
Jouer aux échecs est une compétence spécifique. Sur ce bateau de croisières, deux personnalités singulières s’affrontent. Derrière un simple jeu, peut se croiser bien des souffrances.
4e de couverture
Le dernier chef-d’œuvre de Stefan Zweig (publié à titre posthume en 1943) enfin adapté en BD.
Sur un paquebot reliant New York à Buenos Aires, deux joueurs d’échecs que tout sépare s’affrontent. Czentovic, orphelin taciturne, arrogant, et tacticien remarquable, devenu champion du monde, et Mr. B, un mystérieux et magnétique aristocrate autrichien rescapé des geôles nazies.
Cette histoire est écrite sur le principe du récit en abyme. Dans le huis clos sur le paquebot viennent s’intercaler deux récits. Le premier nous emmène dans une province russe reculée pour suivre l’ascension fulgurante du prodige Czentovic. Le second nous permet d’en apprendre plus sur le mystérieux Mr. B et l’enfer de son séjour dans la chambre d’hôtel autrichienne.
Deux personnages, deux destins, deux récits enchâssés… toujours d’actualité plus de 70 ans après !

Mon avis
C’est avec une forme d’appréhension que l’on se plonge dans la bd. On s’était plongée avec émerveillement dans l’adaptation du roman de Zweig de David Sala. La surprise était totale en se plongeant dans l’adaptation de Thomas Humeau. Déjà, sur la couverture, c’est noté « librement adapté ». En effet, quand on débute la lecture, nous sommes désarçonnés. Rapidement, on arrive à raccrocher les wagons. Cette approche est assez fine et remet aussi la femme au coeur de l’histoire. A cause d’elle, deux hommes liés par les échecs vont s’affronter. L’un, issu d’un milieu pauvre a développé une compétence sur la compréhension d’une stratégie complexe. Ces compétitions deviennent le seul moyen de donner du sens à sa vie. Son côté asocial devient un problème et l’isolement du jeu devient confortable. Pour l’autre, c’est lié à un souvenir très traumatisant. Il avait caché de l’argent pour protéger des gens dont leur vie était en péril avec l’arrivée au pouvoir officiel des nazis. Ils l’ont torturé pour avoir les informations. Grâce à un livre de stratégie d’échec, il arrive à libérer son esprit. Il devient fort psychologiquement jusqu’à la démence totale. Quand il rejoue et gagne contre le champion du monde, la folie l’habite. A partir de ce jour tout change, pour le mieux? On ne sait pas. En tout cas l’approche est originale et on se laisse porter. Les couleurs en aplats permettent un apport frontal très à propos. On n’a pas le temps de s’ennuyer. Les mixes des couleurs est adaptés avec des rouges et des bleus/mauves. Une pleine page avec des arbres attire le regard et nous fait rêver. Toutefois, on reste sur notre faim quand on termine l’album. N’est-ce pas fidèle au livre? Une lecture qui mérite le coup d’oeil et de comparer avec l’autre publication. Rien de tel pour travailler notre esprit critique.
Une lecture qui nous fait phosphorer et nous donne envie de relire encore la nouvelle.
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