Les seigneurs de la Terre – Tome 6 – Résilience – Fabien Rodhain et Luca Malisan

Florian ne veut pas passer à côté d’une occasion de piéger Misaint. Il donne de sa personnage pour accéder à des informations et les diffuser. Grâce à sa détermination, il choisit d’être un acteur du changement concret et sur le terrain.

4e de couverture
Tandis que Geoffroy est toujours coincé à l’hôpital, Florian retrouve en Belgique quelques amis activistes. Ils projettent de créer une force politique citoyenne afin de contrer les lobbies de l’industrie agrochimique, et ainsi de favoriser l’autonomie alimentaire. Ils se fendent d’un post dénonçant l’attentat réalisé sur leur ami chercheur, spécialisé sur les effets des pesticides et OGM. L’article fait grand bruit et pousse un mystérieux internaute à contacter Florian. Derrière le pseudonyme BFE (Bio for everyone) se cache en réalité le dirigeant d’un grand groupe à l’éthique plus que douteuse… Dont l’objectif est de développer le label « AB », en s’appuyant sur Florian ! Toute la morale de Florian est remise en cause dans le dernier tome des Seigneurs de la terre. Un album conclusif préfacé par Pablo Servigne dans lequel l’intrigue s’enrobe à nouveau de précieuses connaissances sur une agriculture naturelle qui, au-delà du « bio », pose la question de la résilience dans cette époque qui est la nôtre.

Mon avis
Une nouvelle fois, c’est une personne engagée dans l’écologie et l’agriculture qui rédige la préface. Pour terminer la série, c’est Pablo Servigne qui donne le ton. « Quels sont les enjeux? Il me semble important de ne pas se focaliser sur l’objectif trop vague de « nourrir 8 milliards d’êtres humains ». D’ailleurs, le but de l’agobusiness est-il réellement celui-là comme il prétendent, ou plutôt d’approvisionner les marchés internationaux en quelques produits de masse standardisés (blé, soja, riz, caoutchouc, café, etc) et, in fine, de s’en mettre plein les poches? Leur résultat est là : il y a 800 millions de personnes qui souffrent de malnutrition, près d’un milliard qui souffrent d’obésité, la moitié de la production agricole mondiale est gaspillée, et notre maison commune est saccagée. Tout cela est moins un problème agronomique qu’un problème politique, comme le montre remarquablement bien cette BD, et il faut rendre grâce à Fabien et Luca pour cela. L’effort est donc de sortir du court terme des traders et des actionnaires, pour retrouver un horizon de long terme, comme l’ont toujours fait les paysans et les forestiers. Ce n’est pas qu’une question de « bio », de mode ou d' »écologie », c’est une question de justice sociale et environnementale, c’est une question de survie des communs. L’enjeu est la capacité à maintenir des sociétés viables, et d’habiter la Terre… au-delà de la prochaine décennie. » (p. 2). On sent son investissement et son engagement sincère.

Pour le reste le héros joue l’agent double. Il accepte même de travailler pour son pire ennemi. Le seul moyen de faire changer les choses est d’être de l’intérieur. Bien entendu, c’était un piège. Quelle chance pour lui, car c’est de l’intérieur qu’il trouvera les preuves que ses OGM sont dangereux et qu’il a tenté de tuer Geoffroy. Il use de son charme pour draguer la chargée de communication et utiliser son ordinateur. Qu’importe s’il l’a blesse. Au final, il arrive à son objectif et tout finit bien. Il propose même des séminaires autour de la polyculture-élevage. Fabien Rodhain propose un scénario très complet, dense où il couvre tout les sujets qui lui tiennent à coeur. Et pour son plus grand plaisir, tout se finit bien avec l’effondrement d’un gros groupe industriel. Il se rapproche de son épouse et développe son agriculture respectueuse de l’environnement.

Côté dessin, ça pique un peu les yeux. Au moins, quand on voit la couverture on est prévenu d’un côté de quelque chose de très conforme au 48CC et d’une forme de difformité dans les corps. Par contre, on est ravie que pour une fois, nous n’avons pas des scènes de nue féminin totalement gratuit. C’est le héros que l’on voit plus souvent et c’est justifier puisqu’il manipule une conquête amoureuse. Il use du sexe pour atteindre son but. C’est lui l’homme objet. Néanmoins, il utilise les sentiments d’une femme qui tenait sincèrement à lui. Ne faut-il pas ça pour lutter contre le réchauffement climatique et la force des lobbies? Au final, le politique reste un champs aussi à occuper pour faire entendre un autre son de cloche.

Une lecture qui montre qu’il est possible de penser autrement et d’agir aussi bien localement qu’internationalement.

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