
L’économie devrait être l’affaire de tous. Pourtant, l’état choisit que cela reste un domaine pour les privilégiés. Les économistes atterres décident de porter un autre regard plus critique et avec un regard moins libéral.
4e de couverture
L’économie est-elle au service de ceux qui font tourner la société « les 99% » ? Ou sert-elle « le 1% », une infime partie déjà riche ?En partant à la rencontre des salariés d’une raffinerie, d’agriculteurs ou encore de la jeunesse engagée pour le climat, Thomas Porcher nous invite à réfléchir au fonctionnement de l’économie dans notre société et aux dérives du libéralisme. Y a-t-il d’autres modèles possibles ? Est-il utopique de vouloir plus de justice écologique et sociale ?S’appuyant sur les épisodes marquants de l’histoire de l’économie et sur des exemples concrets, l’auteur donne des clés pour se réapproprier un débat trop souvent confisqué. Mieux encore, il partage dix principes d’autodéfense économique pour les 99 % d’entre nous.Illustrée par Ludivine Stock et scénarisée par Raphaël Ruffier-Fossoul, cette bande dessinée rend l’économie concrète et accessible à toutes et tous.

Mon avis
L’économie pour les 99 % est une bande dessinée percutante et pédagogique qui mêle engagement sociétal et réflexion économique accessible. Elle ne propose pas une vision ultra-libérale comme on nous l’a propose dans les médias généralistes. À travers des portraits de salariés, d’agriculteurs ou de militants écologistes, l’ouvrage interroge si le système économique profite réellement à la majorité ou s’il sert surtout une minorité ultra-riche. « Vos baromètres sont un peu biaisés : une inflation qui baisse veut dire des prix qui continuent d’augmenter, mais un peu moins vite. Les autres salaires au-dessus du SMIC, mais aussi les personnes au RSA ou les retraités ont perdu du pouvoir d’achat. Tous ces gens ont dû faire des arbitrages en privilégiant les hard discouters ou en rognant sur leurs loisirs. Ce n’est pas pour rien que le pouvoir d’achat est toujours en tête des priorités des Français dans les sondages. » (p. 37). jIl déconstruit avec clarté des idées reçues sur la dette publique ou le libre-échange et propose dix « principes d’autodéfense économique » pour développer un regard critique envers les discours dominants. « Eh oui! Les Etats ont dû racheter les dettes pourries des banques pour éviter leur faillite. Ce qui a fait exploser les dettes publiques. En France, la dette publique était pratiquement au niveau des critères de Maastricht jusqu’en 2007. Elle a atteint 83% en 2009 à cause de la crise des subprimes et a continué d’augmenter rapidement en raison des effets de la crise économique : hausse du chômage, baisse des rentrées budgétaires, hausse des prestations sociales… Ce sauvetage des banques s’ajoutant à la récession économique, a entrainé partout fans le monde une explosion des déficits de la dettes publiques. » (p. 51).
Les dessins de Ludivine Stock donnent un ton vivant et léger, rendant des concepts complexes aisément compréhensibles. L’approche est résolument engagée, souvent critique du libéralisme, tout en esquissant des pistes vers une économie plus équitable, combinant secteur public et privé. La force de l’ouvrage tient dans sa pédagogie efficace, mais celle-ci exige du lecteur qu’il soit attentif et prêt à approfondir certains passages. « On a fait la même chose en 1945, avec une dette proche de 200% du PIB. Elle a été ramené à 30% en moins de dix ans… – Sans toucher aux dépenses publiques? – Au contraire, on a créé la Sécurité sociale! Comme l’a montré Thomas Piketty, avec les nationalisation d’après-guerre, la puissance publique détenant en France en 1950 au moins 25% à 30% du patrimoine national et même plus de 50% des entreprises et financiers. Si on avait baisé les dépenses publiques, on n’aurait jamais connu les Trente Glorieuses. A l’époque, l’arbitrage s’est fait en faveur du peuple, contre les intérêts des très riches, des banques et des détenteurs d’actions. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Le capital national, c’est-à-dire la valeur de toutes les entreprises, les bâtiments, les terrains, est à 95% privé en France. D’où l’importance de faire émerger un nouveau récit! » (p. 98). On aurait d’ailleurs apprécié d’avoir plus de sources en bas de page et des sources très diversifiées en fin d’ouvrage. Les critiques négatives soulignent le partie pris et des sources que de personnes qui partage l’opinion. Alors que l’on cite la cour des compte ou France stratégie sur des rapports, on aurait aimé les avoirs les noms et dates pour aller vérifier et s’approprier le savoir. « Plus ils sont riches, plus leurs impôts sont élevés proportionnellement sauf depuis l’élection d’Emmanuel Macron pour les 0,1% les plus riches dont le niveau d’imposition a baissé de 4,5 points. – Et comment ont-ils utilisé les baisses d’impôts? – Les 0,1% les plus riches ont doublé leurs dividendes. – Mais ça a fait revenir des ménages riches en France quand même? – Quelques centaines… Sur 150 000 foyers assujettis à l’impôts sur la fortune, fe n’est pas fignificatifff. » (p. 121).
Si beaucoup saluent l’originalité du format et la pertinence des analyses, quelques voix regrettent que l’on ne trouve pas davantage de propositions politiques concrètes à mettre en œuvre. En résumé, cette BD réussit son pari : éveiller les consciences, fournir des outils pour décrypter l’économie et inviter à un débat plus large, tout en étant suffisamment exigeante pour inciter à la réflexion, même si, pour certains, elle manque d’un plan d’action clair. « C’est toute l’importance de regagner la bataille des idées! Aujourd’hui, les libéraux dominent… » (p. 33).Elle évoque des sujets rarement abordés tels la dette privée plus important, la non rentabilité des soutiens aux entreprises… L’ouvrage prouve la prise de partie des économistes attérres qui un groupe assez sérieux de vrais économistes. Et non des chroniqueurs ou des éditorialiste qui viennent à des chaînes comme BFM ou Cnews. « Il suffit d’être directeur d’un think tank, essayiste ou éditorialiste, et d’énoncer quelques chiffres avec assurances… Mais l’économie, ce sont des raisonnements, qui ne peuvent être maîtrisés qu’après des années d’études, comme dans toutes les disciplines! » (p. 11). Donc, il faut poursuivre la lecture de personnes qui osent penser autrement et critiquer les choix néfastes du gouvernements.
Une lecture économique qui incitent à penser autrement pour réfléchir concrétement pour faire société.
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