
L’autonomie alimentaire semble impossible à écouter les politiques de l’Etat. Une ville de Bretagne a décidé de tenter l’aventure. En faisant appel à toutes les bonnes volontés, elle lance un projet pour nourrir ces habitants.
4e de couverture
En 2020, une commune bretonne (Lanvallay, Côtes-d’Armor) décide de prendre en main son autonomie alimentaire pour la restauration collective : Ehpad et cantine scolaire. Pour cela, les élus décident de réaffecter des terres communales : adieu l’artificialisation des sols en zones commerciales, bonjour la location à une maraîchère bio ! Et comme un beau projet en attire toujours d’autres, la parcelle devient une mosaïque de nouvelles initiatives : floriculture, jardins solidaires et pépinières citoyennes. De quoi donner des envies à d’autres territoires…Sous la forme d’un récit graphique, l’autrice suit les divers acteurs de ce projet complet, du champ à l’assiette. Son but : essaimer l’histoire de cette parcelle de quelques hectares où se déroule « tout ce qui est nécessaire à l’homme pour son humanisation » : autonomie alimentaire, liens sociaux, entraide, joie, convivialité… « C’est une histoire où la nature, les Hommes sont respectés, c’est une histoire qui a du sens », s’exclame un bénévole encadrant du jardin solidaire.De cet exemple pionnier et médiatisé, Laëtitia Rouxel tire un reportage délicatement dessiné, qui donne à comprendre les enjeux et les solutions qui s’offrent à nous, quand la volonté collective est là.Un exemple à suivre, dont les dernières pages du livre donnent aussi la méthodologie : comment s’y prendre, par où commencer ? Combien ça coûte (et combien ça économise…) ? Quelles sont les aides, quels contacts administratifs prendre ? Comment motiver vos élus et vos concitoyen.nes ?

Mon avis
Il faut une volonté politique pour se lancer dans une expérimentation alimentaire. Attendre que les politiques expansionniste et intensive de l’Etat soient la solution pour la grandeur de la nation n’est pas forcément le message attendue par tous. Alors des élus locaux décident de consacrer des terres et de l’argent pour tester via plusieurs processus une agriculture raisonnée et adaptée. Ils stoppent un projet avec du béton qui aurait pu rapporter de l’argent. Bien entendu, l’objectif n’est pas de nourrir toute la ville.Dans un premier temps, il faut identifier l’espace et l’ensemble des parties prenantes. Ainsi on découvre une quantité de structures accompagnantes ou de projets nationaux ou européens comme Terre de liens, la FADEAR, réseau de paysans militants et engagés, le Plan alimentaire territorial… « De quoi donner des ailes! Les Jardins solidaires produisent leurs premières cultures au printemps 2021, s’ensuit l’installation de la floricultrice, puis la pépinière citoyenne commence à planter sa « forêt comestible ». (p. 8). En surface au sol, on arrive à 0,8 hectare pour les jardins solidaires, 0,3 hectare pour la pépinière associative, 0,4 hectare pour le maraîcher voisin, 2 hectares pour la maraîchère et 1 hectare pour la floricultrice ainsi qu’un futur bassin d’irrigation et un futur hangar. « Fashback sur l’hiver 2020-2021. Récupération des terres auprès de l’éleveur laitier et grandes cultures céréalières, demande de certification en bio sur l’ensemble de la parcelle. Programme régional Breizh Bocage pour délimiter les terres avec une haie bocagère, semis de sarrasin en couverture de sol. Groupe de travail (élus, citoyens et associations) coordonné et animé par Cédric, d’Agriculture Paysanne pour clarifier les besoins en légumes et orienter le projet. Diagnostic auprès des cantines pour estimer un volume de légumes annuel (20 tonnes, sur une surface de 2 à 2,5 hectares comprenant un verger et des serres). Travail avec La Maison d’Agriculture Biologique pour clarifier les besoins mensuels en matières premières et le plan des cultures. Les Jardins solidaires demandent une parcelle de 8 000 m2 à dispositions des bénévoles pour alimenter le CCAS de Lanvallay et le Secours Populaire. Covid, plans de relance alimentaire en lien avec la DDTM aide pour l’achat du container et les accès aux réseaux d’eau potable et d’électricité. » (p. 12).
Pour rendre compte de cette aventure, il y a une résidence d’artiste avec une bédéaste qui doit rendre compte de l’éclosion et le développement du projet. Puis dans un second temps, le projet devient concret et doit se faire dans des règles. Toutefois, pour avoir une démarche presque jusqu’au-boutiste, même les matériaux de construction doivent être issus de récupération. Les premières satisfactions se font assez rapidement avec les premiers fruits et légumes qui émergent du sol. « 11 mois plus tard, automne 2021. Plantation de 30 pommiers en collaboration avec l’entreprise Kaouann et récolte du blé noir en collaboration avec Vivaterre. Bilan exceptionnel des Jardins Associatifs : 20 tonnes de légumes avec 20 bénévoles réguliers. Printemps 2022. Installation de l’horticultrice, restitution de l’accompagnement juridique par Terre de liens Bretagne. L’initiative remporte le trophée du développement durable régional. » (p. 17).
La vraie valeur du projet repose sur la force du lien social qui se tisse. Il n’y a pas de hiérarchie entre les bénévoles, les entrepreneurs, les personnes issues du champ social, les politiques… Ensemble ils s’aident, se soutiennent, discutent et réfléchissent à des solutions. C’est assez bien expliqué avec des focus sur les éléments importants qui portent vraiment l’expérience. Sans ça, aucun des projets n’auraient pu prendre la force qu’il a actuellement. Tout cela semble assez positif et il n’est pas évoqué les problèmes rencontrés qui sont propre à des collectifs n’ayant pas les mêmes objectifs à atteindre, ni les mêmes codes pour échanger. On ignore le cadre social posé afin que tout puisse bien se dérouler et gérer les conflits. Tout semble rose dans ce projet, c’est extraordinaire. Les scolaires viennent découvrir la nature pour donner plus de sens à l’alimentation. Est-ce que c’était dans la commande de la commune? La seule ombre au tableau est le changement climatique. Le trop chaud, le trop de pluie, le trop de vent ont ruiné presque toutes les cultures. Des solutions doivent être trouvé car ces catastrophes vont se succéder. On n’en saura pas plus. Les choses s’arrêtent là, le temps de la commande. En tout cas, cela reste assez intéressant car on voit qu’il est possible d’essayer de faire des choses, de faire ensemble, de réfléchir en collectif et de ne pas penser uniquement qu’à sa petite personne.
Une bande dessinée qui accompagne un projet audacieux pour manger mieux ensemble et faire sens.
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