
On assimile souvent la nourriture à la subsistance et au plaisir. On oublie bien souvent d’insérer les maladies liés à la nourriture qu’elle soit physique ou qu’elle soit mentale. Eleonor Marchal nous plonge dans le psychisme d’une femme où nourriture rime avec place sociale.
4e de couverture
Miss a compris une chose : elle n’est pas assez mince pour être jolie et heureuse. À mesure que le temps passe, elle s’abîme peu à peu dans le dédale des troubles du comportement alimentaire : anorexie, boulimie, orthorexie…
Heureusement, elle n’est pas tout à fait perdue : elle rêve de devenir créatrice de couleurs et part à la recherche du vert, du rouge, du bleu et du jaune.

Mon avis
La couverture est très intrigante. Au premier regard, on perçoit une bouche et des lèvres bleus ce qui donne un aspect assez coquin. Puis plus attentivement, on voit qu’une femme met ses doigts dans sa bouche pour se faire vomis. Le titre Manger écrit en très gros caractère nous permet de faire le lien. On va tomber dans une histoire de trouble mentaux liés à la nourriture et à la pression sociale d’avoir un physique proche de l’objet de désir pour les hommes. Si on n’est pas mince, est-ce que l’on peut être une femme? Est-ce que l’on peut avoir sa place dans l’espace public? Est-ce que l’on peut avoir des amis? Bien que l’héroïne s’affame et subit des passages de boulimie, le bonheur et le bien-être ne sont jamais au rendez-vous. Elle est toujours dans une perpétuelle interrogation sur les calories, le gras, ce qu’elle peut manger ou pas, la perte de cheveux, la fragilité des dents… La souffrance est permanente et en continue. La famille est aussi un facteur qui a posé les bases de cette violence. Les soeurs ont fait une surprise à la petite dernière, elles ont gravé sur un arbre son surnom : Miss-ion Manger. Comment ne pas avoir de complexes par la suite? Eleonor Marchal le précise en préface, ce n’est pas un récit autobiographique bien que ces maux se rapproche cruellement des siens. La fiction se comprend très vite avec le fait que la mère soit un personnage proche d’une limace de Stars Wars et le père un cheval. Le dessin et la mise en couleur se rapproche de l’univers du comix. Tout cela génère une perpétuelle gêne, un franc inconfort dans la lecture. On apprécie les références culturelles parsemées partout comme le personnage de Daria avec sa copine. Par contre, est-ce que l’on conseillera la lecture? Sauf si on veut proposer un ouvrage alternatif qui bouscule les codes et la vision du monde qui veut de la norme qui conduit à du mal-être. On referme la bd ravie que cela se termine car le malaise à ses limites. L’idéal c’est que ça bouscule les certitudes de ce que l’on aime lire et nous incite à dépasser nos propres limites. Il ne faut pas oublier celles et ceux qui souffrent de TCA qui doivent se reconnaître et se sentir moins seule.
Une lecture qui parle des TCA, rarement abordé, qui montre la vraie souffrance au quotidien. Y a t’il au final un échappatoire? On est doute.
Laisser un commentaire