Un homme doit impérativement fuir. Grâce à un réseau d’amis, il se retrouve isolé sur une île. Une chose des plus étrange se déroule et le perturbe.

4e de couverture
Un homme en fuite, persécuté dans son pays d’origine, trouve refuge sur une île déserte. Un lieu étrange, dominé par une villa immense et somptueuse dont les sous-sols recèlent une machinerie rutilante, complexe, aux fonctions totalement incompréhensibles. L’île, pourtant, n’est pas si déserte qu’elle l’a semblé de prime abord. Des estivants, réunis sur place par un certain Morel, investissent la villa de loin en loin, engagés dans une fête languide et sophistiquée dont le rituel paraît se reproduire à l’infini. Dissimulé dans les recoins et les jardins de la bâtisse, n’osant pas se dévoiler, le fugitif tombe amoureux de l’une des femmes présentes, Faustine – sans parvenir pourtant à capter son attention. C’est cette apparente indifférence qui poussera l’homme à percer ses secrets, dévoilant les mystères de l’incroyable invention de Morel pour finalement parvenir à rejoindre celle qui le fascine tant, par-delà le voile des apparences.

Mon avis
Il est très audacieux d’adapter en bande dessinée le livre « L’invention de Morel ». Adolfo Bioy Casares, auteur argentin propose un roman assez étrange. Pour mieux comprendre aussi bien la démarche que le récit, nous avons le droit à une préface et à une post-face qui s’avère très utile. Ce sentiment de bizarrerie se retraduit parfaitement dans l’ouvrage. Jean-Pierre Mourey possède un style graphique réaliste avec un trait assez épais et très abrupt. Il modifie les teintes pour montrer des transitions de moments. N’oublions pas que le récit se fait autour d’un homme qui fuit son pays. Des personnes lui indiquent un lieu où il serait protégé de tout risque. Étonnamment, un jour, des estivants débarquent. Parmi eux, il y a Faustine et il tombe littéralement sous son charme. Il n’ose pas s’approcher d’elle. Un jour, il découvre ce qui se passe sur l’île isolée du monde. Morel a inventé une machine qui capte les gens pendant un moment et les rend immortels à travers les projections des scènes dans l’espace encore et encore. « Alors il a tramé la semaine éternelle, il a tué Faustine et tous les autres. Il s’est rué, inventant l’immortalité! » (p. 97). Alors l’homme s’approche de Faustine et invente des discussions avec son image. A défaut de pouvoir un jour la rencontrer, elle est à lui pour toujours. Il se dégage quelque chose entre la poésie, le rêve et la folie. De ce fait, on est à la fois curieux et mal à l’aise. La position du voyeur et du regardant a aussi de quelque chose de dérangeant. La répétition des scènes encore et encore lasse car tout semble évident. On évoque une épidémie forte pour que personne ne vienne sur l’île et découvre l’expérience macabre. Un prétexte idéal où la mémoire active garde des souvenirs de maladie et de mort. L’envie de se plonger dans le roman est absente car on a la certitude que l’adaptation reste fidèle.

Une lecture troublante qui nous interroge et nous montre la richesse du 9e art.

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Bienvenue dans cette immersion dans le monde fabuleux du 9e art.