claire, trentenaire, infirmière en néonatalogie voit défiler les hommes pour une nuit ou trois mois. Trouver un homme pour une nuit ce n’est jamais très compliqué. Elle en veut plus. Elle désire un homme à aimer au quotidien et qui l’aimerait en retour. Puis après un moment, ils construiraient ensemble une famille. Le plus difficile est de trouver l’homme qui partagera sa vie. 

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Lors d’une soirée, elle rencontre Franck. Au début, elle est un peu distante. Puis petit à petit, ils se rapprochèrent pour former un vrai couple. Elle quitte son logement pour aller vivre chez lui. Au début, tout est rose puis petit à petit des questions viennent se poser. Au lit, ce n’est pas l’extase et il n’arrive pas à comprendre que ce n’est pas seulement son plaisir à lui qui compte. Puis lorsqu’elle tombe enceinte, il lui reproche déjà qu’elle a oublié sa pilule avant tout enthousiasme pour construire un futur à deux. C’est une goutte d’eau qui fait déborder le vase. 

Lui, prend de plus en plus ces distances. Elle, réfléchit si vraiment elle se voit encore rester avec lui pendant quelques années. Que c’est-il passé pendant ces trois années? Il faut faire un choix et avancer en gardant toujours en soi l’espoir d’un lendemain plus beau.

Ce que j’en pense
Aude Picault aborde avec humour et sincérité des sujets comme le désir, le bien-être, la sexualité, la plaisir réciproque, le patriarcat, l’amitié… La notion de couple a beaucoup évolué avec le temps. Le personnage de Claire discute avec sa mère dans la cuisine du couple qu’elle formait avec son père. Elle a du divorcé et c’était compliqué pour une femme de sa génération. Le mariage était l’opportunité de quitter le milieu familiale. C’était bien rare que ce soit un acte l’amour. La construction sociale impose un rôle à l’homme et à la femme. Chacun à sa place avec tout de même une supériorité de monsieur pour qu’il puisse garder son confort à la maison. La femme doit occuper la sphère privée et intérieure en plus de son travail. Cela ne date pas de si longtemps le droit d’ouvrir un compte bancaire, de garder l’argent de son travail, de vivre seule, de porter un pantalon… Il n’est pas aisé de trouver sa juste place entre les impératifs des autres et son besoin de liberté.

Claire peut vivre seule et cela n’étonne personne. Elle a le droit d’avoir des attentes et d’être épanouie dans la vie. Parfois, on essaie. On échoue. Et puis, il faut recommencer et avancer. On ne sait pas de quoi demain sera fait. Il est important de savoir ce qui permet d’être bien au quotidien. Son travail avec les enfants lui apportent beaucoup. Ces amis sont toujours autour d’elle et la soutienne. La réciproque est vraie également. La famille n’est plus seulement celle des gênes. C’est celle qui sait vous aimer pour ce que vous êtes sans obligation. 

L’héroïne est une femme assez ordinaire dans laquelle la plupart des lectrices peuvent se rencontrer. Sa caractéristique est son appétit de vie et de bonne humeur au quotidien. Elle montre la pression sociale que subisse les femmes sur le fait de ne pas être en couple, de ne pas avoir d’enfants, de se valoriser sans trop en faire, de devoir être performante au lit sans trop en dire, de la prédominance de la satisfaction de l’homme… Elle montre le besoin d’être au norme et cela va jusqu’à la couleur d’une tenue pour un enfant. Une pression discrète mais réelle et étouffante. Un reportage au plus proche de la nouvelle génération de trentenaire qui doivent jongler avec leurs envies, leurs besoins et le regard des autres. L’idéal standard de chacun diffère. Les femmes ont intégré les codes du patriarcat. Elles doivent se montrer moins indépendante : « Les mecs ont besoin d’être valorisés, de se sentir forts, il faut leur montrer qu’on a besoin d’eux. » (p. 35). Elles jugent les autres femmes dans la critique et la comparaison. On croirait qu’elles sont sur le marché de la compétition de la séduction pour plaire à un mec. « – Elle sait se mettre en valeur, quand même… Je m’appelle pas ça « se mettre en valeur ».
– Epilée, rasée, gommée, crémée, décolorée, shampouinée, peignée, maquillée, régimée, lookée, customisée… A ce niveau, ce n’est plus du narcissisme mais du dégoût de soi. Je te parie qu’elle se parfume la chatte. » (p. 66).

Par chance, le conformisme n’est pas présent partout. On trouve une petite réplique assez caustique. « – On cherche un bonnet pour un nouveau-né.
– Fille ou garçon?
– Il est né hier, on ne va peut-être pas déjà l’emmerder avec un code alimentaire. […]
– Ne vous inquiétez pas. S’il devient homo, on ne vous fera pas de procès. » (p. 73). Mais c’était le seule moment. Quand un bébé fait son charme à son interlocuteur, tout de suite on entend : « Tu fais ta petite séductriiice? » (p. 93). On revient au rôle genré et donc plaire aux garçons. Comme c’est navrant de voir ça. Dans la logique, on assiste à un repas entre adulte où les hommes disent que les femmes ont des aptitudes naturels à être dans le soin, l’écoute et autre niaiserie du même acabit. Et les hommes ont eu le dernier mot. Dans la continuité, l’homme pense à son plaisir et uniquement ça. Une fois qu’il a éjaculé, il a fini son boulot. Sa partenaire, il n’en a rien à faire. Ses ex ne se sont jamais plu, donc elle chipote. On aurait aimé avoir une critique plus acerbe et placer le féminisme au coeur de cette démarche. Le récit souligne la discrimination ordinaire.

Du côté graphique, Aude Picault a la plume légère, sobre et pleine de dynamisme. Tout en rondeur, privilégiant le noir et blanc, nous plonge au plus près du personnage sans s’encombrer de superflu. Quelques touches de jaunes par-ci, un petit peu de bleu par-là et enfin un brin de rose. Juste quelques couleurs pour souligner un moment, une action qui apporte beaucoup de douceur à l’univers graphique de l’album. Tout comme les moments où son imagination prend le dessus où elle se rêve maman. 

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Une lecture qui reflète la femme moderne mais qui manque de féminisme et d’engagement.

Lire l’avis de Mon coin lecture : « Une vraie évolution de personnage, sans transformation totale, une femme à qui l’on peut s’identifier… et une BD très réussie!« 

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Site d’Aude Picault

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