A mains nues – Tome 1 – Léïla Slimani et Clément Oubrerie

Le champ des possibles pour une femme début 20e est limité. Suzanne Noël ne veut pas rester une femme au foyer potiche. Par conséquent, elle prend le taureau par les cornes et se forme pour être médecin.

4e de couverture
« Monsieur, ce sont des idées bien rétrogrades que vous exposez là. Bientôt les femmes seront médecins, ingénieures, avocates… Aucune nation moderne ne peut se priver de l’intelligence de la moitié de sa population. »
Elle s’appelait Suzanne Noël.
Médecin, féministe, elle redonnait un visage aux gueules cassées.

Mon avis
Avant que l’on se lance dans la lecture, il est précisé que ce n’est pas une biographie de Suzanne Noël. C’est une inspiratrice d’un récit avec lequel on a pris des libertés pour raconter une histoire. Cette chirurgienne et féministe avec l’heure a bien existé. Grâce à la confiance de son mari, elle a pu passé son bac et s’inscrire à l’école de médecine. Les femmes étaient peu présentes et n’étaient pas vraiment le bienvenu. Mais grâce à sa détermination, elle arrive à faire sa place. Contrairement à ce que beaucoup attendait d’elle, elle se dirige vers la chirurgie esthétique. Elle aide des individus défigurés par des accidents de la vie ou la guerre avec les gueule cassées. Les techniques progressivement servent à d’autres choses comme lutter contre le vieillissement. On apprend à tirer la peau pour qu’elle ne tombe plus. La société critique le fait de modifier son aspect physique.

Mais il existe bien un marché, surtout à destination des femmes, car on exige d’elle de rester toujours jeune. Le débat est toujours d’actualité en 2024. Néanmoins, on constate un boom des chirurgies esthétiques et des faussaires. Le rapport à l’autre dépend de son sexe, de son statut social et de son apparence. Le choix de Sarah Bernhardt, dans la bd, est très judicieux. Son changement lui a permis de gagner en popularité, de continuer à avoir des rôles et aussi d’incarner des femmes plus jeunes. Elle garde un statut d’icône. Suzanne Noël bien qu’elle possède tous les diplômes et la reconnaissance de ces pairs, ne peut officier à son nom. Elle doit dépendre d’un homme, un être plus raisonnable. Une façon de souligner que la lutte pour les droits des femmes est un long chemin, semé de contradiction.

Le tome se déroule de 1900 à 1921 à Paris. On observe l’effervescence des artistes, des communautés artistiques, de l’importance de la culture, des mélanges sociaux principalement dans Montmartre. Clément Oubrerie y représente de nombreux lieux marquant qui ont dorénavant disparu. Il n’en reste que des photographies et des récits d’expérience. Le graphisme contribue à donner un aspect d’un autre temps. Par contre, il est dommage que l’éditeur a fait le choix de deux tomes à 20.00€. Parce que c’est vraiment un choix économique. Le tome est plus petit en taille, la couverture est plus épaisse et tout aurait pu tenir en un ouvrage. Par conséquent, on est ravie que les médiathèques proposent la série.

Un premier tome qui montre le courage et la détermination d’une femme à prendre en main sa vie.

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