Fantasio est assez mécontent. Le refus de son article est une opportunité pour innover dans le métier. A partir de là, il traverse le monde pour sauver des plans d’une voiture.

4e de couverture
La Turbotraction fait des envieux : vol de plans, sabotage d’usine, etc. Et voilà nos héros partis pour l’Afrique à la recherche des plans de la voiture.

Mon avis
On voit que Spirou et Fantasio sont encore dans leur jus. L’oeuvre publiée en 1953 évoque des sujets qui semblaient ordinaires à l’époque qui deviennent problématiques aujourd’hui. Les personnages n’ont pas encore leur morphologie définitive dont on les connaît aujourd’hui. Elle commence à bien s’affirmer ici. Deux choses détonnent plus que le reste. Déjà, on retrouve Séccotine. La jeune femme, blonde, mince, belle est vraiment déterminée. Elle est prête à tout, en respectant la morale quand même, pour écrire son article. Fantasio met enfin un visage et un nom sur la personne qui a pris sa place. Au lieu de remettre son travail en cause, il préfère lui en vouloir à elle. Comme ça, pas de remise en question et du jugement de l’autre. Il ne lit même pas son travail pour faire son avis. La misogynie est de mise et totalement acceptée par tous. Par chance, elle est assez naïve. Quand elle propose de faire de faire un pacte gagnant gagnant, elle donne déjà toutes ces informations et par conséquent peu de personne répondent avec autant l’honnêteté. Le respect n’est pas encore de mise.

L’autre chose qui gêne assez est la représentations des africains. Les clichés racistes sautent aux yeux et ça piquent. Par exemple, on les juge quand ils partent à la chasse à l’animal vivant dans la nature. A croire que l’élevage intensif, d’animaux pré-selectionnés- est beaucoup plus acceptable. On se moque des autochtones quand ils découvrent les vêtements dans les valises des journalistes. Ils s’émerveillent. Encore une fois, il y a du jugement sur le fait qu’il sont à moitié nu. Il faudrait civiliser ces sauvages. Donc on se moque aussi de leur façon de parler. On ne va pas trop s’étaler sur leur représentation physique qui n’est pas sans rappeler le gentil « Bamboula » de la marque St Michel. Puis on s’amuse à trouver des rhinocéros dans la nature. La blague avec un revendeur (en arme à feu, chapeau, whisky…), blanc alcoolique qui a récemment braconné un rhinocéros pour décorer son logement. L’animal est même heureux d’avoir été arraché à son milieu naturel pour faire une décoration.

Tous les cadavres, agressions se sont pour avoir les plans d’une voiture innovante. Le milieu est tellement concurrentiel que tout est bon pour ne pas perdre des parts de marché. On découvre la turbotraction qui reviendra pour la suite. Tout ça pour une voiture, cela amène à la moralité de la société des années 60. Et tout finit bien car la police agit et arrêter les gros méchants. Eux ils vont aller en prison et les gentils continuent leur quotidien. Et sans trop de femme non plus qui sont encore une fois quasi-inexistante. Seccotine prend en photo le modèle qui doit rester secret. Son attitude énerve encore Fantasio. Quel plaisir de finir sur une note discriminatoire et narcissique. On finit l’album un peu dubitative, en se demandant à partir de quand l’acceptable d’une autre époque ne le devient plus.

Une lecture étonnante où misogynie et racisme se côtoie en toute décontraction pour amuser le grand public. Tout ça pour des plans de voiture qui doit rester secret.

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