
Dans la vie d’une femme, il a de nombreux passages. La ménopause en fait partie et elle a bien souvent mauvaise presse. Un choix de communication qui nuit à l’image des femmes.
4e de couverture
Parce qu’elle a perdu la capacité à donner la vie, la femme ménopausée devient un rebut à écarter du coeur de la vie et de la cité, un corps inutile, périmé.
Sa place ?
Effacée.
Son vécu ?
Le Grand méchant tabou.
Il est temps de briser cette vision éculée.
Sans faux-semblant et avec humour, cet essai graphique décortique et dédramatise la période de l’arrivée de la ménopause, et tente de comprendre pourquoi la femme de 50 ans disparaît des radars dans les sociétés occidentales.
Une histoire patriarcale à renverser cul par-dessus tête pour mieux vivre, pour exister.

Mon avis
Tout le monde a entendu parlé de la ménopause. Il est ancré dans la société que c’est une période assez horrible à subir et qu’après ça les femmes ne valent plus rien. Mais plus on dit que c’est terrible et plus cela le sera. Les personnes concernées n’ont pas tellement d’informations sur les sujets et les professionnels de la santé ne le sont pas beaucoup plus, malheureusement. Alors des individus décident de s’emparer du sujet et d’en parler. Le 9e art semble être un bon support pour ça.
Joséphine Onteniente propose une représentation des femmes très diverses que cela soit au niveau des âges, des physiques et des couleurs de peau. C’est aussi de permettre de montrer la richesse des témoignages. Les femmes n’ont pas ni mêmes choses, ni les mêmes ressentis et ni les mêmes façons de régir. C’est important l’inclusivité pour que tous le monde puisse s’identifier dans la bande dessinée. Marie Pavlenko propose des chiffres et des données pour prouver les informations. « L’âge moyen de la ménopause est de 51,5 ans. Si 20% des femmes interrogées présentent des symptômes sévères, 20% n’en ont quasi aucun (et ça, c’est une bonne nouvelle). 1% des femmes sont ménopausées à 40 ans, et 5% à 45 ans. Les femmes vivent environ 30 à 40% de leur existence en étant ménopausées. Il s’agit donc d’un temps important. » (p. 19).
Les femmes réfléchissent aussi à la construction de cette vision péjorative. Comme elles ne sont plus bonnes à être un objet sexuel ou à faire des enfants, elles perdent de l’intérêt. Une mamie propose une réponse : « C’est le patriarcat. Il nous fait avoir honte. La société nous le signifie de façon insidieuse : on devient invisibles. On n’est plus dans les pubs, dans les films, dans la vie. Et celles qui restent sont refaites façon oedème de Quincke. Si on est planquées, c’est bien qu’on a un truc à cacher, non? Connard de patriarcat » (p. 29). Cela est rappelé plus tard avec une pleine page avec un corps masculin géant avec inscrit dessus patriarcat. Un texte l’accompagne : « Nous crevons de solitude chacune de notre côté avec nos vagins torréfiés. Et pendant ce temps-là, le patriarcat est bien content de garder le pouvoir, impossible à confier à des créatures hystériques bourrées de médicaments en cette période abominable, incapables de se contrôler quand elles ont leurs bouffées de chaleur, les pauvresses… » (p. 63).
On pourrait croire que les hommes eux n’ont aucun souci. La preuve par le cinéma où l’on voit des mecs de 50 ans et plus sortir avec des filles à peine mineur. Malgré une débandade, ils sont des sexes symboles. Pourtant, eux aussi sont touchés par une baisse de régime avec l’andropause. « La cinquantaine détermine un tournant à partir duquel les hommes sont susceptibles de rencontrer des symptômes similaires. Irritabilité, bouffées de chaleur, dépression, perte d’énergie, de masse musculaire, et bien sûr, gaule du matin en berne. Simplement, on en parle moins. Car comme le soulignent les sociologues Michèle Kérisit et Simone Pennec, on entretient un flou artistique de bon aloi quant à la « ménopause masculine ». Aucun âge, précisé, à part la fourchette du risque cardio-vasculaire, soit 50-65 ans. » (p. 72). On n’en parle et ils sont brillants. Et pourtant, pour les femmes, c’est autre chose. « – On est invisibles. On perd tout pouvoir, toute place dans la société. – Alors que 42% des femmes en France ont plus de 50 ans aujourd’hui. – On les voit où? Nulle part » (p. 84).
Un choix d’invisibilisation qui ne date pas d’aujourd’hui non plus. Les fameuses sorcières un concept radicale qui permet à ces messieurs de tout s’approprier autant le corps que l’esprit de ces dames. « Pourquoi tu crois qu’on a brûlé autant de vieilles pendant les chasses aux sorcières? Elles connaissaient les plantes, habitaient souvent seules. Elles étaient savantes, et donc moins contrôlables, moins soumises. Elles étaient libres et proches du vivant. » (p. 99). Beaucoup d’aspects sociologiques sont abordés et c’est important. Toutefois, on aurait apprécié que cela soit plus poussés, plus complet pour repartir avec des choses plus concrètes à se mettre sous la dent que des débuts de piste. Les thématiques ne manquent pas avec les effets de la ménopause, les traitements existants avec les effets graves, la formation des médecins, la construction des imaginaires avec son évolution, l’histoire des sorcières avec les références à Mona Chollet… On reste un peu sur sa fin malgré un début très prometteur.
Une bd qui aborde le sujet de la ménopause trop rarement abordé. Même sans règle, une femme reste une personne de valeur.
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