
Pour changer les choses, il faut prendre en main les problèmes. Des femmes un peu partout dans le monde savent que la lutte est indispensable. Fabien Toulmé est parti au quatre coins de la planète pour les rencontrer et faire entendre leur revendications.
4e de couverture
Cet épisode des Reflets du Monde prend racine dans les voyages de Fabien Toulmé. Il y raconte la Thawra, révolution citoyenne au Liban, la lutte d’une favela brésilienne contre un projet immobilier et l’engagement d’une militante féministe au Bénin, trois combats menés par des citoyens. Ou plutôt «par des citoyennes», car, dans ces mouvements de résistance, les femmes occupent une place centrale.
Mon avis
Fabien Toulmé nous invite à poser un regard critique sur les luttes sociales. Pour voir que cela se trouve partout, il part aux quatre coins de la planète pour rencontrer des individus prêt à prendre des risques pour une cause. Il raconte la Thawra, révolution citoyenne au Liban puis la lutte d’une favela brésilienne contre un projet immobilier et enfin l’engagement d’une militante féministe au Bénin. Ce qui rassemble ces projets est l’implication des femmes. Elles n’ont pas le choix car elles sont encore plus victimes de discriminations par rapport aux hommes. Donc, si les choses doivent changer, à elle alors de s’impliquer. L’important n’est pas de montrer des projets où tout réussit. Mais est-ce que la victoire ne se fait uniquement que par l’aboutissement d’une loi? Le fait de mobiliser des gens et d’agir ensemble est une force. Il ne passera rien si personne ne bouge. Les gens les plus riches gagnent directement. Avec l’argent, il est plus facile de communiquer pour diffuser de la propagande haineuse et de faire des actions violentes illégales. Le rapport de force n’est pas équitable. Seul la lutte, les manifestations et les recours légaux deviennent les outils. Impossible de ne pas admirer la force et le courage de ces personnes.
Pour le séjour au Bénin, il constate qu’il faut aussi lutter contre le patriarcat et les coutumes qui privilégie les hommes. Les femmes doivent être asservi à leur mari par exemple. Il peut aussi avoir plusieurs femmes. Donc, on donnant tous les pouvoirs aux garçons, même mineur qui ont tous les droits. Par conséquent, le taux de grossesse sur les mineurs est assez important et prend plus d’ampleur. Alors il faut éduquer les filles et garçons sur les relations sexuels pour éviter que les filles puissent être rejeté par leur famille et qu’elles doivent sortir du système scolaire pour devenir femme au foyer. Vendre sa fille mineur pour gagner de l’argent est chose commune et tout à fait acceptable. Donc des jeunes femmes qui viennent expliquer que les règles sont normales et qu’il n’y a aucun lien avec un rapport sexuel, est indispensable. Derrière l’information se cache une vraie compréhension du corps des uns et des autres et met de côté de vieilles croyances. Alors un discours disant qu’il y a une volonté d’effacé la vraie culture beninoise se fait entendre. L’omniprésence de la religion et des pouvoirs par des hommes rend les choses difficiles. Pourquoi le royaume de la couille voudrait perdre des privilèges qui reposent sur l’inculture?
On tourne les pages captivé par les récits. Le bédéaste va à la rencontre de celles et ceux qui luttent pour mieux comprendre leur démarche. Les résistances sont toujours très fortes et elles viennent de gens de pouvoir. Le dessin de Fabien Toulmé est très clair. Il montre juste l’essentiel. Pas besoin de rajouter des éléments de décoration gratuite pour faire du remplissage. Elle montre le plus important dans le récit et met en avant l’humain. Le plus important n’est pas lui et reste assez humble. Il met toujours une touche d’humour pour rendre les choses plus digestes. Il faut beaucoup d’investissement pour continuer la lutte sur le long terme. Pour mieux comprendre ces dynamiques, il fait appel à un sociologue. On aurait aimé resté plus longtemps auprès de ces militant.e.s pour en savoir encore plus. A la fin de la lecture, on aimerait savoir ce que sont devenus ces femmes et ces projets. C’est la preuve que la mise en récit est assez réussie. Il est bon de montrer qu’il y a des gens qui se battent. Cela change du discours dominant que seuls eux sont capables de savoir ce qui est bon pour ceux qui n’ont pas d’argent. On va même vers des lois de répressions pour interdire toutes manifestations. Un album d’une grande utilité que la soumission n’est pas le seule moyen de faire changer les choses.
Une lecture très enrichissante et captivante qui redonne croyance dans les luttes et la solidarité.
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