La ville est-elle l’eldorado promis? On projette des espoirs sur quelque chose que l’on ne connaît pas. En tout cas, le trajet est riche d’aventure.

4e de couverture
« Une nouvelle vie s’offre à vous. Installez-vous en ville ! » : Le prospectus en main, les deux héros de Vers la ville décident de tout abandonner. Quelle direction prendre ?
Peu importe : les routes sont faites pour relier les villes, il doit donc y avoir une ville à chaque bout…
De cette errance semée de pluie et de petits tracas, Tom Gauld tire le plus tendre des récits initiatiques. Pour pimenter leur quête, aucun bandit ni tornade : aux effets ronflants, Tom préfère un non-sens typiquement anglais mâtiné de romantisme allemand… Le ciel, la brouette, la tente ou la route prennent tour à tour une dimension cosmique ou absurde – en apportant au récit autant de merveilleux que de mélancolie.
Démiurge écossais, Maître Zen ou Grand Ordonnateur de l’Archi-Minimal, Tom Gauld est d’abord un prodigieux conteur, et on retrouve avec bonheur l’humour absurde, tout en finesse et en nuances, qui faisait le sel de Vous êtes tous jaloux de mon jetpack, son précédent livre aux éditions 2024.
Pré-publié dans un premier temps sous forme de chronique hebdomadaire dans Time Out London, ce récit a fait l’objet d’une première édition chez B.u¨.L.b Comix (Suisse) en 2004, sous le titre Move to the city. Indisponible depuis plusieurs années, il était plus qu’urgent de rééditer ce chef-d’œuvre méconnu.

Mon avis
Quand on voit le nom de Tom Gauld, on pense à ces ouvrages avec un gag par page qui ne manque pas d’ingéniosité et de cynisme. Donc, on a toute confiance pour partir dans cette aventure au titre sommaire « Vers la ville ». La couverture jaune, très sobre, avec juste un dessin en bas de page d’une colline intrigue. En tout cas, on admire le travail de l’éditeur 2024 qui produit de beaux objets libres. Deux personnages, non identifiables, quittent leur no man’s land pour se diriger, lentement mais sûrement, vers la ville. Comment ne pas céder à l’appel de la civilisation avec ce titre : “Une nouvelle vie s’offre à vous, installez-vous en ville”.

Les deux amis prennent la route sans connaître leur temps de trajet. Avec eux, pas de gps, pas de téléphone portable, pas de numérique. Alors il faut favoriser le lien humain et échanger. Pour tromper l’ennui rien de tel de partager ces rêves, ces espoirs, des blagues, leurs espoirs dans ce nouveau départ et des affabulations. C’est aussi une occasion de s’entraider quand l’un flanche ou que la brouette éclate. Des moments drôles dans lesquels plus d’un pourra se reconnaître. On tourne les pages sans s’ennuyer et on s’amuse des non-dits.

Commencer par un carré noir et finir par un carré jaune est d’une grande ingéniosité. Comme tout le travail de mise avec le jeu de mise en page avec la taille des cases. On peut en dire des choses avec. Grâce à ça, il donne aussi un rythme plus au moins lent ou rapide. On constate une grande maîtrise technique qui sublime le récit. C’est l’un des savoirs faire de Tom Gauld qui montre aussi la force du 9e art.

Une lecture qui amène à voir la richesse de la créativité du 9e art et le pouvoir des récits sur notre imagination.

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Bienvenue dans cette immersion dans le monde fabuleux du 9e art.