22h05 rue des Dames

Le crabe a pris place dans un sein d’Elisabeth. La jeune femme tente de faire bonne figure surtout pour les autres. Mais le il faut du temps pour accepter la perte d’un bout de soi.

4e de couverture
Le parcours d’une reconstruction tout en tendresse et chargé d’espoir.

Elle a perdu son sein gauche, son job et son mec.
Elle ne le sait pas encore, mais c’est le meilleur jour de sa vie.

Mon avis
Pas besoin de se mettre à table pour trouver du crabe. Certains sont plus insidieux que d’autres et prennent place dans le corps des gens pour les dévorer. Pour Elisabeth, c’est en son sein gauche qu’il trouve refuge. Pour elle, pas le choix de subir une mastectomie. Mais comment travailler avec un sein en moins lorsqu’on est sexy serveuse ? et surtout dans une entreprise discriminante considéré les femmes comme des objets sexuels? Elle est renvoyée sur le champ pour non conformisme. Quels regards vont porter des inconnus sur elle ? Elle s’inquiétait surtout de celui de son petit ami. Son regard est fuyant et son comportement très distant. Après le fait de ne plus avoir de travail, il faut se résoudre à ne plus avoir de petit ami. La quatrième de couverture nous avait prévenu : «Elle a perdu son sein gauche, son job et son mec. Elle ne le sait pas encore, mais c’est le meilleur jour de sa vie». A partir du constat qu’il n’y a plus rien à perdre on ne peut que se dire que l’on a tout à gagner maintenant. C’est à partir de là que toute la vie d’Elisabeth change.

C’est la couverture pleine de vie et de couleurs qui donne envie de me plonger dans cette bd. Le voyage a été du plus surprenant et merveilleux. On pourrait être surpris qu’il n’y a pas de dialogues. Cependant, on a l’impression d’entendre les personnages parlés tout comme la musique, les cris de joie, les rires … Mais non, juste de magnifiques dessins et d’incroyables couleurs au service d’une histoire positive et pleine d’optimisme. La différence ne veut pas dire que l’on a pas le droit de pouvoir bénéficier de sa liberté et de bonheur. Même dans les moments de doute, notre héroïne est une femme touchante et pleine de ressource. On voit ces langues médisantes pour souligner la différente. La symbolique avec des visages de femmes difformes reste très parlant. Elle devient une Betty Boob flamboyante et confiante qui communique de l’enthousiasme. On aurait même envie d’aller la voir un soir dans son cabaret et de s’enivrer de la bonne humeur ambiante. Les pages se tournent l’une après l’autre avec un ravissement pour les yeux et aussi une bouffée d’oxygène pour le cœur et le moral. On referme l’ouvrage plein d’envie, de force et un sourire sincère aux lèvres. Une chose qui arrive rarement. Le cancer du sein est rarement vu sous un angle positif et très humain. Ne passez pas à côté de cette lecture déroutante, audacieuse et drôle.

Lire Betty Boop n’est pas seulement prendre une belle leçon de courage et de discrimination. C’est l’occasion de remettre de la beauté dans sa vie.

Lire l’avis de Bricabook : « Betty Boob ou comment cette femme qui a tout perdu renaît de ses cendres et flamboie avec cette fabuleuse grâce et énergie. Une BD qui en envoie et qui pulse, tels ces fils muets des années 30. Comment ne pas être touché coulé en refermant cet opus ? Fabuleux. »

Lire l’avis de Noukette : « De quoi mettre du beau sur les maux du corps et de l’âme. Il y a de ça dans l’inventivité dont font preuve les auteures pour sublimer le corps meurtri de Betty. Il y souffle un joli vent de fraicheur, de fantaisie, de sensualité et d’optimisme. Une explosion de couleurs, d’humour et de douce folie. »