Quand sa mère lui annonce qu’elle va passer les vacances scolaires chez son père, Almuneda est en colère. Rencontrer un homme qu’elle n’a jamais connu, cela lui semble terrifiant. Parfois, derrière la peur se cache de belles aventures humaines.

4e de couverture
Almuneda a toujours vécu avec sa mère. Sa vie bascule lorsqu’elle apprend qu’elle doit passer un été chez son père qu’elle n’a jamais rencontré. Alors qu’elle pensait passer ses vacances dans l’ennui le plus total, la voici qui découvre avec stupeur que son père ne parle que très peu anglais. Un vrai challenge se présente alors à eux, car Almuneda, elle, ne connaît que quelques mots d’espagnol…

Mon avis
L’adolescence est une période très inspirante pour les bédéastes. Un moment de transition assez autocentrée avec son lot d’hormones en folie. Donc, on a le droit à des colères, des larmes, de la haine et le fait de tout savoir mieux que tout le monde en ne connaissant rien du fonctionnement de la société. Il y a un grand choix de thèmes qui peuvent être à part ou tout à la fois. Samuel Teer s’est orienté vers une gamine de 14 ans élevé par sa mère, assez tête en l’air. Etre dans une famille monoparentale, pose un autre cadre. Quelle belle occasion d’aborder le multiculturalisme. Sa mère doit aller danser en Europe et sa mère décide de la confier à son père qu’elle n’a jamais vue. La peur l’habite. Comme elle se croit très mature, elle essaie de convaincre sa mère qu’elle peut rester seule. Bien entendu, ce n’est pas du tout crédible. Sa surprise sera de taille, car elle découvre un papa qui n’était pas comme elle l’imaginait et il parle espagnol.

Il lui faut un peu de temps avant de penser en dehors de sa petite personne. Le monde ne tourne pas autour de sa personne. Mais le choix s’est portée de faire une adolescente qui a un fond assez gentil. Le malêtre doucement laisse place à l’amitié, au plaisir, aux rires… Elle laisse place à une nouvelle notion de famille, de collectif et du lien. Tout cela peut se construire dans le temps et il faut s’investir. Le monde est plus complexe qu’elle ne le croit. Au final, il faut arrêter de se croire le roi du monde. Les sujets abordés sont d’une grande richesse. Le scénariste évoque l’immigration avec des personnes qui recherchent des meilleures conditions de vie et au final on les exploite sans leur donner aucun droit. Des communautés se forment pour développer la solidarité. Ainsi on découvre un peu la culture guatémaltèque et d’autres d’Amérique latine. On assiste à une fête des 15 ans. Toutefois pas dans le faste des personnes très riches. Quelque chose de plus confidentiel avec tout de même une robe de princesse, de la musique et des cadeaux. Même les plus modestes fêtent ce moment. C’est le moment où une fille devient mariable et qu’elle va avoir ces règles. L’objectif est moins glamour. Ici, ce n’est pas le cas, c’est l’occasion de faire famille autour d’évènements ritualisés.

L’audace est au rendez-vous car les communautés latines sont très croyantes et pratiques des cultes issue de syncrétisme. L’héroïne est athée et est un peu exclu du groupe à cause de cela. La croyance fédère des groupes. Ce qui amène à du rejet des gens considérés comme différents. Ainsi on rencontre une femme lesbienne mis au placard et insulté par son entourage. Et un jeune adolescent gay qui ne peut pas le dire aux autres car sinon il sera rejeté. L’amour ne suffit pas pour l’acceptation. Combien d’adolescents se font jeter de la maison à cause de l’homosexualité? La montée du populisme va empirer la situation. Par chance, Almudena est ouverte d’esprit et juge les gens avec ce qu’ils ont avec leur coeur. Ainsi, elle arrive à favoriser une communauté dans l’immeuble que son père rénove. Elle arrive à que son père se rapproche de son amoureuse pour faire ensemble. La mère qui arrive à la fin arrive à s’inclure dans cette diversité forte. Une approche rare et pleine d’optimisme qui montre que l’on se construit tout au long de sa vie, que l’on s’enrichit des échanges avec les autres, qu’il ne faut pas toujours rester dans son cercle de certitude, il faut essayer et accepter que l’on puisse se tromper. On arrive à la fin le sourire aux lèvres. Les dessins de Marina Julia sont très réalistes et chaleureux. Les personnages possèdent des gabarits, des tailles et des expressions très diverses. Une représentativité plus concrète qui parle à tous les citoyens du monde. Les couleurs d’Ashanti Fortson proposent un monde chaleureux et en mouvement. Un trio complémentaire qui propose une bande dessinée positive où l’amour permet tout.

Une lecture qui montre une adolescente qui découvre une autre facette de sa vie et de la notion de famille.

Almudena : Le temps d’un été

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