Prendre la mer est une aventure incroyable. Clarisse Crémer s’attaque à un défi de taille en faisant le tour du monde en bateau. Un évènement incroyable qui mérite d’être partagé.

4e de couverture
87 jours pour boucler son tour du globe en solitaire ont fait de Clarisse Crémer « la femme la plus rapide du monde » mais l’album raconte avant tout une incroyable aventure humaine loin des récits de mer héroïques.

Avec Maud Bénézit (Il est où le patron ?), elles embarquent dans leur sillage les voileux comme les néophytes qui ont suivi ses aventures et les tempêtes qu’elle a traversées…

Mon avis
Le roman graphique raconte le parcours courageux et audacieux de Clarisse Crémer. Elle a eu une envie de devenir navigatrice. Par conséquent, elle quitte son emploi dans la communication à Paris qui devient trop métro, boulot et dodo. Elle se forme et débute avec des compétitions. Quand elle a enfin pris confiance elle part en quête de partenaires car c’est un coût non négligeable. La chance est au rendez-vous et peut participé au Vendée Globe 2020-2021 à bord de l’Imoca « Banque Populaire ». Pas besoin d’être expert pour voyager à ces côtés en tournant les pages. Que l’on soit néophyte, soit amateur ou soit expert, l’expérience parlera à tout le monde. Chaque avancée nous montre une femme face à la solitude et sa folie naturelle.

Impossible de ne pas s’attacher à elle avec son côté très naturel, très détendue et un peu folle dingue. Elle trouve une région pour s’épanouir avec la Bretagne et rencontre l’amour avec Tanguy, navigateur chevronné. Malgré ses doutes et ses peurs, elle continue son projet et soutenu avec amour par ses amis ainsi que famille.

La majorité de la bd se déroule en mer sur le bateau. On est au coeur de l’action, dans la houle, la pluie et le calme. Même si cela semble assez tranquille, on ne doute pas que des choses très horribles et très tendus sont arrivés. Maud Bénézit insiste sur l’aspect psychologique qui est très importante dans ces moments là. Qui ne se retrouve pas avec l’aspect des idées sombres et celles des idées positives? On est ravie de passer ce moment où l’on découvre l’envers du périple où l’on nous montre aussi l’aspect technique, alimentaire et la nature.

Les illustrations très douces et chaleureuses contribuent à créer un cadre rassurant et bienveillant. Elles sont très précises dans les détails et contrastent avec les couleurs. Le bleu est omniprésent et légèrement hypnotique.

Elle semble partagé un point commun avec la navigatrice. Quand Clarisse Crémer arrive à terre, on l’interroge beaucoup sur sa posture de femme. En effet, elles restent relativement rare dans le milieu. Progressivement, elles se font une place. Dans les compétitions, où il faut être une équipe, une femme est obligatoire dorénavant. Elles précisent que ce n’est pas un milieu si misogyne. Il est à l’image de la société c’est tout. A savoir, si cela doit être rassurant.

Le thème légèrement abordé, néanmoins présent est l’angle environnemental. Plusieurs angles s’illustrent tels les déchets en mer avec ceux par exemple qui tombe des paquebots géants, ceux jetés à la mer et les animaux tués. Beaucoup dorment au raz de l’eau et peuvent être percuter. « Mais ce problème dépasse le monde de la course au large. Environ 20 000 baleines sont tuées chaque année par des navires selon l’ONG Friends of the sea. =30% des morts non naturelles des cétacés » (p. 179). Pour limiter cela, il y a un objet mis sous l’eau qui produit un bruit. Toutefois, comme on ne connait pas les fréquences de l’ensemble des cétacés. « Le pinger quant à lui est confronté à un enjeu de taille : il existe 89 espèces de cétacés qui ne communiquent pas sur les mêmes fréquences. » (p. 179). En effet, ce n’est pas idéal mais c’est déjà quelque chose et qui amène un surcoût. « Quand on parle de l’immensité des océans, de la puissance de la mer et du ciel… On peut avoir la sensation que notre planète est infinie… invincible. Mais si moi, Clarisse, j’en ai fait le tour en 3 mois c’est bien la preuve qu’elle n’est pas si grande! Elle ne fait d’ailleurs pas le poids face à toute la saleté qu’on lui fait ingurgiter. Et encore s’il n’y avait que les problèmes visibles comme ce bidon de lessive (réchauffement, micro-plastiques, acidification des océans). Je me sens perdue face à tout ça. Impuissante. C’est déstabilisant car en tant que navigatrice, on me proclame régulièrement. Ambassadrice des Océans. J’aimerais ben mais.. ce n’est vraiment pas à moi de donner des leçons. » (p. 180). Rien n’a été négligé.

Une aventure marine passionnante qui remet l’humain au coeur de l’aventure et de la force de la nature.

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