Le grand incident – Zelba

Ce n’est pas parce que le Louvre est l’un des plus grand musée au monde que les oeuvres sont épanouies. Par conséquent, quand les femmes nues viennent à disparaître, il faut s’interroger. Que peut-on faire pour changer le regard des visiteurs?

4e de couverture
Paris, aujourd’hui. La crise du Covid n’a pas eu lieu. Mais une autre crise, localisée au Louvre et appelée par les initiés « Le grand incident », va imposer une fermeture du musée, inédite depuis la seconde guerre mondiale. Sculptures, peintures, toutes les femmes nues dans les œuvres se dérobent au regard des visiteurs car elles ne supportent plus les réflexions, voire les attouchements, dont elles sont victimes au quotidien. Le président-directeur du musée, Charles Darlin, doit se résoudre à fermer le musée le temps de trouver une explication rationnelle à cette situation irrationnelle. La solution viendra de Teresa, femme de ménage depuis 30 ans, devenue la confidente des œuvres… Leur revendication, pour réapparaître aux yeux des visiteurs, va changer à jamais la vie du Louvre.
Découvrez ce conte « fantasticomique » qui porte un regard critique sur la sexualisation du corps féminin et, en particulier, de la nudité féminine à travers l’histoire de l’art. Un hommage au Louvre et aux œuvres d’art, aux artistes exposés comme à celles et ceux qui travaillent au quotidien dans le plus grand musée du monde.

Mon avis
Quand on regarde attentivement la couverture, tous les éléments du récit sont présents. On découvre des sculptures de femmes nues et un poutti, deux femmes habillées et deux hommes nues. Zelba a réalisé un très joli travail de synthèse. D’autant plus, on observe son style graphique et ces choix de couleurs. Par contre, le fil conducteur se dévoile progressivement dans la lecture. La bédéaste se dévoile en parlant des discriminations et du harcèlement envers les femmes. C’est courant que des mecs de tout âge se prennent en photo en train de toucher la poitrine de sculpture féminine. Fier de cette agression de pierre, ils se prennent en photo et partagent sur les réseaux sociaux. De la bonne grosse vulgarité et perversité comme on en voit trop. Cette prise de conscience a été flagrante lorsqu’elle se baladait avec sa fille et qu’elle a constaté des propos bien phallocrate envers un couple de femmes. Quelle bande de gros débiles. Alors quand Futuropolis l’a contacte pour faire un album sur le Louvre, elle n’hésite pas. Puis elle fait le lien entre la nudité féminine des oeuvres, l’attitude déplacée des hommes et la réaction de la société. Elle tient son récit.

Direction le musée du Louvre, où une femme de ménage possède un don particulier. Elle entend les discussions avec les œuvres. Elles ont bien des choses à dire ces nanas comme elle les appelle. Teresa prévient le boss de ce qui se trame. Là voilà viré illico. A partir de là, les choses tournent à la catastrophe. Les scènes drôles ne manquent pas. Comme ce mec à tendance misogyne qui habillé en femme se rend compte du harcèlement sexuel. Une journée et le voilà convaincue. On assistera à une belle scène avec un bon coup de pied dans les bonbons de l’importun. Petit à petit, les mentalités changent et le Louvre ose l’impensable. Pour respecter plus les nues féminins, pour lesquels de nombreux visiteurs posent un regard libidineux, ils doivent être nu. Le service trois pièces à l’air pour plus d’égalité et moins de vulgarité. Etonnamment, le succès est au rendez-vous. Progressivement, les femmes aussi laissent tomber les vêtements. Trop drôle de voir la ministre de la culture (pas Rachida Dati) et la maire de Paris (pas Rachida Dati) se mètrent à nue.

Zelba aborde de très nombreux sujets sur l’égalité femme/homme, la discrimination, le harcèlement, les pervers, la tolérance de la société envers les agressions sexuelles, les oeuvres pleine de vice.. On a le droit à une petite explication sur la peinture « Suzanne et les vieillard » dans la bd et dans les éléments en postface. C’est assez navrant. La construction sociale qu’il est acceptable qu’un homme souhaite agresser une jeune femme jolie soit normal part aussi de ces représentations. Surtout que cela répond aussi à des commanditaires qui se reconnaissent dans les pernicieux. Côté graphisme, on est surpris par deux des personnages principaux qui changent de poste et de sexe selon les besoins. Leurs visages anguleux avec leur nez très pointu est assez surprenant. Il faut un peu de temps pour s’habituer. Au niveau des couleurs, on alterne avec de la bichromie noir/bleu et noir/rouge. Quelques toiles gardent leurs vraies teintes. L’ensemble est vraiment très complet et très réfléchi. On est surpris par l’audace de l’approche, des personnages, du cadre… Une nouvelle preuve que l’imagination est un atout de force dans le 9e art.

Une bande dessinée qui ose détourné les codes pour mieux nous faire rire et surtout nous sensibiliser au harcèlement trop ordinaire.

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