22h05 rue des Dames

Yoko et ses amis peuvent aller découvrir Vinéa. Mais une fois arrivée sur place, les choses ont bien changé. Quelle belle occasion de prendre un nouveau départ pour une société plus éthique.

4e de couverture
Les Vinéens sont sur le point de regagner leur planète d’origine. Yoko décide de les y accompagner. Mais multiples et secrets sont les pièges de l’espace. Parvenus à leur objectif, nos voyageurs imprudents découvrent les restes d’une architecture fabuleuse, d’étranges édifices générateurs de microclimats et une civilisation soumise au joug d’un Guide Suprême qui vit, inaccessible, au plus profond d’une gigantesque tour. Yoko s’introduit dans cette tour qui n’abrite que des robots parfaits, asservis aux mémoires des huit grands savants de l’ancienne Vinéa, eux-mêmes obéissant aux ordres d’un cerveau humain en léthargie.

Mon avis
Yoko Tsuno est vraiment une incroyable exploratrice. Accompagnée de Pol et Vic, ils attendent l’arriver de leur amie Khâny. Avec un peu de retard, elle atterrit mais cela ne sera pas pour un adieu. Bien au contraire, elles les invitent à vivre une aventure hors du commun. Une fois montée dans leur avion, les voilà partis pour découvrir l’univers et retrouver Vinéa. La planète a été abandonnée depuis des millénaires et l’espoir était vif. La déception est là en arrivant. Toutefois, un nouveau départ semble possible. La marque de Roger Leloup qui aime mettre en avant les évolutions des technologies et des visions de l’espace dans ses créations. Il n’hésite jamais à faire de la pédagogie et on retrouve beaucoup de texte. L’esprit Blake et Mortimer n’est pas loin sans être autant étouffant. « Poussé par son émetteur de photons, l’astronef vinéen en accélération continue, a franchi à une vitesse voisine de la lumière la demi-distance Terre-Saturne puis s’est retourné pour freiner sa course folle… 22 heures ont passé. Saturne est proche. » (p. 7). On a le droit à une explication en lien avec la vitesse de la lumière : « – Deux mois! Pour rejoindre votre planète Vinéa, alors qu’elle est à deux millions d’années-lumières d’ici! – Parce que tout corps, qui dépasse la vitesse de la lumière, laisse derrière lui son énergie et… se désintègre! – Sauf s’il voyage dans un milieu où la lumière a été supprimée! Dès lors, l’accélération n’a plus de limite!.. Venez voir cet écran de visualisation. » (p. 11). On voit même des panneaux photovoltaïques pour apporter de l’énergie à une planète. Un sujet qui est d’actualité actuellement. « L’énergie solaire, captée par les cellules, passe par des fibres conductrices dans un concentrateur… Puis dans le foyer mobile, d’où elle sort sous forme de rayon! » (p. 18). Des énormes machines avec des formes circulaires qui ont une fonction vitale. Elles servent à quoi? « – (…) rendre le climat viable de l’autre côté! – Un climat artificiel ?! contrôlé par les survivants de Vinéa! » (p. 22). Pour faire tourner une société, des robots sont nécessaires. Est-ce possible sans? L’organisation est très impressionnante. La machine a oublié même son statut. La peur de la machine reste sous entendu. « Ainsi donc, comme cela s’est passé pour nous jadis. Une intelligence fabriquée par les hommes échappe à leur contrôle et les tient en esclavage…. Il faut la détruire et la remplacer… Mais par qui? » (p. 40). Au final, c’est l’idée que le patriarche garde le système bien qu’il soit mort. La sagesse du plus ancien et surtout d’un homme reste primordiale. Qu’importe ce que les autres ont vécu et leur expérience. Un reste de mémoire d’un autre temps reste primordial.

Comme c’est une rare série avec une femme comme héroïne, on trouve une remarque engagée dans la bouche de l’électro-technicienne. Pol bougonne car il doit ramasser des grosses boules de poussière. « Ma « féminité » est allergique à la poussière! ». Ce à quoi Yoko répond : « Tu devrais être ravi, toi qui te dis féministe! ». (p. 17). C’est léger néanmoins, c’est quand même présent. La bd est déjà un acte engagé avec une héroïne asiatique, la première du genre qui n’est pas hypersexualisée comme Natacha ou Jeanette. Une lecture intéressante qui donne envie de poursuivre les aventures de cette nana assez audacieuse et touche à tout.

Une bd complète qui nous emmène dans l’espace découvrir des technologies qui font encore rêver de nos jours.