Pipaluk est inquiète ne pas trouver sa grande soeur. Son père alcoolique n’en a rien à faire. Un corbeau vient lui révéler la vérité.

4e de couverture
Pipaluk vit au Groenland, entre les bateaux de pêche, les maisons de bois rouge, l’école et la maison. À la maison, il y a sa grande soeur Ivalu, qui sent si bon, et son vieux père, qui boit tant de bière. Et ce matin, jour de fête nationale, jour de la visite de la reine… Ivalu n’est pas dans son lit. Assoiffée de liberté, Ivalu est partie.
Situé au Groenland, terre sous domination danoise depuis des siècles, IVALU met en parallèle le destin de la population inuit, qui se bat depuis des décennies pour une plus grande autonomie, et celui d’une jeune fille aux prises avec un père incestueux. Un récit uppercut qui entremêle à demi-mot deux thématiques d’oppression avec candeur et noirceur. Un conte contemporain à l’écho saisissant.

Mon avis
Quand on regarde la couverture, on ne devine pas la claque émotionnelle que l’on va prendre. Tout semblait commencer de façon paisible. On suit le vol d’un corbeau au Groenland qui nous fait découvrir la beauté et la force de la nature. Progressivement, il se rapproche des maisons d’habitations où l’on voit des pêcheurs à l’oeuvre. Et enfin, nous voilà dans la ville avec des habitants. Lars Horneman nous emmène ainsi jusqu’à Pipaluk, une petite fille. Elle s’inquiète de l’absence de sa grande soeur, Ivalu. Que cela soit son père ou la maîtresse d’école, tout le monde ignore où elle est. L’inquiétude commence à l’envahir. C’est là que Morten Dürr décide de dévoiler l’horreur d’une famille, d’une ville et d’une zone géographique.

Sous ces airs adorables, la petite fille est la victime d’un monde qui se délite. Sa soeur, n’est pas partie. Dans un rêve, le corbeau l’incite à le suivre. En ouvrant, les yeux, elle sait ce qu’il faut faire. Le chemin qu’elle va parcourir sa réalité apparaît. La pêche est de moins en moins bonne. La raison n’est pas du tout abordée. Donc le père gagne moins d’argent et noie sa colère dans l’alcool. Tout son argent y passe. Heureusement que l’école fournit de quoi manger aux enfants. Il est seule avec ces deux filles. Sa responsabilité parentale, il n’en a rien à faire. Son truc, c’est picolé à outrance et violer sa plus grande fille, encore et encore. L’inceste c’est son truc. Comment vivre avec ça?

Pipaluk traverse des espaces où elle a tellement de souvenirs avec sa soeur. Cela lui fait chaud au coeur. Elle arrive dans une zone désertique qui lui est inconnue. Les Américains occupaient ce lieu et ont laissé tout leurs déchets toxiques. Là encore, pas de contexte plus donné. Les bidons se retrouvent partout à perte de vue. Sur une ossature en métal, quelque chose bouge. La réponse est là. Impossible de ne pas être touché. La scénariste nous a amené à cette situation afin que l’on puisse comprendre. L’économie de mots est au rendez-vous. Ils ne sont pas si nécessaire pour se faire percuter. Le choix des couleurs pour distinguer le rêve ainsi que les flashbacks et l’action en cours. D’un côté des nuances de marron et de l’autre des couleurs vives en aplat. Une oeuvre qui nous rappelle que la rudesse du travail et l’appauvrissement de l’environnement amène à des choses odieuses et révoltantes dans les murs de l’intime. On referme le livre estomaqué.

Une bande dessinée qui montre que les drames impactent des vies sur du long terme. Une fois qu’un pilier de famille passe du côté obscur, c’est tout un monde qui s’effondre.

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